Dans la rue, les femmes ne sont pas libres. Sujettes aux regards importuns, aux commentaires déplacés, aux attouchements, voire même aux agressions physiques, elles vivent des moments de grande solitude et de vulnérabilité. Car, ne nous leurrons pas, les femmes sont à peine tolérées dans l’espace public, lieu d’expression par excellence de la virilité et de la domination masculines.
En fait, la rue a un genre, et celui-là ne joue pas en faveur des femmes. Celles-ci ne sont pas exclues de la rue, mais c’est leur liberté de s’y mouvoir qui est entravée. Obligée d’adapter un comportement de circonstances : tête baissée, pas rapides, attitudes pudiques, la femme est incitée à entrer dans un moule stéréotypé.
La mixité sociale apparente cache en vérité un profond malaise propre à une société qui a connu beaucoup de mutations sans pour autant accompagner ces changements d’une éducation à l’égalité des sexes dans les représentations féminines et masculines chez le citoyen. Dans ce contexte, la femme est diabolisée. C’est dire que l’espace public est accessible aux femmes, mais sous certaines conditions.
L’idée de penser l’espace public de façon à ce que les femmes s’y sentent en sécurité est une priorité. Aussi, pour que nos villes ne soient plus misogynes, il est essentiel d’appréhender l’espace urbain de façon différente, en associant à cette réflexion des architectes-urbanistes sensibles à l’approche genre.
La protection des femmes dans l’espace public est un projet de société de longue haleine, car si une loi protégeant les femmes contre les violences est en vigueur depuis quelques années déjà, reste à la voir confrontée à notre réalité, et surtout à la prise de conscience des hommes.