FDM : Vous êtes aujourd’hui la propriétaire de la marque “So White” spécialisée dans la literie. Parlez-nous de votre concept ?
Yasmina Eddiouri : Je suis spécialisée dans la literie et travaille aussi bien avec de grandes enseignes de l’hôtellerie qu’avec des particuliers. Je propose des produits haut de gamme mais pour tous les budgets car à mon sens, le luxe doit être accessible à tous.
L’idée de me spécialiser dans la chambre à coucher est venue lorsque je me suis rendu compte que cette partie de la maison, où nous passons pourtant beaucoup de temps, était en général laissée de côté au profit de vastes salons. Au final, les gens se payaient le luxe de dormir dans une belle chambre uniquement lors de leurs séjours à l’hôtel.
Pourquoi ne pas leur offrir ce confort chez eux ? C’est la question que je me suis posée et à laquelle je réponds aujourd’hui avec une offre très large allant des rideaux à la moquette, en passant par la literie, les draps… Je propose des chambres à coucher en harmonie avec l’attente des clients, les tendances et l’esprit de chaque maison.
Comment avez-vous fait vos premiers pas dans cet univers ?
Tout d’abord, je tiens à dire que c’est grâce aux encouragements de mon mari que je me suis lancée dans cette aventure.
J’ai grandi à Rabat où mon grand-père était l’un des premiers à s’être spécialisé dans le linge de maison avec sa marque “Eddiouri Tissus”. Mon père lui a ensuite emboîté le pas en se consacrant à la décoration.
Tous les jours, je sortais du lycée et je les rejoignais rue Richard d’Ivry où ils possédaient tous deux leur boutique. C’était une période fabuleuse avec une ambiance qu’on ne retrouve malheureusement plus aujourd’hui, à l’heure de l’industrialisation et du stress qui règne en maître dans nos vies. Mon père et mon grand-père ont été une vraie source d’inspiration pour moi.
Aujourd’hui, le luxe est-il associé à l’artisanat ?
Nous produisons de très belles choses au Maroc et le client est en général très satisfait des productions locales. Mais le travail fait main coûte très cher et prend énormément de temps, à tel point que beaucoup de gens ne veulent plus investir dans ce savoir-faire pourtant si précieux.
Les gens sont de plus en plus friands des dernières tendances et recherchent davantage des effets de mode plutôt que de l’artisanat. Le “tarz ntaa” sur un drap ne se fait quasiment plus, de la même manière qu’on ne confectionne plus non plus comme avant le trousseau de la mariée de Zaman.
Aujourd’hui, si ce savoir-faire ancestral se perd, c’est parce qu’il n’y a plus de demande.
Quelles sont les couleurs tendance que vous recommandez ?
Je suis très sobre dans le choix des couleurs et je privilégie les teintes unies et les tons gris, taupe, beige, blanc, plutôt que les imprimés dont on se lasse vite. Rien de tel que la sobriété pour obtenir un environnement apaisant et reposant.
Dans votre autre vie, vous êtes aussi joueuse de golf à haut niveau. Racontez-nous…
J’ai commencé le golf à l’âge de 15 ans et je me suis perfectionnée au fil du temps. Après une année de pratique, j’ai participé à plusieurs championnats avec l’équipe nationale féminine de golf dont je faisais partie, j’ai représenté le Maroc dans des compétitions à l’étranger et nous avons même gagné deux fois de suite le trophée Madame Figaro, ainsi que l’African Challenge, où nous avons été bien classés en égypte.
Dernièrement, j’ai remporté le tournoi organisé au Maroc à l’occasion de la journée nationale de la femme marocaine.
Vous êtes née le même jour que le trophée Hassan II. Sacrée coïncidence tout de même !
Oui, effectivement (rires) ! Il faut croire que ça a déterminé mon parcours. Je me souviens d’ailleurs très bien de feu le roi Hassan II lorsqu’il venait golfer à Dar Essalam. C’était incroyable ! Il a fait de ce sport ce qu’il est aujourd’hui au Maroc.
Comment arrivez-vous à combiner votre vie de maman, de femme active et de golfeuse de haut niveau ?
Ça n’a pas été simple tous les jours. En fait, j’ai dû m’arrêter plusieurs années, car je me suis mariée très jeune, et j’ai donc aussi eu mes enfants très tôt.
Une carrière dans le golf suppose beaucoup de déplacements à travers le monde et qu’on y consacre tout son temps. Bref, difficilement conciliable avec la vie de famille. J’ai donc attendu que mes enfants grandissent pour renouer avec ma passion.
Et puis, je ne regrette rien, car si j’avais dû faire passer le golf avant tout, je ne me serais pas lancée, il y a maintenant 12 ans, dans la déco.
Aujourd’hui, je n’ai plus à choisir. Je peux tout faire en même temps. Du coup, je garde toujours mon sac de golf dans mon coffre, et entre midi et deux, durant ma pause déjeuner, pendant que les enfants sont à l’école, j’en profite pour aller faire un neuf trous au golf d’Anfa.
Faut-il être égoïste pour faire ce que l’on aime ?
Franchement, oui. À mon âge en tout cas, il faut le devenir. J’ai appris à penser à moi et à prendre mon temps pour me faire plaisir. C’est, je pense, le secret pour rendre une femme plus belle, plus épanouie et plus jeune malgré les années.