e les rencontre au Centre Ennajda, une association qui lutte contre les violences faites aux femmes ; elles s’y sont adressées en dernier recours, cherchant, avant tout, une oreille compatissante à qui confier leur désarroi. Elles ont été immédiatement prises en charge par le thérapeute Samir Jawad, qui les aide progressivement à dénouer l’écheveau de leurs problèmes et à retrouver une image positive d’elles-mêmes. Malgré tout, en livrant leur témoignage, elles ne sont pas pour autant complètement apaisées. Honteuses, profondément meutries, elles se délient en pointillés, laissant deviner ce qu’on ne nomme pas…
Toutes appartiennent à une classe socio-économique défavorisée, cette dernière ouvrant la porte à toutes les dérives. Car vous sachant jeune, jolie et désargentée, avec parfois une famille à charge, on entend marchander votre corps, comme on le ferait d’une bête au souk. Chantage à l’emploi, distillation de la peur, exploitation des faiblesses, supériorité hiérarchique, l’agresseur n’a que l’embarras du choix, quant aux moyens de persécuter sa victime. Sous le regard complaisant de la société, qui passe, bien souvent, aux hommes, leurs travers et perversions sexuelles…