Ahmed Ghayat donne la parole aux jeunes

Militant associatif pleinement engagé dans un travail sur le terrain, Ahmed Ghayat vient de publier aux Éditions Le Fennec “Des jeunes, des cris”*. Le livre, condensé de témoignages d’une trentaine de jeunes, est le reflet des rêves, frustrations et espoirs d’une jeunesse qui s’accroche.

Qui est-ce qui vous a incité à écrire “Des jeunes et des cris” ?

À force de côtoyer les jeunes, je sens leurs envies, leurs attentes, mais je vois aussi leurs talents. Grâce au Café Politis que nous organisons une fois par mois, j’ai remarqué que lorsqu’on donnait aux jeunes la possibilité de s’exprimer sans censure, sans jugement de valeur, sans volonté de les influencer, ils se saisissaient de toutes les occasions qu’on leur offrait pour parler. J’ai voulu cette fois-ci passer à l’écrit. Le résultat est “Des jeunes, des cris”… d’espoir. Ce sont des témoignages durs, émouvants, mais à la fin il y a toujours une note d’espoir…

Comment s’est fait le choix des parcours sélectionnés ?

Je connais des centaines, voire des milliers de jeunes. Si j’avais pu donner la plume à chacun d’entre eux, il m’aurait fallu 10 tomes. J’ai préféré sélectionner ceux qui pouvaient exprimer des sentiments et des émotions par l’écriture, je les ai contactés, ainsi que d’autres dont je n’avais pas forcément remarqué le talent, mais dont l’implication dans le monde associatif est forte, et j’ai voulu faire un espace de maillage. Il y a des jeunes de toutes les régions et des jeunes marocains de l’étranger… Le livre aurait pu contenir beaucoup plus de portraits, mais l’éditrice, véritable dénicheuse de talents, en a sélectionné 30. Ce sont des textes qui, à mon sens, disent le plus de choses. En relisant ce texte aujourd’hui en tant que lecteur, je me dis que cela aiderait à avoir dans quelques années une vue d’ensemble de l’état d’esprit des jeunes des années 2020.

En tant que militant associatif, quelles évolutions avez-vous décelé chez des jeunes de la fin des années 90 et ceux d’aujourd’hui ?

Il y a effectivement une évolution, mais aussi des similitudes et des différences. Les jeunes des années 90 étaient des enfants de la télé, alors que ceux d’aujourd’hui sont les enfants du Web, et cela a tout basculé, que ce soit en bien ou en mal. Ils sont plus mûrs, vieux avant d’avoir été jeunes. Cette maturité ne doit pas être synonyme de désespoir, de manque de perspective, et c’est là aussi que les adultes ont un rôle à jouer…

Les filles et les garçons sont-ils confrontés aux mêmes problèmes ?

Oui, pratiquement les mêmes. Les jeunes filles subissent également le harcèlement, et elles ont réussi à transformer ce qui est un handicap en atout. Elles visent l’excellence, elles veulent être les meilleures. Ce que j’ai également remarqué, c’est que les jeunes, garçons et filles, qui sont dans une même association, militent et travaillent ensemble, ne connaissent pas ce fléau du harcèlement. Rien n’est inévitable, tout est dans la mixité, la proximité… Notre société malheureusement n’aime pas ses jeunes. On ne dit pas à nos jeunes qu’on les aime, et eux mêmes ne s’aiment pas. La clé de l’épanouissement et du vivre-ensemble est la culture, mais aussi l’amour, l’amitié, la fraternité, la parité …

Et vous même, qu’est-ce qui vous incite à continuer le combat ?

C’est devenu une de mes raisons de vivre. À côté de la vie familiale et professionnelle, c’est ma passion. Je fais cela depuis mon adolescence. C’est dans mon ADN. Ça coule dans mes veines. Il m’est impossible de ne pas militer, de ne pas être sur le terrain, de ne pas m’intéresser à ce que font ces jeunes. Et puis aussi, égoïstement, on milite aussi pour soi, cela apporte énormément de choses. Je reste in, et si je suis branché web, c’est grâce à ces jeunes. En ce moment, je suis en train de voir l’émergence d’une nouvelle dynamique culturelle au Maroc, différente de ce qu’on connaît. C’est la vie. C’est ma vie. υ

(*) “Des jeunes, des cris” d’Ahmed Ghayat, Photographies : Karen Assayag, Éditions Le Fennec.

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