Egalité hommes-femmes: qu’en pensez-vous?

Au lendemain de l'adoption de la nouvelle constitution, les féministes ont crié victoire. Et pour cause : toutes leurs doléances ou presque en matière de respect des droits des femmes et de parité ont été entendues. Serait-ce le prélude d'une ère nouvelle pour les Marocaines ? Nous avons sondé l'opinion de la rue sur l'épineuse question de l'égalité...

Abdelhamid, gérant de magasin.

â–  Je crois que l’égalité entre les hommes et les femmes est aujourd’hui une réalité et que l’avenir sera encore meilleur. Les femmes ont réussi à obtenir plus de droits même si certaines disparités continuent d’exister. On remarque par exemple que les hommes sont toujours mieux payés. Mais il faut dire que les femmes n’ont pas beaucoup de charges en comparaison avec les hommes qui doivent subvenir aux besoins de leur famille. Pour l’épouse, c’est différent, sauf si elle souhaite aider un peu son mari. Cela n’empêche que la gent féminine a pu marquer de son empreinte tous les domaines de l’emploi au Maroc. Sinon, les femmes ont tous les droits et toutes les libertés, contrairement à d’autres pays arabes.

Khadija, télé-conseillère.

â–  Ça n’existe pas ! Il y a tellement de choses qui font que les femmes ne sont pas considérées comme les  gales des hommes dans notre pays. Les mentalités sont toujours aussi conservatrices et même rétrogrades et on  attribue toujours aux hommes des capacités supérieures à celles des femmes. La société porte souvent un  regard dévalorisant sur les individus de sexe féminin et leurs aptitudes. Cela commence dans la petite famille qui éduque les enfants différemment selon leur sexe où les filles sont ainsi confrontées aux interdits et à la  discrimination dès leur plus jeune âge. Et même si la femme a pu acquérir plus de droits et de libertés, comment voulezvous qu’elle en bénéficie réellement alors que la société est encore sous l’emprise d’une mentalité machiste ?

Najlae, infirmière.

â–  La femme est devenue l’égale de l’homme. Elle peut exercer pratiquement tous les métiers. Rien ne lui est plus interdit dans notre société. Par contre, la situation n’est pas la même quand il s’agit de valeurs et de relations familiales. Dans certains milieux, c’est toujours l’homme qui domine à la maison. Heureusement que la donne commence à changer chez les jeunes couples qui s’aident mutuellement. Cette génération croit davantage dans l’égalité entre les hommes et les femmes.

Harras Bougrine, professeur à la retraite.

â–  La femme a réussi à avoir tous ses droits, surtout dans les villes. Que ce soit à l’intérieur de la cellule familiale ou dans le monde du travail, la femme est aujourd’hui l’égale de l’homme, ou presque. Les hommes commencent même à ressentir de la hogra car les femmes se sont trop libérées. J’ai l’impression qu’elles ont dépassé les limites dans certains cas mais ça dépend des milieux. Et puis il faut avouer que les Marocaines sont devenues très ambitieuses, parfois même un peu trop. Elles ont envie de se réaliser coûte que coûte et c’est parfois au  dépend de leur mari et de leurs enfants. Je pense que cette égalité a encouragé la dislocation de la cellule  familiale. Il n’y a qu’à voir le nombre de demandes de divorce de chiqaq dans les tribunaux pour s’en convaincre. Personnellement, je pense qu’au-delà de l’égalité entre l’homme et la femme, ce qu’il faut avant tout c’est avoir  un seul capitaine à bord pour décider de la direction à prendre.

Moustafa, responsable de société.

â–  L’égalité hommes-femmes n’existe pas. La discrimination prédomine et ce n’est pas uniquement une question de lois. C’est en fait la mentalité des Marocains qui reste davantage masculine et patriarcale. Je suis responsable d’une société et je peux témoigner des difficultés rencontrées par les femmes dans le domaine de l’emploi. Elles ont automatiquement un salaire inférieur à celui de leurs collègues masculins ; on suppose toujours que l’homme porte sur son dos une responsabilité plus grande que celle de la femme. Et dans la société en général, je pense sincèrement qu’on est encore loin de l’égalité. Notre mentalité nous force à établir des limites à nos soeurs, notre épouse et à nos filles. On peut être aussi ouvert d’esprit que l’on veut, mais là c’est une question de religion et d’éducation. N’empêche que le changement est là et que les mentalités évoluent petit à petit, d’une génération à l’autre.

Khadija, femme au foyer.

â–  Je pense qu’on est encore loin du compte ! La majorité des hommes ont encore des idées archaïques. Ils préfèrent même que les femmes s’occupent uniquement de leur maison et de leurs enfants au lieu de prétendre à un travail à l’extérieur. On reste un pays musulman et on a donc des valeurs à respecter. Ceci dit, on ne peut pas nier que le Maroc est un pays en plein développement et que notre société vit de grands changements. Pour ne pas noircir complètement le tableau, je dirais qu’on arrive petit à petit à établir une certaine égalité. Les Marocains sont plutôt des gens ouverts d’esprit et ils ne peuvent espérer que le meilleur pour la femme…Tant que ça ne dépasse pas certaines “limites” (rires) !

Hicham, technicien spécialisé.

â– L’égalité existe dans les lois et non pas dans la réalité. Je parle en connaissance de cause. J’ai eu l’occasion de visiter les coins les plus reculés du Maroc dans le cadre de mon travail et je peux vous assurer que les femmes dans certaines régions ne sont même pas respectées. Alors de là à aspirer à l’égalité avec les hommes, c’est tout à fait impensable ! C’est principalement dû à la mentalité des hommes marocains qui sont éduqués de telle manière que tout devrait tourner autour d’eux. Et puis les femmes n’ont absolument pas connaissance de leurs droits pour protester contre la discrimination dont elles sont victimes. Dans les grandes villes en revanche, il est vrai qu’on respecte davantage les droits et les libertés des femmes qui prétendent ainsi à l’égalité.

Ouafae, vendeuse en pharmacie.

â–  Les hommes et les femmes sont de plus en plus égaux dans notre société mais j’avoue que nos traditions pèsent encore de tout leur poids. Certains hommes tiennent absolument à marquer leur “supériorité” ; seul leur avis compte et celui de la femme est secondaire. Les mentalités peinent un peu à changer. Nous évoluons sur les traces de nos parents qui nous ont inculqué ces valeurs de respect envers les hommes. Il est vrai que la femme doit être l’égale de l’homme, mais elle ne peut pas pour autant se comparer à lui dans certains domaines. Une femme ne peut pas par exemple laisser son mari à la maison et sortir sous prétexte qu’elle est son égale. C’est impossible ! On a nos traditions qu’on se doit de respecter. â– 

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