2012 : alors que les espoirs soulevés par la révolution arabe se diluent dans la violence et la haine qui donnent naissance à de nouveaux gouvernements islamiques, l’actrice iranienne Golshifteh Farahani pose nue sur la couverture d’un magazine.
Inconscience ? Folie ? Courage ? Désespoir ?
A l’heure où on manifeste en Inde et sur la place Tahrir contre les violences commises à l’encontre des femmes, où on défile en burqa à Paris avant de retirer cette dernière pour se montrer les seins nus en revendiquant les droits des musulmanes, la journée mondiale de la femme a plus que jamais lieu d’être. Elle nous donne l’occasion de faire entendre les voix féminines qui s’élèvent et ces cris du corps.
Nous avons souhaité, à notre manière, rendre hommage à ces femmes qui, nous en sommes convaincues, représentent la genèse d’un mouvement de revendications féminines dans le monde arabomusulman. Dont le corps devient l’étendard, arme pacifique qui crie sa douleur. Nous avons pris le parti de censurer ces corps révoltés mis à nus pour donner toute sa force au message transmis car nous savons bien que les esprits simples seront choqués, que certains ne verront là que de la pornographie et que, dans notre société, ce qui dérange est rejeté sans débat ni discussion.
Or, nous voulons que cette révolte soit entendue.
C’est un soubresaut. Une revendication politique. Un ras-le-bol face à une volonté conservatrice de cacher la femme, de la rendre invisible, la réduire à néant. Assez du silence et de l’ombre. Soumission, violence, inégalité… cela n’a que trop duré. Et parce que la soif de liberté leur colle envers et contre tout à la peau, ces femmes se montrent tel que Dieu les a mises au monde ; fortes et fragiles à la fois, elles opposent la nudité au niqab.
Dans la révolution arabe, les femmes ont été de tous les combats. Aux côtés des hommes, elles sont descendues dans la rue, mais la post-révolution n’a plus voulu d’elles !
De quoi sera fait l’été arabe ? Nous le voulons féminin et libre.