Combien de fois ? Combien d’orgasmes?”… Lorsqu’on parle des rapports sexuels, il est souvent question de chiffres. Comme pour les autres activités de notre vie, il faut faire vite, plus et mieux. La sexualité est évaluée, quantifiée et sujette à une recherche permanente d’accomplissement et de performance. Et c’est franchement fatigant ! “Il est extrêmement fréquent au cabinet que les femmes se plaignent que leurs hommes ne pensent qu’à faire l’amour sans prendre en compte leurs besoins de temporisation, de romantisme et de préliminaires nécessaires”, souligne le sexologue Bernard Corbel. Selon lui, cet empressement en matière de désir sexuel n’est vraiment pas synonyme de réussite. “Les modèles issus du porno en sont un bon exemple. On peut le qualifier d’amour triste, sans parler des impacts sur les addicts du porno”, poursuit-il.
Et si on s’arrêtait un moment pour dire stop à cette frénésie sexuelle et faire le choix de la lenteur ? À l’opposé du fameux “quicky”, qui privilégie l’orgasme rapide, le “slow sex” va au contraire nous inciter à ralentir et à redécouvrir le désir en jouant avec nos sens et nos sensations. La bonne nouvelle, c’est que l’été, saison érotique par excellence, est là ! Et c’est l’occasion idéale pour s’y mettre. “L’été avec son ensoleillement et l’augmentation de la luminosité est favorable à l’éclosion des pulsions sexuelles et des fantasmes. Il symbolise donc l’ouverture vers des horizons nouveaux et un relâchement par rapport à la productivité habituelle”, appuie l’expert. “Et bien sûr, si l’été est aussi le moment de vacances pour l’un et pour l’autre, alors le moment est encore plus favorable. Les amours romantiques d’été sont absolument formidables”, ajoute-t-il.
Plus c’est lent, plus c’est bon
Mais que signifie la notion de lenteur dans le domaine sexuel ? “Le slow sex est une des façons de faire l’amour. En pratique, il devrait être la première forme, celle qui permet d’explorer les émotions, de développer l’empathie et l’imaginaire des deux partenaires”, nous explique Bernard Corbel.
Comme son nom l’indique, le slow sex consiste en une approche calme, basée sur la pleine conscience partagée de l’instant présent, privilégiant la dimension tactile (massages et caresses) à une action centrée sur la pénétration. “Cette pratique suppose l’aptitude masculine à se contenir par rapport à sa pulsion de pénétration”, poursuit le sexologue. Cette approche lente est intégrée dans la philosophie tantrique. “Le slow sex correspond beaucoup au fantasme féminin, il tend à prolonger les préliminaires perçus par beaucoup comme le meilleur moment de l’amour. “Il n’évince pas la fougue dans le rapport mais celle-ci est reportée à plus tard”, nuance le spécialiste.
Et les avantages du slow sex sont nombreux : amélioration de la communication au sein du couple, accentuation de la douceur et intensification du respect mutuel. Cette pratique encourage les partenaires à explorer leurs désirs et leurs limites, à travers une écoute attentive de leurs besoins respectifs. Cela permet de mieux se connaître et de mieux connaître son partenaire.
Pour Bernard Corbel, cette approche sexuelle peut être un véritable remède à différents dysfonctionnements comportementaux liés à l’amour.
Un voyage émotionnel
Axé, non sur l’orgasme, mais sur le plaisir, le slow sex consiste à mettre de la douceur et de la sensualité dans la sexualité. Pour le réussir à deux, le spécialiste recommande à la gent masculine de ralentir la cadence. “Un peu comme dans le tantra, on peut considérer que le slow sex est une voie féminine, et de ce fait que l’homme doit apprendre à se caler sur le rythme lent et progressif de la montée en puissance du désir de la femme.” Cela passe par une écoute attentive des besoins de l’un et de l’autre, insiste le sexologue. “L’ouverture de la parole autour des besoins en matière de toucher et être touché, la compréhension et l’empathie, voilà des clés qu’il faut développer dans un couple.”
“Intégrer les massages à deux tout en gardant à l’esprit que l’art du massage requiert la concentration, les caresses, la détente, l’écoute, la conscience du temps présent.” Toutes ces choses vont permettre, selon le psychothérapeute, d’éveiller les sens et de préparer le corps et l’esprit à une expérience plus profonde et plus intense. Autre notion importante pour un slow sex réussi, est d’arrêter de rechercher à tout prix des sensations toujours plus fortes qui, en réalité, nous insensibilisent. “L’impulsion n’est pas la bonne amie du slow sex. Il s’agit d’oublier les injonctions à l’orgasme et cette tendance à passer du désir à l’acte tout en méconnaissant le rythme nécessaire à la montée en puissance du désir ainsi que des besoins du ou de la partenaire”, conclut Bernard Corbel.
En somme, le meilleur des conseils en slow sex est finalement de ne pas en suivre… Expérimentez, ressentez, échouez et réessayez ! Les sensations viendront d’elles-mêmes.
