Quelle a été votre première impression quand le thème Ethnies a été dévoilé ?
Quand on dit Ethnies, les Marocains pensent automatiquement à l’Afrique. Pour ma part, j’ai choisi le Maroc, en interprétant ses civilisations anciennes à travers les sept tenues de ma collection. J’ai été obligée de faire des choix et de me limiter à certaines régions, comme Fès, Meknès, le Nord, la région berbère…
Comment avez-vous interprété le thème Ethnies dans votre collection ?
Je puise toujours dans le patrimoine ancestral et les spécificités de nos anciennes civilisations pour réaliser des caftans modernes, plus faciles à porter. Ce sont des caftans qui dévoilent toujours les tendances de l’année.
Quelles sont les couleurs et techniques de travail que vous avez utilisées ?
J’ai privilégié la sobriété dans ma collection, et j’ai travaillé sur des dégradés de bleu, de rose… La touche verte est toujours présente dans mes tenues. En ce qui concerne les techniques de travail, j’ai utilisé des fils parfumés à la vanille. Ce sont des senteurs naturelles que j’ai personnellement créées. J’ai également employé randa, de façon très discrète, que j’ai agrémenté de motifs ethniques.
Quelles sont les autres innovations que vous avez introduites sur le caftan cette année ?
Le caftan ancien est assez lourd à porter car fortement enrichi en tarz ntaâ. Je me suis inspirée uniquement de la partie du devant qui est posée sur un tissu plus léger, genre tulle ou dentelle. Les motifs el bahja et lkhrib sont utilisés de façon moderne sur le tulle pour ne pas alourdir la tenue. De même que j’ai utilisé le point de croix, très courant à Meknès, mais toujours en petites touches.
Quels sont vos tissus de prédilection ?
Les tissus sur lesquels je travaille sont des créations spéciales. Cette année, il y a les tulles brodés et mélangés à de la mousseline de soie dont la caractéristique principale est le jeu de dégradés.
Comment peut-on qualifier votre collection ?
Sobre, éclectique et élégante. La touche de velours est toujours présente, que ce soit au niveau des tenues ou des ceintures. Ces dernières se caractérisent par des broderies en tarz ntaâ, mélangées à de l’or. J’ai également créé pour cette collection des tarbouches que j’ai féminisés.
Qu’est-ce qui vous distingue en tant que styliste ?
J’opte toujours pour une coupe spéciale. Dans mes créations, la taille est affinée et les épaules sont plus ajustées. J’ai aussi une préférence pour le velours.
Comment voyez-vous l’évolution de votre travail au fur et à mesure de votre participation à Caftan ?
Ma touche est presque toujours la même. Le thème choisi pour chaque édition de Caftan m’incite à me renouveler, et à présenter des tenues inédites, tant au niveau de la recherche que de la créativité.
Caftan lance les tendances de l’année, et vos tenues inspirent beaucoup et sont souvent copiées, qu’en pensez-vous ?
Lorsque je travaillais les tissus unis, on me copiait beaucoup. Aujourd’hui, les tissus haute couture que j’utilise rendent difficiles ces contrefaçons, même si la coupe et la palette de couleurs sont souvent copiées… Récemment, une chanteuse s’est montrée à la télévision dans une tenue identique à celle que j’avais créée en 2013 pour Majda Roumi…
Le caftan est sujet à différentes réinterprétations. Mais qu’est-ce que vous ne voudriez jamais voir sur un caftan ?
Les décolletés. Un caftan trop décolleté fait penser plus à une robe de soirée. Les tenues doivent toujours être d’une bonne longueur pour donner de l’allure et du chic à celle qui les porte.
Pour vous, le caftan c’est…
C’est l’événement Caftan qui a donné ses lettres de noblesse à cet habit, lui permettant d’acquérir une notoriété à l’échelle internationale.