Dites-le avec des femmes

Il est des unes de magazines qui ne passent pas inaperçues et marquent les esprits. Parmi celles-ci, certaines se sont à jamais inscrites dans l’histoire pour leur contribution à la cause féminine. Diaporama…

Ces dernières années ont été marquées par une actualité très riche en matière de lutte des femmes pour leurs droits. En réaction à des décisions politiques injustes, à des évènements sociaux sexistes, à des constats d’inégalité des sexes flagrants ou tout simplement pour attirer l’attention du grand public sur des phénomènes méconnus, la presse se sert de ses unes comme moyens de sensibilisation du grand public. Et pour attirer l’attention du plus grand nombre, il faut que le visuel soit fort et assorti d’un slogan tout aussi puissant. Si Charlie Hebdo a choisi la caricature comme arme de provocation, au risque de déplaire et de s'attirer des ennemis, d'autres s'emploient autrement à faire jouer leur liberté d'expression tout en soutenant une cause.

 

Inégalité des sexes au travail

Le Magazine time a consacré sa une du mois de juin  2013 à Sheryl Sandberg, la directrice  des opérations de Facebook avec pour slogan « Don’t hate her because she’s successful » (ne la haïssez pas parce qu’elle a du succès). Sur cette couverture pas comme les autres, le magazine lui confie d’ailleurs la mission de relancer le féminisme. Cette couverture coïncide en fait avec la sortie de son livre, « Lean in », qui a fait grand bruit aux Etats-Unis. La directrice générale du réseau social le plus puissant au monde y analyse les raisons pour lesquelles, malgré toutes les avancées féministes du XXème siècle, les femmes occidentales ne sont toujours pas considérées comme les égales des hommes au travail. « Demandez à un homme d’expliquer son succès et il invoquera ses qualités et ses compétences. Posez la même question à une femme et elle attribuera son succès à des facteurs externes, insistant sur le fait qu’elle s’en est bien sortie car elle a bossé dur ou eu de la chance ou a été aidée », explique-t-elle.

 

Sensibiliser à un problème social

En novembre 2009, Nadia Larguet posait en couverture de Femmes du Maroc enceinte de 9 mois… et nue ! Une première dans un pays arabo musulman et autant dire que celle-ci a choqué l’opinion publique… mais l’intention était pourtant loin de se réduire à une simple provocation. En effet, en posant nue et enceinte, la présentatrice s’associait au magazine pour attirer l’attention générale sur un phénomène de société dramatique au Maroc, les conditions d’accouchement des femmes en 2009. En effet, d’après les résultats d’une enquête du ministère de la santé datant de 2004 et rendue publique cette année-là, le taux de mortalité maternelle est de 227 pour 100.000 naissances vivantes. Selon un rapport de l’UNICEF, 1500 marocaines meurent chaque année pendant la grossesse, l’accouchement ou le post partum et 200.000 accouchements se font sans l’assistance de personnes formées.

 

Dénoncer l’inégalité des sexes basée sur notre perception de la religion

Mars 2013, le magazine féminin marocain « Nissae Min Al Maghrib » frappait un grand coup en publiant une couverture sur laquelle on aperçoit un homme posant en burqa et une femme, cheveux découverts et look résolument moderne, avec pour slogan « Vis d’abord ma galère puis juge moi »…

Cette photo à la symbolique très forte, réalisée à l’occasion du 8 mars, est en fait inspirée du travail d’une photographe yéménite, Boushra Almutawakel, qui travaille depuis dix ans sur la représentation des femmes voilées, combattant par ses clichés les préjugés du monde occidental et dans le même temps l’extrémisme islamique dans le monde arabe. «  Si les femmes ont la liberté de se découvrir, pourquoi n’auraient-elles pas la liberté de se couvrir ? » argue-t-elle.

 

Le sentiment maternel

Autre couverture choc du magazine Time, celle où l’on voit une maman allaiter un petit garçon de trois ans. Ici, on se questionne sur le statut de mère et surtout sur le sentiment maternel. Avant même sa publication, le cliché a déclenché un tollé général. Cette photo choc associée au slogan « Etes-vous suffisamment mère ? » n’a laissé personne indifférent car jouant aussi bien sur la provocation que la culpabilisation. Cette photo illustre un reportage sur l’attachement des parents à leurs enfants, un courant porté par le Dr Bill Sears, lequel prône une plus grande fusion entre le parent et son rejeton.

 

La promotion des minorités

Alors que Christiane Taubira, l’actuelle ministre de la justice française, essuyait une vague de critiques racistes en France, le magazine Elle lui consacrait sa couverture et l’érigeait en tant que femme politique de l’année. Un soutien de taille pour Mme Taubira dont les décisions politiques n’ont pas toujours fait l’unanimité en raison notamment de son statut de femme noire. « Parce qu’elle a défendu avec courage et éloquence le mariage pour tous, parce que son parcours est celui d’une femme qui, jamais, ne baisse les bras et se pose en victime » expliquait alors la direction de Elle.

 

La lutte contre les extrémistes

Voici la une couverture du Times qui est restée gravée dans les esprits de tous, celle d’une jeune fille défigurée. En 2009, pour avoir osé fuir, la jeune Afghane Aisha Mohammadzai mariée de force à douze ans est mutilée par son mari qui lui coupe le nez et les oreilles. Un an plus tard, elle pose en une de Time complètement mutilée… Elle incarnait alors le « visage de la terreur talibane ». Aujourd’hui, la jeune afghane répudiée qui avait été laissée pour morte par sa famille s’est reconstruite, avec un nouveau visage, et souhaite délivrer un message d’espoir  à toutes les femmes victimes de violence.

 

Le printemps arabe des femmes

Nous le savons tous aujourd’hui, les femmes ont été les grandes perdantes du printemps arabe. Pourtant, aucune révolution n’aurait pu aboutir sans leur présence et leur soutien. Alors que ce soulèvement populaire augurait d’un avenir meilleur, sous le signe de l’équité et de l’égalité pour les femmes, celles-ci ont eu à essuyer un revers cuisant en étant victimes de harcèlement moral, physique et de viols… Elles se sont alors organisées afin de militer chacune à leur manière, le plus souvent en mettant leurs corps en avant et en s’en servant comme une arme pour contrer les discours extrémistes. Aliaa Al Mahdi a incontestablement été pionnière en la matière. A l’image d’artistes syriennes qui inscrivaient sur leur corps des messages de soutien à la fronde anti Bachar Al assad, le magazine Femmes du Maroc a réalisé en mars 2012 cette couverture symbolique : le dos tatoué d’une femme avec le message, « Ras le bol », en trois langues parlées au Maroc, à savoir l’amazigh, l’arabe et le français. 

 

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