La Grande Catherine, tsarine de toutes les Russies

Impératrice de toutes les Russies, despote éclairée, réformatrice et réorganisatrice, cette souveraine visionnaire et cultivée a réussi, en trente-quatre ans de règne, à moderniser son pays, à l’agrandir et à l’imposer sur la scène politique du 18ème siècle.

À l’origine, elle n’est pas russe et ne s’appelle pas Catherine mais Sophie Frédérique Augusta d’Anhalt-Zerbst née à Settin en Poméranie le 2 mai 1729, d’un père officier du roi de Prusse, et d’une mère princesse de Holstein-Gottorp. Lors de sa naissance, ses parents déplorent que ce ne soit pas un garçon. Délaissée par eux, Sophie reçoit une éducation protestante, rigide et austère. Sa gouvernante française lui donne le goût de la littérature et lui enseigne la culture et les manières de son pays, la France.
À quatorze ans, Sophie est déjà mûre et très cultivée. Introduite par sa mère dans les plus hautes cours d’Allemagne, la jeune fille se fait remarquer par son charisme et sa beauté.
En Russie, après un règne de vingt ans, la tsarine Elisabeth 1ère de la dynastie des Romanov pense à sa succession et choisit son neveu Pierre pour devenir le futur tsar Pierre III. Elle lui cherche une épouse et son choix se fixe sur la princesse Sophie : noble, séduisante, cultivée, et qui ne représente aucun danger car ignorante en politique.
Le mariage des deux adolescents est célébré avec faste le 28 juin 1744 à Saint-Pétersbourg. Sophie prend le titre de Grande-duchesse et Altesse impériale, se convertit à la religion orthodoxe et devient officiellement Catherina Alexïeva.
La jeune épouse déchante vite : son mari Pierre III se révèle méchant, fou, stupide et ivrogne. Il la met en résidence surveillée tandis qu’il mène une vie dissolue. Mais Catherine a une ambition secrète : gouverner un jour la Russie. En attendant, elle lit énormément : Machiavel, Tacite, Montesquieu, et surtout les philosophes du Siècle des Lumières français, Voltaire et Diderot avec lesquels elle entretiendra une correspondance régulière toute sa vie. Elle apprend le russe et le parle à la perfection.

Catherine détrône son mari Pierre III

Après huit ans de mariage, Catherine n’a toujours pas d’enfant et Elisabeth 1ère s’en inquiète car il faut un héritier. Elle choisit pour Catherine un noble de la Cour comme amant géniteur. Ainsi va naître le futur Paul 1er en 1754.
Catherine suit de près la politique et ambitionne de prendre les rênes du pays. Lors du coup d’Etat du 28 juin 1762, elle réussit à détrôner son mari avec la complicité de son amant, Grigori Orlov et de 4 officiers de la garde impériale. L’Empereur Pierre III est placé en résidence surveillée à la campagne, et forcé d’abdiquer en faveur de son épouse. Quelques jours plus tard, il est retrouvé mort, dans d’étranges circonstances. On parle d’assassinat. Devant les armées, Catherine est proclamée “Catherine II, Impératrice autocrate de toutes les Russies”. Elle se fait couronner en grande pompe le 22 septembre 1762 à Moscou, dans la cathédrale de la Dormition, au cœur du Kremlin, le palais des tsars.
Elle n’est pas russe, n’a pas le sang des Romanov ni aucune légitimité à régner, mais elle a réussi à prendre le pouvoir de ce vaste pays comme elle en rêvait depuis toujours.
Selon une légende, elle se serait réveillée un matin et fait appeler ses médecins, leur ordonnant de lui pratiquer une totale saignée afin qu’elle n’ait plus que du sang russe neuf dans les veines.
Si elle n’est pas une descendante dynastique de Pierre le Grand, il est son modèle. Elle se veut l’héritière dans son rêve de grandeur de la Russie. Catherine II va ainsi reprendre son projet de puissance, de modernisation et d’européanisation du pays.

Inspirée par les philosophes des Lumières

Sa politique extérieure va faire de la Russie une grande puissance orientale. En quelques guerres avec l’Empire ottoman et quelques traités avec de vieux adversaires européens, elle conquiert des terres jusqu’à l’ouverture sur la Mer Noire, le rêve de Pierre le Grand. Elle annexe la Crimée, le Caucase, édifie la ville d’Odessa. Catherine II agrandira la Russie de 600.000 km2 supplémentaires, soit le tiers de sa surface, faisant de ce pays le plus vaste Empire de l’époque.
Pour contrôler cet immense territoire, elle réforme l’Etat et son fonctionnement, modernise le pays en menant des réformes administratives et judiciaires. Elle dynamise l’agriculture en aidant à l’achat de nouvelles machines.
Pour développer le commerce, elle attire en Russie des étrangers pour créer des usines et des chantiers navals. L’industrie et le commerce enrichissent vite le pays et sauvent le peuple de la misère. On compte bientôt près de 4.000 usines. Les caisses de l’Etat sont renflouées.
Catherine s’entoure d’architectes russes et européens et dessine elle-même les plans des villes futures comme Sébastopol.
Inspirée par les philosophes des Lumières, elle fait de l’éducation la priorité pour sortir le pays de l’ignorance et de l’obscurantisme et l’amener vers le progrès. Elle exige que soit construit dans chaque quartier un établissement scolaire conduit par des professeurs compétents. Même le plus petit village a droit à son école et à sa bibliothèque. L’enseignement est obligatoire et gratuit pour tous. Elle prend aussi en charge l’éducation des orphelins et des enfants abandonnés.
En 1775, elle réorganise le domaine de la Santé et fonde le premier Collège de Médecine en Russie pour former médecins, chirurgiens et pharmaciens. Elle décide que chaque capitale, ville de province ou village doit disposer d’hôpitaux et de médecins en nombre suffisant.

Une souveraine éclairée

Amie et mécène des arts et des lettres, elle acquiert près de quatre mille tableaux, fonde l’Académie des Beaux-Arts et modernise l’Académie de danse. Grâce à elle, la Russie est devenue, à nos jours, le pays des plus beaux ballets et des plus grands danseurs.
Souveraine éclairée, elle est aussi écrivaine : le Nakaz, Code russe ou Grande Instruction, Voyage en Sibérie, mais surtout ses Mémoires ainsi qu’une importante correspondance avec Voltaire, Grimm et Diderot, dont elle avait racheté les bibliothèques.
Quant à la vie privée de la Grande Catherine, il est de notoriété historique qu’elle était une croqueuse d’hommes et qu’elle a eu de nombreux amants, notamment Grigori Orlov et Grigori Potemkine. Très généreuse, elle offrait à tous titres et fonctions, palais et propriétés, et mêmes des rentes princières quand ils étaient chassés.
Le 17 novembre 1796, Catherine II s’effondre dans sa garde-robe, victime d’une soudaine apoplexie. On l’étend sur un matelas, à même le sol, où elle agonise pendant des heures. Ainsi va s’éteindre à 67 ans celle qui a régné trente-quatre ans sur le grand empire de toutes les Russies.

“Sainte Catherine”    

Ne s’étant jamais entendue avec son fils Paul, elle avait prévu de le déshériter au profit de son petit-fils Alexandre, mais Paul fouille le bureau de sa mère, met la main sur son testament et le brûle. Devenu empereur, il décide d’ouvrir le tombeau de son père Pierre III, de couronner son squelette et d’enterrer ses parents côte à côte dans la cathédrale Pierre-et-Paul, à Saint-Pétersbourg.
Par la volonté de son fils, la Grande Catherine repose ainsi auprès de ce mari qu’elle a détesté, détrôné et peut-être fait assassiner. Une statue monumentale en bronze, de plus de 10 mètres, est élevée à sa gloire en 1873 à Saint-Pétersbourg.
Personnage légendaire dans l’imaginaire russe, Catherine II est vénérée comme “Sainte Catherine” et “Mère tsarine de toutes les Russies”. Elle demeure pour l’Histoire comme celle qui a incarné l’Âge d’or de la Russie. υ

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