Hymne à la grâce et à la féminité

Mercedès Nieto a découvert la danse orientale par hasard. Elle est tombée amoureuse de cet art qui lui permet d' exprimer avec force et vérité toute la palette de sentiments et d'émotions qui jalonnent sa vie de femme. Rencontre sous le signe de la sensibilité et de la grâce avec une Hongroise qui a conquis le coeur des Marocains.

La rencontre a lieu dans les loges d’habillage installées au Palais des Congrès, endroit ultra-protégé
où sont jalousement gardées à l’abri des regards indiscrets les fabuleuses tenues du défilé Caftan. Mercedès Nieto, danseuse orientale et chorégraphe, à peine débarquée de sa Hongrie natale, tente, le regard émerveillé, de faire un choix cornélien : celui du caftan dans lequel elle va poser pour l’interview.
Après moult hésitations accompagnées de soupirs, son choix se porte sur une tenue de la styliste Siham Tazi. Un caftan trois pièces aux couleurs chatoyantes: jaune moutarde, rouge et bleu roi, des couleurs qui rappellent étonnamment celles du costume des danseuses du folklore hongrois. Le sarouel, orné d’une multitude de sequins dorés, émet un cliquetis musical à chaque mouvement de la danseuse, comme les premices de ses pas de danse sur scène…


FDM : Quand et comment avez-vous découvert la danse orientale ?
Mercedès Nieto : Durant mon enfance, j’ai fait beaucoup de sport, notamment de la natation et du basket-ball. J’ai pratiqué ces activités de manière sérieuse, en participant même à des compétitions. J’ai également fait de la danse classique puis moderne et aussi du flamenco, du fait de mes origines espagnoles. Quant à la danse orientale, je l’ai découverte par pur hasard ! Un jour, en me rendant à mon
cours de flamenco à l’école de danse où j’étais inscrite, j’ai été attirée par de la musique orientale provenant d’une salle où se déroulait un cours de danse orientale. J’ai été totalement subjuguée ! La musique, la gestuelle… J’avais 16 ans et je n’avais jamais vu auparavant une danse aussi féminine. Je me suis aussitôt inscrite à ce cours et je me suis sentie très à l’aise avec cette discipline qui me transportait littéralement !


Comment êtes-vous devenue danseuse professionnelle ?
J’ai d’abord pratiqué la danse orientale comme un hobby durant mes années de lycée, puis j’ai intégré l’université pour y poursuivre un cursus de littérature au départ avant de suivre une formation de
journalisme. Je continuais cependant à suivre des cours de danse orientale en m’intéressant de plus en plus à la musique orientale et à la culture arabe,

“LA DANSE ORIENTALE EST QUELQUE CHOSE DE TRÈS PERSONNEL, DE TRÈS SUBJECTIF, ELLE EST  L’EXPRESSION DE L’ÂME.”

notamment à l’égyptologie. Après mes études universitaires, l’appel de la danse orientale et la passion grandissante m’ont définitivement poussée à m’y intéresser de façon exclusive… J’ai alors participé à des shows organisés par l’école de danse, puis à des événements comme des mariages ou des festivals de danse. Sur scène, ça a été la révélation ! Plus rien ne comptait à part le fait de danser, j’oubliais tout le reste. Par ailleurs, mes professeurs et le public me rendaient un bon feed-back sur mes performances et me confiaient qu’ils appréciaient particulièrement mon style qui leur procurait beaucoup d’émotion. J’ai alors commencé à rêver de spectacles de danse et pris la décision de m’investir davantage dans cette discipline en transformant cette passion en métier. A cette époque, je participais, en groupe ou en solo, à de nombreuses compétitions de danse orientale organisées à travers l’Europe et je gagnais souvent. J’y ai vu un signe… Afin d’atteindre un niveau élevé, j’ai également pratiqué les danses classique et moderne pour améliorer mes performances techniques et nourrir mon style de ces disciplines. J’ai aussi fait de nombreux voyages en Egypte où j’effectue encore deux ou trois stages de danse par an auprès de professeurs émérites et de danseuses célèbres.

Avez-vous des idoles dans cette discipline ?
Je pense que la danse orientale est quelque chose de très personnel, de totalement subjectif. Chaque femme qui pratique la danse y met quelque chose de son âme. Et c’est aussi à cela qu’on reconnaît une vraie danseuse. Cependant, j’ai des idoles; et je ne vous étonnerai certainement pas en vous disant qu’elles sont toutes égyptiennes. Il y a Naïma Akef qui dansait déjà dans les années 40, et Suhair Zaki, très célèbre dans les années 80 et surnommée “Oum Kalsoum de la danse” par le Président Anouar Sadate. J’ai également beaucoup d’admiration pour Mouna Saïd, une danseuse très passionnée, et Loubna Imane que je trouve très charismatique.

Si vous deviez définir la danse orientale en trois mots…
Je dirais : vraie, féminine et éternelle. “Vraie” parce que quand je danse, je ne joue pas, je ne triche pas, je ne peux rien cacher… Mes mouvements sont libres, ils expriment ce que je ressens, ils sont le reflet de ma personnalité, de mon âme ; et c’est à cela que l’on reconnaît les bons danseurs, parce
qu’ils expriment leur vérité. “Féminine” parce que j’utilise mon propre vocabulaire, je puise dans ma façon d’être en tant que femme pour danser. Une femme qui danse partage sa féminité avec ceux qui la regardent. Et enfin “éternelle” parce que la danse orientale est millénaire et on ne connaît pas
vraiment ses origines… Aujourd’hui encore, cette danse fait partie intégrante de la vie des femmes. Elle parle de la féminité, des sentiments féminins et ça, c’est quelque chose d’éternel. De surcroît la femme représente le cycle de la vie, nous portons l’univers en nous puisque nous enfantons. Nous abritons
l’univers dans notre ventre ; c’est pourquoi la danse orientale, appelée aussi “danse du ventre” est éternelle…


Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre participation à Caftan ?
C’est tout simplement exceptionnel et l’une de mes plus belles expériences professionnelles. Je suis heureuse et honorée de participer à cet événement parce qu’il parle de la femme, il rend hommage à sa
beauté et à son élégance. M’inviter à prendre part au show de Caftan est en quelque sorte le plus beau compliment que l’on pouvait me faire en tant que danseuse orientale. J’aimerais ajouter que tout
le monde ici nous a réservé un accueil très chaleureux, à mes danseuses – qui sont aussi mes élèves – et à moi ; et les organisateurs ont été très attentionnés.


Qu’évoque pour vous la thématique de cette édition, “Vogue Zaman” ?
Je trouve l’idée de cette thématique magnifique, et je pense que le fait d’associer la danse orientale à l’événement était presque évident car cette discipline artistique a une connexion, un lien très fort avec le thème “Vogue Zaman”, du fait même du caractère éternel de la danse orientale que j’évoquais précédemment.


Comment avez-vous préparé votre spectacle ? Avez-vous fait des recherches sur l’évolution de la danse orientale ?
Je me suis documentée à travers des lectures sur le caftan et son histoire. Je me suis également
informée sur le travail des stylistes participants. Puis, comme pour mes chorégraphies en général, je me suis inspirée de mes expériences personnelles. J’ai aussi introduit de nouvelles idées pour m’adapter
à la thématique de l’événement.


Quelles sont vos sources d’inspiration en général ?
Ce sont essentiellement la musique et mon expérience de la vie de manière générale. Ce qui me touche, dans mon coeur et dans mon âme, je dois le «danser ».Il peut s’agir d’un voyage, d’un sentiment,
d’une émotion que je ressens pour la première fois, de quelque chose que je découvre… En fait, tout ce qui me touche en tant qu’être humain.


Vous venez de Hongrie ; la danse orientale est-elle connue dans votre pays ? Est-elle appréciée et pratiquée ?
La danse orientale est très tendance en Hongrie et le phénomène a commencé il y a une quinzaine d’années. Il existe aujourd’hui une quarantaine d’écoles de danse orientale en Hongrie, avec un
bon niveau et des professeurs hongrois. Je pense que l’engouement pour cette danse s’explique par le fait que les femmes sont de plus en plus actives et qu’elles disposent de peu de temps pour elles. Pratiquer cette discipline les réconcilie avec leur corps, révèle leur féminité et leur sensualité et leur apporte une touche de glamour dans leur vie.


Connaissiez-vous le caftan en tant qu’habit emblématique du Maroc ? Que représentet-il pour vous ?
J’en avais entendu parler comme étant le costume traditionnel marocain mais j’étais loin d’imaginer que la création des caftans était un art à part entière. La richesse des tenues, le sens du détail et le travail des
artisans m’ont totalement subjuguée. Le caftan est à la fois un mélange de tradition, parce que c’est un vêtement séculaire, et d’énergie à cause de tous ces jeunes créateurs qu’il inspire en permanence. J’aime aussi la part de mystère qu’il recèle parce qu’il habille la femme d’une superposition de tissus ; il s’apparente ainsi à l’âme de la femme. Pour la découvrir, il faut de plus en plus aller en profondeur…

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