“Les JO des femmes” tirent leur surnom du fait que les 205 pays participants ont tous, sans exception, envoyé des femmes athlètes à Londres. Autre avancée de taille : toutes les disciplines ont cette année été ouvertes aux femmes, à l’instar de la boxe et du taekwondo. Alors, certes, la parité n’est pas encore au rendez-vous car seulement 44 % des participants étaient des femmes, mais il convient de relativiser et de se souvenir qu’en 1984, aux JO de Los Angeles, elles ne représentaient que 24 % des athlètes.
Les sportives arabes au devant de la scène
Cette première historique l’est doublement car c’est aussi la seule fois que certains pays du golfe, bien connus pour leur “méconnaissance” des droits des femmes, ont accepté de se faire représenter par le sexe faible. De ce fait, les 22 pays arabes ont répondu présents à l’appel de l’égalité des sexes. Le Qatar a été jusqu’à confier le rôle de porte-drapeaude sa délégation à une femme, la tireuse Bahiya El Hamad, qui représente son pays avec trois autres sportives. L’Arabie Saoudite, si elle a d’abord refusé de se plier à la ègle, a fini par céder, sûrement peu désireuse de mal se faire voir par la communauté internationale. Wojdan Shaherkani et Sarah Attar font donc figure de pionnières… En tout et pour tout, ce sont 18 femmes venues du golfe qui ont ainsi pu concourir sous les projecteurs et les caméras. Bahrein, pour qui ce n’étaitpas une première, a missionné huit sportives dont Maryam Jamal, double championne du monde du 1.500 mètres. Le Koweït en a envoyé trois tandis que les Emirats et Oman se contentent de deux pour l’un, et une pour l’autre. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et l’euphorie des premiers temps a bien vite laissé place à des considérations sexistes et religieuses, venues ternir la beauté et la noblesse du sport.
La polémique autour du voile…
L’une des polémiques les plus importantes de cette dernière édition des JO a sans conteste été le port du voile. Au coeur de ce débat houleux, la judokate saoudienne Wojdan Shaherkani, autorisée presque à contrecoeur par son pays à participer aux JO. Pour certains, conscients de la révolution que représente la présence d’une Saoudienne, le port du voile dans le cadre de la compétition est un fait mineur. Mais pour d’autres, il n’en va pas de même car pour eux, le CIO s’est renié en acceptant de faire des efforts (un peu trop ?) et de réinterpréter l’article 50 de la charte olympique qui stipule qu’“aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale n’est autorisée dans un lieu, site ou autre emplacement politique”. Mais disqualifier ces athlètes en raison de signes religieux ostentatoires aurait été profondément injuste à leur égard, quand celles-ci sont prêtes à braver tout un pays, à subir les menaces et les insultes de certains de leurs compatriotes pour qui elles sont désormais “les prostituées des jeux”. Toutefois, pour bonnombre de défenseurs des droits des femmes, il n’y a là aucune avancée à accepter des sportives voilées. Pour Annie Sugier, présidente de la Ligue du Droit Internationaldes emmes, qui s’exprimait à ce sujet dans la presse, “on est en train de tuer le travail des pionnières musulmanes comme Nawal El Moutawakil. Le sport est une fête du corps, le hijab est une stigmatisation du orps féminin”. Pour rappel, notre championne nationale était la première femme arabe, musulmane, africaine et non voilée à participer aux JO. C’était à Los Angeles, en 1984, et la jeune Nawal avait de surcroît été couronnée d’une médaille d’or… Mais cette année, violemment confrontées aux ltraconservateursmusulmans, les femmes n’ont pas eu la tâche facile, à l’instar de la Tunisienne Habiba Ghribi qui, bien qu’elle ait décroché une médaille, a été vivement critiquée dans son pays en raison de sa enue jugée trop dénudée.
Traitements de (dé)faveur…
Mais heureusement… ou pas, les femmes arabes n’ont pas été les seules à faire l’objet de polémiques. Soi-disant égalitaires en termes de genre, les JO ont pourtant connu quelques dérapages de taille. L’exemple le plus probant étant celui des footballeuses japonaises et des basketteuses australiennes, qui ont voyagé en seconde classe lors de leur départ pour Londres, alors même que leurs homologues masculins seprélassaient en première… En revanche, après avoir décroché une médaille d’argent aux JO, les japonaises ont eu l’honneur d’être surclassées pour leur retour au pays…
Tests de féminité
Humiliation suprême : certaines athlètes ont cette année été soumises à des tests de féminité en cas de soupçons visuels”… Selon la nouvelle réglementation mise en oeuvre, “une personne dont l’état civil est féminin sera habilitée à concourir dans la catégorie “femmes” tant que son niveau de testostérone restera inférieur au taux minimal enregistré chez les hommes”. Par ailleurs, chaque test effectué doit être accompagné de l’avis d’un endocrinologue, d’un gynécologue et d’un expert en génétique. Cette mesuretrès critiquée faisait écho au cas de Caster Semenya, championne du monde d’athlétisme en 2009. En raison de son physique jugé trop masculin, celle-ci a subi, a posteriori de sa victoire, des tests qui ont
révélé une hyperandrogénie, c’est-à-dire une production excessive de testostérone, qui aurait pu l’avantager dans la victoire… Une question nous taraude : et pourquoi pas des tests de virilité ? Pourquoi e pas faire concourir en catégorie “femmes” les sportifs hommes dont le taux de testostérone serait jugé rop bas ?
Belle et sportive, c’est possible ?
A force de cultiver la croyance selon laquelle le but de nos vies en tant que femmes est de bichonner notre physique en vue d’un éventuel mariage, certains en arrivent à penser que la beauté n’est pas compatible avec la compétition et le sport. C’est le cas notamment de Gérard Holtz, commentateur sportif français,
qui tentait d’expliquer tant bien que mal qu’“on peut être une grande championne et rester jolie aussi”. Gabby Douglas, première gymnaste afro-américaine à décrocher une médaille d’or, en a fait les frais avec moult commentaires désagréables sur ses cheveux. Les joueuses de beach-volley n’en sont pas sorties ndemnes non plus : la presse bien-pensante a en effet dénoncé le fait que ce qu’on donnait surtout à voir de ce sport, c’était des fesses bien fermes, musclées, bronzées et moulées dans des micro-bikini. On a alors pu lire des articles censés dénoncer le sexisme de ce sport, et titrant “Les fesses de la discorde”, “Le eachvolley, ce sport olympique où les filles jouent avec leurs fesses”… Peut-être aussi une manière de racoler les lecteurs… Si la tenue des athlètes femmes a fait couler beaucoup d’encre, on ne se souvient pas avoir autant entendu parler des shorts trop moulants de certains coureurs. Le mot de la fin, on le laisse à la jeune haltérophile de 18 ans, Zoe Smith, critiquée pour sa pratique d’un sport jugé pas assez “girly” : “On ne soulève pas des poids pour être sexy, spécialement pour des mecs comme ça. Qu’est-ce qui leur fait penser que nous voulons qu’ils nous trouvent attirantes ? Qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse ? Qu’on arrête de soulever des poids, qu’on change notre régime pour nous débarrasser de nos muscles trop masculins et qu’on devienne des femmes au foyer dans l’espoir qu’un jour vous nous remarquiez, et peut-être qu’on aura notre chance avec vous ?”.Mais qu’on se rassure, on peut être belle et sportive, la preuve parmi les athlètes femmes de ces JO, une ex-miss Paraguayet quelques mannequins à leurs heures perdues…