La santé mentale et physique des femmes dans le monde demeure un enjeu majeur marqué par d’importantes inégalités, des défis uniques et des statistiques préoccupantes. Les femmes sont deux fois plus susceptibles que les hommes de souffrir de dépression et d’anxiété et d’un grand nombre de pathologies. Les femmes marocaines n’échappent pas à cette situation. Santé reproductive, douleurs menstruelles invisibilisées, IST en hausse, tabous autour de la ménopause ou charge mentale ignorée : autant de réalités qui façonnent un quotidien souvent passé sous silence. Parce que la santé des femmes est aussi un puissant levier contre les inégalités, il est temps de regarder ces enjeux en face.
Les données de l’OMS parlent d’elles-mêmes. Chaque année, 2,3 millions de femmes dans le monde sont diagnostiquées d’un cancer du sein, première cause de mortalité par cancer chez les femmes. Au Maroc, 40.000 nouveaux cas de cancers sont diagnostiqués chaque année, dont 36% sont des cas de femmes atteintes du cancer du sein selon les chiffres officiels. Pourtant, le dépistage reste irrégulier, souvent freiné par le manque d’information, l’isolement ou l’inégalité d’accès aux soins. Sensibiliser n’est plus une option, mais une nécessité. Au-delà du cancer, d’autres sujets restent largement ignorés dans le débat public : douleurs gynécologiques chroniques, troubles de la fertilité, symptômes liés à la ménopause, santé menstruelle… Autant de questions fondamentales pour la qualité de vie des femmes, mais encore reléguées à l’arrière-plan.
Du côté de la santé mentale, la réalité est tout aussi préoccupante. Les femmes sont deux fois plus touchées que les hommes par les troubles anxieux et dépressifs, selon l’OMS. Pressions sociales, charge mentale, violences, précarité économique : un cocktail de facteurs qui pèsent lourd, mais qui restent encore trop peu pris en compte dans les politiques de santé.
À travers ce dossier, nous donnons la parole à des spécialistes en gynécologie, des psychiatres, des psychologues, des oncologues, mais aussi à celles qui vivent ces réalités au quotidien. Car parler de la santé des femmes, c’est plus qu’un enjeu médical : c’est une cause sociale, politique et humaine, qui mérite d’être entendue haut et fort.