C’est mon histoire : L’argent ne fait pas le bonheur

Rita a toujours été exclusivement intéressée par les hommes au portefeuille bien garni. S’ils n’arboraient pas la Rolex au poignet, la Mercedes et la villa qui va avec, ils n’avaient pas intérêt à croiser son chemin. Elle a fini par se marier avec cet idéal masculin mais a rapidement déchanté. Voici son histoire.

Je n’ai jamais eu honte de le reconnaître : je suis ce que les hommes appellent une “Michto”. Autrement dit, une femme vénale, attirée par tout ce qui brille. J’aime les hommes riches, ceux qui ont un ou plusieurs comptes en banque bien garnis, des voitures de luxe, un yacht, une maison dans les beaux quartiers de la capitale économique et bien évidemment une résidence secondaire à Kabila ou dans une destination branchée. Des hommes capables de me garantir la vie de luxe à laquelle  j’ai toujours été habituée, étant moi-même issue d’une famille aisée qui m’encourageait implicitement à ne jamais m’amouracher d’un homme de “basse condition” et sans fortune… Des consignes qui ne sont pas tombées dans l’oreille d’une sourde, car je nourrissais les mêmes ambitions et les mêmes visées. 

Habituée aux soirées mondaines, j’ai donc rencontré celui que j’avais décidé d’épouser au cours d’une dîner organisé chez des amis de mes parents. Il était “fils de”, avait grandi dans une grande famille et a hérité d’un patrimoine important qu’il continuait à fructifier. Il habitait Anfa supérieur à Casablanca et roulait en Porsche. Il cochait toutes les cases. “Rita, c’est bien ça? Enchanté. Moi c’est Ali”, m’avait-il susurré à l’oreille. Je suis tout de suite tombée sous le charme.

Un célibataire endurci

À 39 ans, Ali était toujours célibataire. Il avait belle allure avec ses cheveux noirs d’ébène, sa haute stature et son regard qui vous fait sentir comme unique. Nous avons passé la soirée à discuter. Les effluves de son parfum “Vétiver Tonka”, m’enveloppaient et m’ensorcelaient. Durant nos échanges, une question n’a cessé de me tarauder, et j’ai fini par la lui poser : “comment se fait-il qu’a 39 ans, tu n’es toujours pas marié ?”. Il me répondit du tac au tac : “Je suis un gentleman célibataire convoité et courtisé”. J’ai trouvé sa réponse un peu prétentieuse, juste ce qu’il faut pour me donner encore plus envie de le conquérir. Après cette première soirée, il m’a invité à bruncher le lendemain au golf de Casablanca. Je me souviens avoir eu des papillons dans le ventre, mon cœur s’était emballé et dans ma tête, je me voyais déjà porter son nom et fonder une famille. En rentrant chez moi, je me suis empressée de tout raconter à mon meilleur ami. “M’hamed, j’ai rencontré l’homme de ma vie”, lui ai-je annoncé tout de go. 

Une Lady triste

Je connais M’hamed depuis le collège. C’est vrai qu’il appartient à une famille assez modeste par rapport aux standards établis par ma famille, mais le fait est que notre amitié ne souffre pas de ces considérations. M’hamed est mon confident, la seule personne en qui j’ai confiance, qui me fait rire, mais qui sait aussi me bousculer, car il n’a pas sa langue dans la poche. Dans ce monde de faux-semblants dans lequel je baigne depuis toujours, il était ma boussole, celui qui me ramène sur terre et me fait prendre conscience que tout le monde n’est pas “fake” et superficiel. “C’est la énième fois que tu me dis avoir trouvé l’homme de ta vie, Rita. Fais attention à ne pas te brûler les ailes”, me dit-il. Cette mise en garde n’a pas eu raison de mon envie d’épouser Ali.

Tout est allé vite, beaucoup trop vite. J’étais prise dans  le tourbillon de l’amour. Je me suis mariée avec Ali six mois à peine après notre rencontre. Notre mariage s’est fait dans le faste et dans le respect des coutumes. J’ai dit oui à l’un des hommes les plus convoités de Casablanca, et pourtant, au fond de moi, je n’étais pas particulièrement heureuse. 

Après une très courte lune de miel aux Maldives, Ali a été happé, dès notre retour, par le train trépident de ses activités. Notre vie était rythmée par les dîners d’affaires et les soirées mondaines. Lorsqu’il n’était pas sur les routes pour se rendre sur ses différents chantiers, il était sur les parcours de golf pour parler affaires, ce qui m’horripilait grandement. Face à  mes remarques, il me disait : “Rita, comment veux-tu que j’assure ton train de vie de princesse des beaux quartiers de Casablanca ? C’est entre deux “putt” que je signe mes meilleurs contrats”. Pour conpenser son absence, il me couvrait de cadeaux. J’avais accès à sa carte “Platinum”. Je faisais du shopping tous les jours, mais acheter un “Lady” Dior ne me rendait pas heureuse. J’étais une Lady triste qui souffrait de l’absence de son mari et dépérissait de jour en jour. Je m’ennuyais à mourir, seule dans cette villa immense…

Adieu la vie de flambeuse

Je trouvais refuge dans les paroles réconfortantes de mon meilleur ami. Comme à son habitude, il était là, toujours prêt à me soutenir et à m’apporter le réconfort qui me manquait cruellement. M’hamed m’offrait tout ce que Ali ne pouvait me donner. Du temps, de l’affection, des bras dans  lequels  je pouvais me blottir, une écoute attentive et une présence indéfectible… Toutes les valeurs affectives qui ne s’achètent pas. Je me suis donc rapprochée davantage de lui. On passait des heures au téléphone à papoter, et puis j’allais souvent chez lui pour échapper à ma solitude,  et ce qui devait arriver, arriva : nous sommes devenus amants. M’hamed m’aimait depuis toujours, mais n’avait jamais voulu s’imposer dans ma vie… 

M’hamed était aux antipodes de Ali. Il n’était pas né avec une cuillère en argent dans la bouche. Ce n’était pas non plus un magnat de l’immobilier, mais travaillait dans un cabinet d’audit et de conseil. Il n’était pas un nanti et n’habitait pas le quartier Californie. Je découvrais au fil des jours M’hamed sous un autre visage, et je le voyais avec d’autres yeux. C’était un être d’une générosité incroyable, qui me transférait par son humour et sa joie de vivre. Il était indéniablement mon Roméo et j’étais sa Juliette. Mon mariage avec Ali ne pouvait plus durer. J’ai demandé le divorce un an à peine après notre mariage, sans regrets et sans bruit : Ali avait compris que je n’étais pas heureuse et que nous n’avions rien en commun. 

J’ai tourné la page des rêves farfelus et stériles. Quelques mois après mon divorce, je me suis mariée avec M’hamed. Ce faisant, je me suis mis à dos ma famille et j’ai fait le choix de faire le deuil de ma vie de flambeuse. En retour, j’ai gagné l’amour, le respect, la complicité et la protection d’un homme aimant et toujours présent. Et cela n’a pas de prix.

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