« Nous violons des lois injustes, obsolètes, qui n’ont plus lieu d’être », ce sont par ces termes que Leila Slimani et Sonia Terrab commencent leur manifeste pour le droit à l’avortement au Maroc. Une tribune qui va faire, à coup sûr, grand bruit, déjà signée par une panoplie de personnalités, hommes et femmes, venues de tous les milieux, comme la réalisatrice Meryem Benm’Barek, la styliste Fadila El Gadi, l’auteure et cofondatrice des éditions En Toutes Lettres Kenza Sefrioui, ou encore les écrivains Abdellah Taïa, Mahi Binebine et Tahar Ben Jelloun. Un texte, puissant et résonnant, dans lequel les deux femmes ne mâchent pas leurs mots et dépeignent, avec justesse, la réalité : « Chaque jour, chaque heure, en secret, en cachette, des femmes comme moi, des hommes comme toi, conservateurs ou progressistes, personnalités publiques ou anonymes, de tous les milieux et toutes les religions, osent et s’assument, jouissent et existent par eux-mêmes, brisent des chaînes et bafouent des lois. Parce qu’ils aiment ». Mais la réalité a également un autre visage : « En 2018, au Maroc, 14 503 personnes ont été poursuivies au regard de l’article 490 du Code Pénal, qui punit de prison les relations sexuelles hors des liens du mariage ». Et « chaque jour, dans notre pays, entre 600 et 800 avortements clandestins sont pratiqués ». Mais, aujourd’hui, il est temps comme le martèlent Leila Slimani et Sonia Terrab. En effet, aujourd’hui, il est temps de ne plus avoir honte. « Moi qui aime, avorte, ai des relations sexuelles sans être mariée. Moi qui me cache. Moi qui risque le déshonneur, l’infamie, la prison. » Et les deux auteures d’appeler au respect de la vie privée et au droit à chacun de disposer de son corps. En d’autres termes, à l’abrogation de l’article 490 du Code Pénal et ainsi à une évolution pour le droit à l’avortement. Car « ce n’est pas un luxe, ce n’est pas une faveur, c’est une nécessité. »