Le HCP a publié les résultats de son enquête nationale 2022–2023, menée auprès de 18.000 ménages représentatifs de l’ensemble du territoire. Les données montrent que la dépense annuelle moyenne par ménage est passée de 76.317 DH en 2014 à 83.713 DH en 2022, atteignant 95.386 DH en milieu urbain contre 56.769 DH en zone rurale. À l’échelle individuelle, la dépense par personne est ainsi passée de 15.876 DH à 20.658 DH, avec une progression annuelle moyenne de 1,1 %. Cette dynamique a été particulièrement marquée jusqu’en 2019 (+3,1 % par an), avant de s’inverser pendant la période post-Covid (–3,1 %).
Les habitudes de consommation des ménages se sont aussi transformées. La part consacrée à l’alimentation a légèrement augmenté, tout comme celle dédiée au logement et à l’énergie. À l’inverse, les dépenses en loisirs et culture ont fortement reculé, tout comme celles liées aux soins de santé et au transport. Ces évolutions traduisent des arbitrages budgétaires imposés par une conjoncture économique difficile.
Le coefficient de Gini, indicateur des inégalités, est ainsi passé de 39,5 % en 2014 à 40,5 % en 2022. Par ailleurs, bien que la pauvreté absolue ait reculé de 4,8 % à 3,9 % sur la période, le taux de pauvreté en milieu urbain a légèrement augmenté, tandis qu’en zone rurale il a diminué de façon plus significative.
Enfin, la vulnérabilité économique demeure préoccupante avec près de 4,75 millions de personnes exposées au risque de basculement dans la pauvreté, cette menace s’étant accentuée notamment dans les villes. Le rapport du HCP souligne la nécessité de repenser les politiques publiques, afin de mieux soutenir non seulement les couches les plus vulnérables mais aussi la classe moyenne, qui peine à profiter pleinement des fruits de la croissance.