Devant les 80.000 spectateurs du Caesars Superdome de la Nouvelle-Orléans, et probablement plus de 100 millions d’Américains face à leur écran, l’enfant de Compton, banlieue défavorisée de Los Angeles, est devenu dimanche soir le premier artiste de hip-hop à assurer en solo l’incontournable concert de la mi-temps de la finale du championnat de football américain, après la performance collective des stars du rap Snoop Dogg, Dr Dre, Eminem — et déjà, Kendrick Lamar — en 2022.
Pour ce quart d’heure de gloire tardif du genre musical dominant aux Etats-Unis, il a enchaîné les classiques — “Humble”, “DNA” — et les morceaux de son dernier album “GNX”, comme “Peekaboo” ou “Squabble Up”. D’abord accroupi, casquette à l’envers sur la tête, sur le capot de cette Buick GNX qu’il affectionne, puis entouré de danseurs tournoyants vêtus de bleu, blanc et rouge, qui à un moment ont formé un drapeau des Etats-Unis.
Certains s’attendaient à une charge contre Donald Trump, présent dans les tribunes pour une partie du match, après trois semaines de mesures radicales depuis le retour du républicain à la Maison Blanche. Peut-être Kendrick Lamar a-t-il abordé le sujet quand il a lancé : “la révolution sera télévisée, vous avez choisi le bon moment, mais pas le bon gars”.
Pendant le show, un manifestant est parvenu à brièvement monter sur la voiture pour brandir un drapeau palestinien marqué des mots “Soudan” et “Gaza”, une irruption dont la Ligue de football nord-américain (NFL) et la société Roc Nation, qui produit le concert, ont dit tout ignorer.
Mais le rappeur de 37 ans, considéré comme l’un des meilleurs de sa génération, a préféré envoyer un message plus symbolique sur le manque de reconnaissance de la culture hip-hop et la place des Afro-américains dans la société des Etats-Unis, à travers un dialogue inattendu avec un “Oncle Sam” incarné par l’acteur Samuel L. Jackson.
“Non, non, non, noooooooon. Trop bruyant, trop inconscient, trop +ghetto+. M. Lamar, est-ce que vous savez vraiment comment on fait?”, lui lance “Oncle Sam” après les premiers vers.
Malgré les remontrances, Kendrick Lamar a continué de rapper, danser et marcher vers l’avant, une image d’émancipation à laquelle il se réfère souvent dans ses textes.
