Harcèlement scolaire : stop !

Insidieusement, votre enfant change. à l’idée d’aller à l’école, il devient apathique, absent, comme rongé de l’intérieur. Et s’il se faisait harceler par ses pairs ? Victime et bourreau ont beau être en culottes courtes, l’affaire est à prendre très au sérieux.

L’autre, ce paria…

On a coutume de dire que les enfants peuvent être très cruels entre eux. Dans ce microsome en vase clos qu’est l’école, on observe le même rejet de la différence qui a cours dans la société des adultes. Et gare à celui qui en fait les frais ! Il sera stigmatisé sur la base de ses défauts physiques (cheveux poil de carotte, acné, poids, taille…) ou sa façon d’être (bégaiement, timidité, look vestimentaire…), non conformes à la “norme” communément admise.

Alia, une collégienne en classe de troisième, témoigne : “Depuis la sixième, j’ai dans ma classe un camarade, Ismael, qui est régulièrement moqué par les autres pour sa petite taille. Je n’ai jamais entendu personne l’appeler par un autre surnom que “minus”. Il fait l’indifférent mais un jour, j’ai vu des larmes dans ses yeux.” Pour Dounia, actuellement jeune étudiante à la fac, les années d’école ont représenté un cauchemar : “J’ai toujours été en surpoids, et très vite, j’étais repérée par les méchants garçons de la classe. On m’appelait, au choix, “grosse vache”, “boudinette”, “Orangina”, “jambes de poteau”, et personne ne me choisissait jamais pour constituer les équipes de basket ou de hand. En cour de récréation, j’avais droit à des pincements anonymes et douloureux au niveau des fesses et des bras.” Longtemps, la demoiselle a digéré sa honte et encaissé en silence, espérant que ses bourreaux finiraient par se trouver un autre souffre-douleur.

Une persécution répétitive

Harcelement-scolaireLa violence verbale, physique ou psychologique d’un gamin sur un autre peut prendre toutes les formes possibles et imaginables : rumeurs, racket, dissimulation d’effets personnels, isolement, jets d’objets, tirages de cheveux, sobriquets méchants… Et le harcèlement, à proprement parler, a tôt fait de s’installer quand les brimades se répètent dans le temps, en créant un rapport de dominé à dominant. L’emprise est alors totale.

Souad, surveillante générale dans un établissement scolaire privé à Rabat, n’ignore pas que certains élèves peuvent être pris comme des têtes de turcs par leurs camarades, mais qu’il est difficile d’identifier ceux qui subissent le feu roulant des humiliations au quotidien : “Si la victime ne vient pas nous confier directement ses maux, on peut difficilement prendre à parti l’enfant persécuteur ou convoquer ses parents.” En effet, le harcèlement se produit généralement hors de la vue des adultes. De plus, l’enfant harcelé n’en pipe mot, par honte, voire par peur irraisonnée de son agresseur. Comme le confirme Dounia : “J’étais persuadée que si je dénonçais mes “tortionnaires”, les deux idiots en question redoubleraient d’ardeur pour me ridiculiser.”

Signaux envoyés pas vraiment clairs

Les parents, souvent ignorants de ce qui se trame, ne savent pas toujours interpréter les changements qui s’opèrent chez leurs enfants ou les mettent sur le compte d’autre chose.

Malika, la maman de Hamza, qui s’est trouvée démunie face à la tristesse et la perte d’allant de son fils, a suspecté, un temps, un chagrin d’amour d’ado. Cependant, alertée par la dégringolade des notes du bulletin scolaire, elle a fini par lui escroquer des aveux : “Un élève de sa classe avait enregistré à son insu le son de sa voix fluette et l’avait mis en ligne pour rivaliser de moqueries avec ses acolytes. Le pire est que le message vocal a été partagé, y compris avec Hamza.” Mais même l’info en poche, elle a encore du  batailler avec son enfant pour amorcer le branle bas de combat avec l’équipe pédagogique : “Il m’a menacé de ne plus remettre les pieds à l’école. On a dû le rassurer longuement et remettre les pendules à l’heure, son père et moi, pour lui expliquer que ce n’était pas à lui d’être honteux, mais à l’imbécile qui avait agi de la sorte.”

Des âges cibles hyper sensibles

Selon les spécialistes du harcèlement en milieu scolaire, la donne est davantage fréquente en fin de primaire et dans les premières années du collège, à des étapes clés de fragilité et de construction d’identité. À noter également qu’au-delà de la “tare” pour laquelle l’enfant est épinglé, c’est souvent sa réponse à l’agression qui, à terme, en fera une proie de choix ou au contraire quelqu’un qu’on laissera tranquille. Dans les faits, cela débute par une banale mauvaise blague avant d’évoluer crescendo vers l’escalade, lorsque la victime tombe dans le panneau. Car des réactions primaires, comme la fuite, déconfiture ou encore la perte de self control et l’agressivité, ne font que préparer le terrain à de futures offensives en règle.

Pour atténuer cette vulnérabilité de l’enfant exposé, les parents ont leur rôle à jouer sur le plan préventif, avec un message clé à faire passer en amont : “On est là pour te défendre et si quelqu’un t’embête, il faut impérativement te confier à nous ou à un adulte de ton entourage.” La lutte contre le cyberharcèlement découle de la même logique protectrice. On incite les enfants à contrôler leur image sur le net, c’est-à-dire tous les post ou photos qui pourraient se retourner contre eux. 

Comment réagir ?

Votre enfant est victime ? Le sang froid est de rigueur. Pas question de monter sur le ring en invectivant violemment parents ou enseignants parce qu’ils n’ont rien vu venir. Le plus important est d’abord que l’ensemble des professionnels arrête le processus, en instaurant un cordon de sécurité autour de l’enfant. Ensuite, les deux parties (harceleur et harcelé) jouiront d’un accompagnement pour les aider à réfléchir, l’un aux ressources à déployer et l’autre aux raisons de ses bas agissements. Un enfant harcelé doit apprendre à paraître “fort” : ne pas fuir mais au contraire déstabiliser ses adversaires en provoquant la discussion, voire en usant d’autodérision. Il peut en outre fédérer avec lui d’autres personnes qui se sentent rejetées pour se créer des alliés. Pour l’aider à développer confiance et estime de soi, on peut, du reste, l’inscrire à des activités intra ou extra- scolaires. 

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