La nuit tombait sur Fès et les murs séculaires de Bab Al Makina se paraient de lumière, vendredi 16 mai, pour célébrer le coup d’envoi de la 28e édition du Festival des Musiques Sacrées du Monde. Sous le regard bienveillant de Son Altesse Royale la Princesse Lalla Hasnaa, venue présider la cérémonie inaugurale placée sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le festival a ouvert ses portes dans une atmosphère empreinte de spiritualité.
Dans son mot d’ouverture, le président de la Fondation “Esprit de Fès” et organisateur du festival, Abderrafia Zouitene, a rappelé l’importance de cette manifestation qui, au fil des années, s’est imposée comme un rendez-vous incontournable sur la scène culturelle internationale. « Grâce à la haute sollicitude de SM le Roi Mohammed VI, ce festival est devenu un événement culturel reconnu, incontournable pour les valeurs qu’il incarne, des valeurs qui font écho aux piliers fondamentaux de notre Royaume, à savoir la coexistence harmonieuse, l’ouverture, la tolérance et la spiritualité. Fès est un symbole de l’ouverture. L’ouverture que la ville a historiquement cultivée influence de manière significative les échanges entre les civilisations méditerranéennes et africaines, et nous rendrons hommage à ce renouveau avec la thématique de Renaissances. », a-t-il souligné.
Une fresque vivante
Le rideau s’est levé sur une création pluridisciplinaire d’envergure, intitulée « Renaissances, de la Nature au Sacré ». Cette véritable fresque vivante a mêlé poésie, chant, danse et projection visuelle. Dans une scénographie narrative et chorégraphique immersive, les spectateurs ont été entraînés dans un voyage à travers les siècles et les continents. Les voix des femmes de Mayotte perpétuant le rituel soufi du Deba, les chants de l’ensemble Areej du Sultanat d’Oman, les percussions puissantes des Tambours du Burundi, les danses mystiques du Sama de Meknès ou encore les performances colorées des troupes ivoiriennes et sénégalaises ont fait vibrer les murs historiques de la mythique place Bab Al Makina.
Parmi les instants les plus vibrants, la prestation de la mezzo-soprano Battista Acquaviva a enchanté les spectateurs. Sa voix, pure et cristalline, a redonné vie aux chants sacrés de la Renaissance italienne dans une mise en scène onirique. La parole habitée du comédien malien Habib Dembelé, narrateur entre ciel et terre, a grandement marqué la soirée. Les différentes performances ont été sublimées par un travail de mapping vidéo saisissant, transformant les pierres en écrin vivant et rendant hommage à la beauté du monde et à l’esthétisme d’une Afrique spirituelle.
Le public n’a pas tardé à se laisser emporter. Loubna, venue spécialement de Rabat, nous a confié : « Je connaissais le festival de réputation, mais c’est la première fois que j’y assiste en vrai. Et ce que j’ai vécu ce soir a dépassé toutes mes attentes. Il y avait quelque chose d’universel, de profondément humain, dans cette manière de raconter la renaissance à travers autant de cultures ». Une émotion partagée par de nombreux festivaliers, touchés par la puissance évocatrice de ce concert inaugural.
Un rendez-vous prestigieux
La cérémonie a aussi été marquée par la présence d’importantes personnalités diplomatiques et culturelles, parmi lesquelles Mohamed Mehdi Bensaid, ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, ainsi que les ambassadeurs d’Italie, des Émirats Arabes Unis, du Sénégal, d’Azerbaïdjan, de Turquie, du Sultanat d’Oman et d’Espagne. La forte délégation italienne, pays d’honneur de cette édition, a rappelé le lien profond tissé entre Fès et Florence, deux cités jumelles unies par leur amour de l’art et de la spiritualité.
Au terme de cette soirée inaugurale, SAR la Princesse Lalla Hasnaa a remis le Prix Jeunes talents – Esprit de Fès, organisé en partenariat avec la Fondation Esprit de Fès, aux lauréats du conservatoire de musique de la ville : Imane Berrada (piano), Hiba Azzegar (qanoun), Zakaria Almoubakir (violon) et Saad Ghannami (oud).
La 28e édition du Festival se poursuivra jusqu’au 24 mai, accueillant plus de 200 artistes venus de 15 pays, dans une programmation toujours aussi exigeante qu’éclectique.