L’autonomie est incontestablement la condition majeure à un avancement pérenne de la condition féminine. Si le combat se joue sur de nombreux fronts notamment législatif, l’indépendance économique est la seule voie offerte aux femmes pour pouvoir jouir des droits dont elles sont en quête. Dans cette équation, l’emploi reste le principal fer de lance.
Dans un Maroc en pleine effervescence économique et sociale, l’emploi féminin peine à décoller. Pourtant les initiatives se multiplient et la volonté politique est déclarée.
Ces dernières années, nous avons observé un développement remarquable de nouvelles activités professionnelles féminines, en dehors des cadres classiques et formels, notamment sur les réseaux sociaux. Cette nouvelle dynamique qui, toutefois, ne peut constituer une réponse ou une alternative à la problématique de l’emploi féminin, est porteuse de messages qu’il convient de souligner. D’une part, le pouvoir d’adaptation, la créativité et la débrouillardise des femmes marocaines est avérée et de l’autre, la flexibilité qu’offre ce type d’activité permet aux femmes à qui l’on demande d’être au four et au moulin d’avoir des revenus tout en assurant les tâches “historiquement attribuées” liées à la gestion du foyer.
Le manque de flexibilité permettant de contourner les contraintes sociétales et familiales s’ajoute ainsi à la longue liste d’obstacles tels que l’inégalité salariale et le manque de financement, continuant d’entraver la libération de l’énergie et du potentiel des femmes dans le milieu professionnel.
Des efforts sont en cours pour des réformes législatives visant à instaurer une véritable égalité et à renforcer les droits des femmes, notamment dans la prise en charge du foyer, le divorce et la garde des enfants. Toutefois, ces avancées resteront conditionnées par les capacités financières des femmes, soulignant l’importance d’une inclusion économique totale pour compléter cette dynamique globale.
Dans le dossier de ce mois, Femmes du Maroc s’est penchée sur la situation de l’emploi féminin dans notre pays. De nombreuses pistes de solutions sont soulevées par les parties prenantes à qui nous avons donné la parole. En plus des leviers techniques à mettre en place, les efforts sont le plus demandé actuellement au niveau de la sensibilisation des employeurs à l’importance de la diversité en milieu de travail ; aux politiques favorisant l’équilibre entre vie professionnelle et vie familiale ; à l’adaptation du cadre professionnel pour offrir les conditions nécessaires à l’inclusion des femmes…
Ce sont les chaines invisibles qui semblent plomber l’essor de l’emploi féminin et qu’il est essentiel de rompre pour compléter les conditions d’une inclusion véritable qui profitera à l’ensemble du pays.