FDM : Racontez-nous vos premiers pas dans le monde professionnel ?
Houda Bentahar : J’ai construit ma carrière de manière un peu bizarre, et avant d’atterrir dans le monde de la communication et du marketing, j’ai d’abord travaillé dans le domaine médical, en tant qu’orthoptiste électrophysiologiste. J’étais la première spécialiste en électrophysiologie oculaire diplômée au Maroc. Ce métier, je l’ai exercé non pas par conviction, mais parce que ce chemin était bien tracé dans la tête de mon entourage familial. Une fois mon bac en poche, tout le monde a pensé à une carrière pour moi… sauf moi ! Quand je suis rentrée au Maroc fraîchement diplômée, j’ai exercé en cabinet privé, au sein de l’hôpital militaire et en tant qu’expert au Centre National d’Expertise du Personnel Naviguant. J’ai pratiqué pendant une dizaine d’années et j’avoue que je me suis un peu ennuyée, car ce n’était pas ma vocation. Sans compter que c’est un métier très difficile qui implique de côtoyer la maladie chaque jour… J’y ai laissé beaucoup de plumes.
Quel a été le déclic de ce changement de cap ?
Mon déclic, ça a été la perte de mon frère, disparu à 38 ans. Je me suis dit : “Si je dois mourir demain, je préfère faire ce que je veux, comme je veux et quand je veux”. J’ai donc entamé un cursus de communication et marketing par correspondance, tout en continuant à pratiquer ; car mon indépendance était primordiale.
Avez-vous le sentiment de vous accomplir dans votre nouveau job ?
Oui, mais je pense que l’accomplissement ne se finit jamais. Tant qu’on respire un peu d’air, on a envie de faire des choses. J’ai des tas de projets en tête et je ne veux surtout pas me reposer sur mes lauriers. La vie m’a appris que rien n’est jamais acquis.
A quelles difficultés avez-vous été confrontée en changeant de cap ?
Il faut se battre pour convaincre, à commencer par les gens qui vous aiment et qui ne sont pas rassurés. Il faut aussi faire ses preuves professionnellement, car quand on commence une carrière sur le tard, il faut doubler d’ardeur pour mettre en avant ses compétences.
Quels ont été vos arguments pour convaincre ?
J’ai eu beaucoup de chance. J’ai rencontré des gens qui ont tout de suite cru en mes capacités et j’ai directement été intégrée en tant que cadre. Ça m’a permis de gagner beaucoup d’années. Sinon, je pense que ma détermination y a été pour beaucoup.
Pas besoin d’être bardée de diplômes et de faire appel à son réseau? Ce serait une question de personnalité ?
Exactement. Pour tout vous dire, je n’ai jamais utilisé mon réseau pour faire carrière et je pense que c’est ainsi qu’on gagne le respect. Le réseautage est une solution de facilité et je ne suis pas dans cette lecture de la vie.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre boulot aujourd’hui ?
Aujourd’hui, je suis strategic planner et je développe la stratégie de communication des marques. Je suis en agence, c’est speed, mais j’aime beaucoup ça. Pour moi qui ai exercé un métier solitaire, travailler en équipe est une vraie bouffée d’oxygène, car on n’est jamais seul face à un défi et on s’enrichit du contact des autres. Contrairement à ce qu’on peut penser du monde de la com’ et du marketing, c’est un milieu très humain où on fait beaucoup de rencontres et de travail sur le terrain. Et puis, ce qui me plaît particulièrement, c’est que les journées se suivent mais ne se ressemblent pas. Sans compter les montées d’adrénaline que me procure ce boulot !
Comment décrochez-vous du boulot ?
J’ai un petit rituel que je peux me permettre chaque matin car j’ai la chance de ne pas avoir besoin de beaucoup de sommeil. Je suis une lève-tôt et quand je me réveille, je bois un bon café et me plonge dans une longue séance de lecture. Je rentre dans une bulle et c’est important pour arriver fraîche au bureau. Deuxième chose, je suis une adepte du yoga bikram. J’ai découvert cette discipline il y a cinq ans et ça a été une révélation ! Et puis, la veille d’une grosse strat’, je marche. Ça m’aide à réfléchir.
Des projets à venir ?
Peut-être bien l’écriture de scénarios. J’en ai quelques-uns sous le coude…