Élisabeth 1ère d’Angleterre la reine vierge

Grande souveraine, elle a transformé l’Angleterre du XVIème siècle en cet empire britannique immense et prospère, qui va étendre sa suprématie sur les mers et les continents. Jamais mariée, Elisabeth 1ère resta dans l’histoire comme la “reine vierge”.

Pourquoi celle qui fut l’un des plus beaux partis de l’Europe de la Renaissance refusa-t-elle de se marier? Longtemps, le célibat obstiné d’Élisabeth a intrigué ses contemporains. Rois, princes et aristocrates la courtisent et lui offrent, en vain, le mariage. Élisabeth, libre, prend le risque de ne pas donner d’héritier à la lignée des Tudors. Les clés de cette énigme politique sont à chercher dans le chemin tortueux qui va mener la princesse Élisabeth au rang de reine, à l’âge de vingt-cinq ans.

Une enfance torturée

Un psychanalyste pourrait déceler chez elle de profonds traumatismes d’enfance. Son père, le fameux roi Henri VIII, tyrannique et violent, égoïste et peu aimant, veut un fils à tout prix, multipliant les mariages et allant jusqu’à exécuter, de manière arbitraire, deux de ses épouses qui ne lui en donnaient pas. Il y a aussi le sort tragique de sa mère, Anne Boleyn, deuxième des six épouses d’Henri VIII. Elle fait des fausses couches et ne parvient pas à donner d’héritier mâle au roi. Quand Élisabeth Tudor arrive au monde en 1533, sa naissance, en tant que fille, provoque la colère du roi. Furieux, il fait décapiter Anne sous le prétexte d’adultère, d’hérésie et de haute trahison. Élisabeth n’a alors que trois ans. Elle est déchue de la légitimité de succession et va connaître la relégation, l’humiliation et la solitude affective. Éloignée de la cour, Élisabeth reçoit néanmoins une éducation soignée. Confiée à des humanistes de Cambridge, elle devient une helléniste et latiniste distinguée qui maîtrise parfaitement plusieurs langues. Entre-temps, le roi Henri VIII a rompu avec l’Église catholique, se proclamant le nouveau maître spirituel d’une Angleterre protestante. Réconforté par la naissance d’un héritier, le futur Edouard VII, le roi Henri VIII réhabilite Élisabeth et la rappelle à la cour, où elle retrouve notamment sa demi-sœur Marie. Elle devient, après ces deux enfants royaux, la troisième dans la succession au trône des Tudors.

À la mort du roi, Edouard monte sur le trône. Élisabeth a treize ans. Surnommée “la bâtarde hérétique”, elle se retrouve au cœur de multiples intrigues de cour, déjoue les complots, échappe à la mort et connaît même la prison. Edouard VII meurt en 1553 après six ans de règne durant lesquels il a tenté de faire de toute l’Angleterre un pays protestant. Retour au catholicisme avec le règne bref et sanglant de Marie Tudor, surnommée “Bloody Mary”.

À sa mort en 1558, Élisabeth accède enfin au trône sous le nom d’Élisabeth 1ère d’Angleterre. Rien, à sa naissance quasi-maudite, ne laissait présager qu’elle connaîtrait un jour ce fabuleux destin. Mais d’abord, comment est-elle ? De taille moyenne, elle a une prestance et un air de majesté qui en imposent à ses interlocuteurs. De beaux cheveux blonds roux dont elle est très fière, un teint de porcelaine, des yeux intelligents qui vous percent à jour. Vive, gaie et spirituelle, elle jouait avec brio du virginal, sorte de clavecin de l’époque, et chassait à courre comme un homme. Elle va gouverner mieux qu’un homme et offrir à son pays “l’âge d’or élisabéthain” pendant les quarante-quatre ans où elle est au pouvoir. Obligée de résoudre le conflit religieux entre protestants et catholiques, elle rétablit la Réforme et se déclare Gouverneur suprême de l’Église anglicane. Se sentant en danger, elle fait exécuter sa rivale catholique, la reine d’Écosse Marie Stuart, que des comploteurs veulent mettre à sa place sur le trône.

L’empire qui ne se couche jamais

Sur le plan extérieur, au début du règne d’Élisabeth, l’Angleterre ne possède aucune colonie, au contraire de la puissante Espagne qui tire ses richesses de vastes territoires conquis dans les deux Amériques. Ne voulant pas que son pays soit à la traîne, Élisabeth encourage des aventuriers à prendre la mer, en quête de gloire et de fortune, allant jusqu’à financer leurs expéditions pour ouvrir de nouvelles routes commerciales vers la Chine et l’Extrême-Orient. Sir Francis Drake est le premier à faire le tour du monde dans son propre navire, pillant les galions espagnols et annexant des territoires en Amérique de l’Ouest. Afin de défier le monopole espagnol sur le Nouveau Monde, Sir Walter Raleigh, de son côté, fonde sur cette côte une colonie qu’il appelle “Virginie” en l’honneur de la “reine vierge”, Élisabeth. L’or remplit peu à peu les caisses du royaume, les butins sont considérables. Le commerce intérieur et extérieur sont florissants et élèvent le niveau de vie des petites et moyennes classes. La flotte anglaise s’agrandit et inquiète l’Espagne et le Portugal, ennemis héréditaires. Plus encore, quand, en 1588, Sir Francis Blake fait le blocus de Cadix et de Lisbonne, l’Espagne, voulant venger cet affront, engage sa fameuse flotte “l’Invincible Armada”. Elle sera presque entièrement détruite par la flotte anglaise. Avec cette victoire historique, Élisabeth conquiert le respect et l’admiration de toute l’Europe et scelle la suprématie des Anglais sur les mers. La colonisation de l’Amérique du Nord se poursuit tandis que s’étend l’installation de l’Angleterre en Asie et en Extrême-Orient. La construction de l’Empire britannique est lancée.

L’une des plus éclatantes manifestations de cet âge d’or élisabéthain est l’essor de l’art et de la culture, avec la musique, la poésie, et surtout la naissance du théâtre moderne, porté par des génies comme Shakespeare. Outil d’ascension sociale, l’éducation devient une valeur. Avec le boom de l’imprimerie, les bibliothèques se multiplient partout. On lit, on se cultive, on va au théâtre. Cette “renaissance” culturelle est aussi une “naissance” : celle d’un pays.

Ni femme de roi, ni mère de roi

Mais qu’en est-il du jardin secret d’une aussi grande souveraine ? Arborant avec élégance de sublimes robes et de somptueuses parures, majestueuse et charismatique, spirituelle et cultivée, elle séduit tous les hommes. Si on prête à la femme quelques aventures, la reine, elle, demeure celle de l’impossible mariage. Le mystère de ce refus ne fut jamais éclairci. On sait que le grand amour de sa vie est Robert Dudley, comte de Leicester. Beau, élégant, membre du Conseil, il a les faveurs de la reine mais il est marié et a de puissants ennemis au sein de la noblesse anglaise. Quand, en 1560, sa femme, Amy Robesart, meurt d’une chute “accidentelle” dans les escaliers de son manoir où elle vit retirée, les rumeurs vont bon train. Cette mort suspecte devient un obstacle infranchissable au mariage d’Élisabeth avec Dudley, le seul auquel elle aurait pu se lier. Dévastée, elle s’enferme dans la douleur du deuil et du renoncement. Quand elle réapparaît, c’est le visage entièrement recouvert de blanc de céruse. Elle gardera cette apparence immaculée le restant de sa vie. Le mythe de la reine vierge devient réalité. Elle meurt le 24 mai 1603, à l’âge de soixante-dix ans. Après de grandioses funérailles, elle est enterrée à Westminster Abbey.

Unique en son genre, ni femme de roi, ni mère de roi, Élisabeth 1ère fut avant tout une grande souveraine qui a épousé un pays : l’Angleterre. Au Parlement, elle avait dit un jour : “Je suis déjà liée à un mari, c’est le royaume d’Angleterre, et cette seule vérité doit vous suffire.”

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