Bouchra Abdou : « La pauvreté et l’ignorance compliquent l’opération d’enregistrement à l’état civil »

La seconde campagne pour l'inscription à l'état civil a été lancée en juin dernier. Mais de nombreux obstacles persistent, empêchant de concrétiser le droit de nombreux enfants à une existence légale, et la possibilité pour les mères célibataires d'inscrire leur enfant sur le registre de l'état civil. Bouchra Abdou, Directrice de l’Association Tahadi pour l’Égalité et la Citoyenneté, répond à nos questions.

Le processus d’enregistrement à l’état civil pour les enfants sans identité est long et coûteux. Vous avez partagé sur les réseaux sociaux une histoire sur ce parcours du combattant. Quelle est la chose la plus difficile pour prouver son droit à l’existence ?
Le récit que j’ai partagé sur Facebook est une histoire imaginaire qui traduit une amère réalité vécue par des milliers de femmes et d’hommes dans notre pays. Je l’ai écrite à la première personne pour partager cette souffrance qui est le lot des femmes confrontées aux mentalités patriarcales et rétrogrades. Le choix du récit sous la forme autobiographique a pour but de sensibiliser plus de personnes à ce phénomène…, et je pense que le but a été atteint.
Pour répondre à votre question, je dirai que le plus dur est d’obtenir du père la déclaration de paternité. C’est un combat de longue haleine mené par la mère alors que l’enfant demeure sans identité jusqu’à ce que le père biologique veuille reconnaître la filiation et donne son accord pour établir et légaliser le document juridique.

Dans votre travail, rencontrez-vous beaucoup d’enfants non déclarés ?
Notre travail est axé essentiellement sur ces femmes et enfants dont le nombre est assez élevé, et les souffrances immenses. Par peur, compte tenu de la pression des familles et de l’entourage, elles laissent les choses en l’état, et n’osent pas effectuer les démarches nécessaires. Cette situation complique par la suite la procédure pour établir tous les documents requis.

Le Maroc a démarré en janvier 2018 la campagne “Je suis inscrit, donc j’existe” qui a été reconduite en juin dernier. Mais dans les faits, la sensibilisation qui a tardé à venir n’a pas atteint les résultats escomptés. Comment faire pour que ce droit soit acquis pour tous ?
La campagne est une initiative louable, mais sa mise en œuvre s’est heurtée aux obstacles qui n’ont pas été aplanis au préalable. La campagne n’a donc rien apporté de nouveau. La pauvreté et l’ignorance dont souffre la femme compliquent l’opération d’enregistrement. La mère dépourvue de moyens financiers peine à se déplacer et encore moins à couvrir les dépenses inhérentes à cette action. Il aurait été plus judicieux de généraliser la gratuité de tous les documents et faciliter leur obtention.

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