Comment tou toupelle ? Kelquémots pour te préchanter ?
D’jal : Donc, si j’ai bien compris, moi je parleen français et toi, avec l’accent portugais ?Ah d’accord, je vois ! T’es en train de me faireta Linda de Suza ou quoi ? Tu sais qu’elle estmorte il y a 20 ans déjà (rires) ! Ok, revenonsà nos moutons. Je m’appelle Jalal, de monvrai nom patrimonial. D’jal est mon nomde scène. Je suis marocain, pour mon plusgrand bonheur. S’agissant de mon âge, enAfrique, je suis mineur, et au Maroc, je suismajeur (rires).
D’jal, ça sonne comme “D’jamel”, non ?
Non, pas du tout. Moi c’est Jalal, et lui,c’est Jamel ; donc rien à voir. Mon nomde scène est le surnom que m’ont donné mes potes d’enfance en France. Jamel atout copié, c’est lui qui me ressemble, pasle contraire (rires).
Dans la vie, es-tu aussi “agité du bocal”que sur scène ?
Saperlipoupette, je dirais “oui” ! Je suisaussi timbré dans la vie que sur scène. Enréalité, il faut un équilibre entre les deux :être complètement dingue sur scène et totalementsain dans la vie de tous les joursparce que le rire, c’est beaucoup de travailmine de rien. Dans mon métier, on se doitd’être fin observateur, prendre le tempsd’analyser les choses et d’en ressortir unevanne. C’est un travail de longue haleine.Sinon, je ne suis pas taciturne, je restequand même très bon vivant au quotidien.Mais il faut de la rigueur dans tout travail,et je reste focalisé et concentré sur mesobjectifs que je ne perds pas de vue, quoiqu’il arrive.
Plutôt sushi ou nem ?
Ni l’un, ni l’autre ! Je préfère les tajines engénéral, et ceux de ma mère en particulier.Je suis marocain dans l’âme, j’aime donc lacuisine de mon pays d’origine. J’en parled’ailleurs beaucoup dans mon spectacle, “larfissa, les kar3ines…”. La cuisine marocaineest riche en goût et en saveurs, pas la peined’aller puiser ailleurs
Plutôt Flamby ou lben ?
Je préfère le Flamby ! On parle bien debouffe, on est d’accord ? Le lben était mon cauchemar étant enfant, j’ai donc fait un rejetde ce breuvage qui me rebute. Les goûtset les couleurs, c’est tout un programme.
On te donne tout de suite un hélico etune valise en carton, tu vas où ?
Je te laisse la valise en carton. Et si j’avaisun “ouloucouptère”… et bien, je n’irais pastrès loin. Je rentrerais chez moi, en France,squatter mon lit et dormir, parce que je suisexténué ! J’ai des années de sommeil à rattraper.Sinon, autre possibilité que je pourraiséventuellement envisager : aller me dorer lapilule sous le soleil de Mourroukech (rires) !
Qu’est-ce qui t’inspire ?
Tout m’inspire !La vie, les gens, tout ce queje peux entendre, voir, ressentir. Après, je faisma cuisine interne avec des sujets qui me touchent,j’évite ceux qui ne me parlent pas. La politique,par exemple, ne m’intéresse pas, mêmesi je fais une petite vanne là-dessus dans monspectacle. Après, j’essaie de parler à l’enfant quiest en moi plus qu’à l’adulte. C’est bête, maisles sketchs sur les toilettes et les pets me fontrire. Après, il y a des choses qui me font moinsmarrer… La bêtise humaine en fait partie.
Tu sembles avoir le rythme dans lapeau. À quand le prochain spectacle àBollywood ?
Non, j’ai pris trop de poids pour Bollywood,donc c’est raté ! Difficiles, les portés pour le“hokorohi tchaé” (rires) ! En revanche, lecinéma français me tente bien. D’ailleurs, ily a des choses qui se profilent, mais motus etbouche cousue pour l’instant. J’en parleraien temps et en heure.
Quels sont les humoristes qui te fontmarrer ?
Je suis très bon public. J’aime beaucoupHassan El Fad, qui fait partie de la vieilleécole. Il y a beaucoup de choses que j’adoredans ses personnages, dans sa folie. J’apprécieaussi Abdelkader Secteur, qui est unvrai génie. Je suis totalement fan ! Dommagequ’il ne parle que l’arabe… S’il maîtrisaitd’autres langues, comme le français oul’anglais, il mettrait tout le monde d’accord.Sinon, j’aime Jamel, Gad, et beaucoup d’humoristesplus ou moins connus.
Ta promo en deux minutes ?
Je serai le 25 décembre à l’Olympia, le 8janvier à New York, le 12 à Miami, et j’aides dates également prévues au Liban,au Sénégal, en Côte d’Ivoire, en Tunisie,en Algérie, au Québec, en Suisse, en Belgique,à Dubaï, sans oublier la France. Çafait deux ans et demi que je joue à guichetsfermés. Pourvu que ça dure
BIO EXPRESS
Aîné d’une fratrie
de sept enfants,D’jal se découvre,à l’adolescence,une passion pour lecinéma grâce à unevoisine qui lui fournitdes vidéocassettesde blockbusters qu’ildévore et fait partager àses potes de banlieue.De petit boulot en petitboulot, D’jal atterrit dansun centre d’aide auxmyopathes. Il s’attache àces jeunes adultes dontil voit la vie s’écoulerinéluctablement et lesvanne sans vergogneparce qu’il sait commeil est bon de rire auxéclats, même quand lesouffle vous manque.D’jal noue une véritableamitié avec Lassana, ungrand gaillard taciturnecloué dans son fauteuilroulant, que la maladieemportera trop vite.S’il s’est pris pas malde coups de pompeau derrière, c’est sonpremier coup depompe à l’âme. D’jaldécide d’aller au boutde ses rêves, car la vieest courte… Porté par sapassion depuis toujours,il décide de pousserles portes de l’école decinéma Louis Lumière,où il réussit à mobilisertoute une équiped’étudiants en cinémaet à collecter des fondsafin de réaliser un courtmétragedont il rédigele scénario en unesemaine. Conscient desa capacité à raconterdes histoires, il se prendau jeu de l’écriture. Il vaalors se mettre en scène,répéter, pour enfindonner ses premièresreprésentations devantdes amis. D’jal courtles scènes ouvertes,il impose son style etson personnage déjàculte du Portugais, avantd’exploser au JamelComedy Club.