Amour parental… amour égalitaire?

L'amour parental est-il un amour inconditionnel ? Quand on est plusieurs fois parent et que l'on porte un amour particulier à l'un de ses rejetons, est-on pour autant un parent monstrueux ? L'amour parental doit-il être distribué, quantitativement et qualitativement, à l'identique entre les membres de la même fratrie ? Osons poser la question, et tordre le cou à un tabou !

“Mehdi, 7 ans, est en conflit ouvert avec tout le monde, tout le temps. J’ai beaucoup de mal à accepter cela.J’arrondis sans cesse les angles. Mon aînée, Dounia, 13 ans, est la diplomatie incarnée ! Ce décalage entre le frère et la soeur, un décalage abyssal, est douloureux pour moi. Je suis certaine que Mehdi aura une vie difficile. J’ai peur pour lui. En même temps, il m’irrite, et souvent, j’ai la pénible impression que je l’aime moins que sa soeur.” Fatima, maman de Mehdi et Dounia, crève ainsi l’abcès. Elle ose formuler, tout haut, l’interrogation secrète qui taraude, tout bas, nombre de parents : quand on a plusieurs enfants, est-il légitime de se sentir plus proche de l’un d’eux ? Quand notre caractère, notre tempérament, est plus compatible avec un des membres de la fratrie, cela impacte-t-il l’ensemble de notre progéniture ? Et de quelle manière ? “Il arrive plus fréquemment qu’on veuille bien admettre que l’on s’entende plus ou moins bien avec un enfant ; je dirais même qu’il est plus facile d’aimer un enfant avec qui on a plus d’affinités qu’un autre. Et cela, il faut l’accepter sans se culpabiliser”, affirme sans détour Batoul El Harti, psychiatre.

Chez les générations précédentes, il était plus difficile de distinguer, parmi la ribambelle d’enfants, ceux avec qui les parents ne s’accordaient pas facilement. Aujourd’hui, les familles sont moins nombreuses et les enfants ont plus de libertés. Ils s’expriment plus. Du coup, des divergences apparaissent dans toute leur splendeur au sein de familles nucléarisées, et les relations conflictuelles entre parents et enfants sont plus visibles. Raison de plus pour ne pas se les cacher et pour les assumer, nous rappelle Batoul El Harti, qui ajoute qu’“il est grand temps de sortir de la vision réductrice qu’a notre société – d’obédience patriarcale – de la relation parents-enfants et du rôle des parents”.

Miroir, mon beau miroir, dis-moi que je les aime pareil !

Loubna, maman de deux adolescentes de 16 et 18 ans, reconnaît volontiers avoir des conflits récurrents avec son aînée… qui lui ressemble trop ! “Amina est obnubilée par ses petits plaisirs. Elle ne supporte pas la contrainte, redoute l’effort. C’est tout moi à son âge ! Et cela m’effraie car mon manque de ténacité, mon flegme et ma paresse m’ont empêchée de boucler les études qui m’auraient permis de mener une carrière et de mieux me réaliser aujourd’hui. La pauvre, je suis toujours derrière elle à la secouer, à la rabrouer. Je me reconnais trop en elle et cela me déstabilise et brouille notre relation.” Analyse de notre psychiatre : “C’est un fait. On ne supporte pas chez son enfant ce qu’on n’aime pas en soi. C’est le concept de l’enfant miroir bien documenté dans la sphère psy. A travers certains aspects du caractère de nos enfants, on est parfois obligé de faire la paix avec des choses qu’on n’avait pas réglées. Et ce goût de l’inachevé ravive les déceptions, les frustrations, les douleurs…”. Le même concept de miroir nous dérange si on retrouve chez son rejeton les relents d’un tempérament, d’un caractère qui nous incommodait chez un ex, chez un des parents, ou encore un membre de la fratrie. La relation parents-enfants n’est pas qu’une histoire d’amour. Elle va bien au-delà. C’est le théâtre de toutes les projections, de toutes les répétitions. Si on en croit les psys, sur les planches du théâtre familial, on rejoue ad vitam aeternam les mêmes scènes. Parfois, les mêmes tragédies qui remontent au temps d’aïeuls qui auraient instrumentalisé, au nom de la cohésion familiale, des générations entières en entretenant des secrets de famille qui font des ravages, tels des cancers… A moins qu’on ne brise la chaîne et qu’on ne lève le voile sur des différends, qu’on se parle “vrai”…

La relation parents-enfants est complexe, elle progresse au fil du temps. Le parent doit adapter sa façon d’aimer à l’évolution de l’enfant.

Le défi de l’amour parental

Il faut donc se parler, accepter les différences, et remettre en question ce concept d’amour égalitaire que les parents sont censés nourrir à l’égard de leur progéniture. C’est la notion d’amour inconditionnel qui serait à revoir ; ce type d’amour, que seuls les parents sont supposés être capables de ressentir, d’éprouver et qui leur permettrait de tout accepter chez leurs enfants. “Un tel amour relève du mythe car il est très difficile à atteindre. Il recèle une face obscure et il peut devenir aliénant”, explique Batoul El Harti.

La relation parents-enfants est complexe, elle progresse au fil du temps. Le parent doit adapter sa façon d’aimer à l’évolution de l’enfant. Il y a lieu de rappeler ici la fameuse boutade de Françoise Dolto : “Il est faux de croire que frères et soeurs ont les mêmes parents !”. Le statut des parents – professionnel, social – leurs priorités, leur philosophie de vie évoluent. Entre l’aîné et le petit dernier, de l’eau a coulé sous les ponts et les parents ont vieilli, changé. Le monde alentour a progressé aussi, les amenant à moduler leurs réactions. Par ailleurs, chaque enfant est unique. Si tout baigne avec l’aîné, il n’est pas rare que cela coince avec le second. L’enfant, tout comme le conjoint, peut surprendre… désagréablement ! Il ne nous appartient pas, n’est pas une pâte à modeler que les parents peuvent pétrir à leur guise. Chaque enfant a une personnalité unique, une progression et une évolution qui lui sont propres. On ne peut pas changer son enfant, comme on ne peut pas changer son conjoint. Il faut l’accepter tel qu’il est, l’aimer tel qu’il est.

“Ma fille me ressemble, mais cela ne facilite pas nos rapports pour autant. Elle me confie souvent que son père la comprend mieux que moi ; ce à quoi je réponds qu’il est une bonne chose d’exprimer ce qu’elle ressent, son père étant effectivement moins agacé par certaines de ses attitudes.”

Ainsi s’exprime Khadija, maman de Lamia, 11 ans. Il est nécessaire d’accepter la différence chez un enfant et il faut s’accorder le droit d’en parler. Certes, il n’est pas facile pour un parent de faire face à un enfant qui est constamment en opposition avec lui. Il peut avoir l’impression d’être remis en question, et cela crée un sentiment d’incompétence chez lui. Naturellement, le parent a tendance à vouloir que l’enfant ui a mauvais caractère “se modèle” aux autres et entre dans le rang. En réalité, celui-ci devrait essayer de trouver un juste équilibre entre deux attitudes : respecter le caractère de son enfant pour protéger son originalité et, en même temps, lui apprendre à avoir de meilleures relations avec les autres pour l’aider à devenir un être sociable. Nous sommes tellement proches de nos enfants que nous les voyons comme un prolongement de nous mêmes. C’est une attitude narcissique fréquente et naturelle chez les parents. Mais il faut essayer de parvenir à les voir tels qu’ils sont, sinon, on va au-devant d’un rendez-vous manqué. Quand un parent prend conscience que son enfant est différent, il ne doit pas forcément en conclure que son caractère est incompatible avec le sien, bien au contraire ! Les personnalités de l’un et de l’autre sont parfois complémentaires. Il arrive que l’enfant pousse le parent à sortir de lui-même et à agir d’une façon inhabituelle, mais constructive pour son développement personnel. En quelque sorte, un amour de relation parents-enfants qui se joue sur le mode gagnant-gagnant ! â– 

Il faut respecter le caractère de son enfant pour protéger son originalité, tout en lui apprenant à devenir un être sociable avec les autres.

 

 

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