À l’occasion du 1er mai, journée internationale des travailleurs et travailleuses, l’Association Tahadi pour l’Égalité et la Citoyenneté (ATEC), en partenariat avec ONU Femmes Maroc, a donné le coup d’envoi d’une campagne de sensibilisation d’envergure. Ce 30 avril 2025, dans les rues du quartier Derb Omar à Casablanca, des femmes — mais aussi des hommes — ont défilé en arborant un tablier-manifeste : une fiche de poste détaillant les innombrables tâches domestiques assumées quotidiennement par des millions de femmes marocaines.
De cuisinière à éducatrice, en passant par infirmière, intendante ou encore femme de ménage, ce tablier symbolique rend visible un travail indispensable, mais encore largement ignoré, non rémunéré, et inégalement partagé au sein des foyers.
Malgré son importance vitale, le travail domestique reste absent des sphères économiques officielles et pèse quasi exclusivement sur les épaules des femmes. Selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP), elles y consacrent en moyenne cinq heures par jour, contre seulement 43 minutes pour les hommes. « Tant qu’il restera invisible, le travail domestique continuera d’alimenter les inégalités », affirme Bouchra Abdou, présidente de l’ATEC. « Notre action vise à déconstruire les stéréotypes et à construire un nouveau contrat social au sein des foyers. »
Une mobilisation nationale jusqu’en 2026
Baptisée « Ch9a Dare Machi 7ogra », la campagne portée par ATEC et soutenue par ONU Femmes Maroc s’inscrit dans un programme d’action qui se déploiera jusqu’en septembre 2026. L’objectif : réduire d’au moins une heure par jour le temps que les femmes consacrent aux tâches domestiques dans les foyers ciblés, en impulsant un véritable changement de mentalités.
Au programme : campagnes digitales, événements sportifs, théâtre itinérant, affichage urbain, création de contenus engagés (podcasts, vidéos, courts-métrages) et accompagnement des familles via une application mobile innovante pour mesurer la charge domestique réelle.
Ce projet, intégré au programme régional d’ONU Femmes « Dare to Care », s’attaque aux normes sociales discriminatoires en encourageant une répartition plus équitable des responsabilités domestiques et familiales entre hommes et femmes. Il bénéficie du soutien financier de l’Agence suédoise de coopération internationale au développement (Sida).
En cette veille de 1er mai, ATEC et ONU Femmes Maroc rappellent que tout travail mérite reconnaissance, visibilité et partage équitable. Car changer la société commence aussi… à la maison.