C’est une affaire qui fait grincer des dents. La condamnation par le Tribunal de Rabat de trois pédophiles, à deux ans de prison ferme a suscité l’indignation de plusieurs défenseurs des droits de l’Homme ainsi que des internautes sur les réseaux sociaux. Ces derniers dénoncent une injustice inadmissible jugeant la peine de « légère pour un acte horrible ».
Selon les médias, l’enfant de 11 ans a été violée à plusieurs reprises par trois adultes, âgés de 25, 32 et 37 ans. Il s’agit d’un père de 3 enfants, de son neveu ainsi que d’un de leurs voisins. Ces derniers ont profité de l’absence des parents de la fillette pour commettre cet odieux crime. Ils ont menacé de tuer sa famille si elle racontait à qui que ce soit ce qui lui était arrivé. Mais la victime n’a pas pu garder son viol secret surtout après qu’elle est tombée enceinte, et donné naissance à un petit garçon. C’est ainsi que sa famille a découvert les faits sordides.
Les trois prédateurs sexuels ont été arrêtés après la découverte de la grossesse de la jeune fille et jugés après son accouchement. Une expertise médicale par ADN a même identifié le père, jugé et emprisonné, mais nullement tenu, et de par la loi, de reconnaître l’enfant, ni de l’entretenir. Le tribunal a par ailleurs décidé que deux des accusés devaient payer à la victime 20.000 dirhams alors que le troisième lui devait 30.000 dirhams. « Qui sommes-nous si nous acceptons que des pédophiles ne paient pas pour leur crime, si nous tolérons qu’une enfant de douze ans porte seule le poids d’un patriarcat qui déresponsabilise les hommes de leur paternité, punit les enfants de ces pères qui se défaussent, absout les violeurs, les violents, les fossoyeurs de la dignité humaine ? », s’est interrogée sur sa page Facebook, l’historienne et anthropologue Yasmine Chami.
Rappelons que le viol commis sur la personne d’une mineure de moins de dix-huit ans, d’une incapable, d’une handicapée, d’une personne connue par ses facultés mentales faibles, ou d’une femme enceinte, est puni, selon l’article 486 du Code pénal, de la réclusion de dix à vingt ans. « Je compte sur les femmes mais aussi sur les hommes de mon pays pour s’indigner haut et fort, afin que plus jamais des juges n’osent promouvoir par leur décision cette possibilité que le corps martyrisé, la psyché détruite d’une enfant de onze ans ne méritent pas justice », s’est révoltée l’anthropologue sur son réseau social.
C’est ainsi que le contraste entre les textes de loi et la pratique au Maroc se fait de fait de plus en plus ressentir. Pourquoi les peines sont aussi légères quand la loi prévoit jusqu’à 30 ans de réclusion pour une agression sexuelle contre un mineur ? Cette légèreté avec laquelle sont traitées les affaires de viol est tout bonnement intolérable par nombre de Marocains qui n’hésitent pas à exprimer leur colère sur les réseaux sociaux.