Salon du cheval d’El Jadida : les femmes en force

Le Salon du cheval célèbre les femmes dans le monde équestre à travers diverses activités, concours, et une participation importante à l'événement. La 16ème édition, du 30 septembre au 5 octobre 2025, mettra en valeur le lien entre l'homme et le cheval, le rôle des femmes dans la culture équine, et la participation féminine active aux compétitions comme la Tbourida.

On les voit apparaître dans les paddocks au petit matin, souvent discrètes, concentrées, les gestes précis, les bottes couvertes de poussière. Puis elles entrent en piste, le regard calme, les rênes souples, les talons bas. Le cheval les suit sans tension, confiant, attentif. Ce n’est pas une scène rare. C’est le quotidien, aujourd’hui, du Salon du Cheval d’El Jadida, qui depuis dix-sept ans, accueille et accompagne l’émergence d’une nouvelle équation équestre au féminin. Une équation fondée sur l’expertise, l’intuition, la maîtrise et la sensibilité. Et sur une vision renouvelée du lien au cheval.

Cette année, le Salon a choisi de placer son édition sous le thème « Le Bien-être du Cheval : Trait d’union entre les pratiques équestres ». Ce choix résonne puissamment avec la place croissante des femmes dans la filière équine marocaine et mondiale. Car si le bien-être du cheval est devenu une exigence éthique, il est aussi un prisme. Et ce prisme met en lumière, avec de plus en plus d’évidence, la manière dont les femmes pratiquent, accompagnent, soignent, forment, élèvent et célèbrent le cheval au Maroc.

Une scène centrale : le Salon comme espace de légitimation

Longtemps, les femmes ont évolué à la marge du monde équestre marocain. Observatrices dans les tribunes, parfois cavalières en club, rarement présentes dans les compétitions de haut niveau, et presque absentes de la Tbourida. Ce temps-là n’est plus. Il ne s’est pas effacé brutalement, mais il a reculé, lentement, sûrement, à mesure que les femmes se sont imposées par le geste, par la compétence, par la régularité.

Le Salon du Cheval d’El Jadida a été, et reste, un accélérateur de cette reconnaissance. Sur les carrières, dans les boxes, dans les salles de conférence, dans les démonstrations pédagogiques, la présence féminine est devenue constante, visible, respectée. Le Salon ne leur a pas simplement donné un espace : il leur a offert une légitimité fondée sur la rigueur et l’engagement, loin des effets d’annonce ou des quotas imposés.

Chaque année, de nouvelles figures s’y révèlent. Des cavalières de saut d’obstacles venues des clubs de Rabat ou Casablanca. Des dresseuses autodidactes, formées sur internet et dans les écuries de campagne. Des vétérinaires aux mains fermes, au regard doux, capables de calmer un entier rétif en quelques secondes. Des maréchale-ferrantes, des artistes brodeuses, des soigneuses, des palefrenières. Une galaxie discrète, mais solide. Et chaque année, elles sont plus nombreuses.

L’occasion pour rappeler ici, la participation de Jean-Louis Gouraud au programme des conférences scientifiques et culturelle du Salon. Celui-ci a édité en 2024 Amazones (Actes-Sud) un inventaire de cinq cents femmes de cheval dans le monde, à la fois des écuyères de cirque ou de haute-école, des championnes de dressage ou de saut d’obstacles, mais aussi des éleveuses, des cascadeuses, des driveuses, des entraîneuses, des vétérinaires, des éthologues, des thérapeutes, des chercheuses, des artistes, des photographes, des poétesses d’hier ou d’aujourd’hui.

Le bien-être du cheval comme miroir d’un rapport féminin au vivant

Ce que révèlent ces femmes, dans leur diversité, c’est une autre manière de concevoir la relation au cheval. Moins hiérarchique, moins brutale, plus attentive, plus fluide. Ce n’est pas une approche naïve, ni simpliste. C’est une technicité exigeante, mais traversée par une forme d’intuition du rythme, de la communication non verbale, du respect du corps animal.

Dans le cadre de cette édition 2025, où le bien-être équin devient le fil rouge de toutes les pratiques exposées, cette vision prend un relief particulier. Car il ne s’agit plus seulement de performance, de résultats, de vitesse ou de style. Il s’agit d’écoute, de régularité, de compréhension fine des signaux faibles. Et c’est souvent dans ces détails que les femmes font la différence.

Certaines cavalières utilisent des embouchures sans mors. D’autres préfèrent monter en licol éthologique. D’autres encore travaillent leurs chevaux à la voix, sans éperon, sans cravache, avec des gestes presque imperceptibles. Ce n’est pas un rejet des traditions ou de la technique classique. C’est une appropriation sensible, où le confort de l’animal devient un objectif partagé, une fin en soi, et non un prérequis à la victoire.

Des trajectoires plurielles, un même horizon

L’une est vétérinaire dans une province du Sud, sillonne les douars à bord de son pick-up, soigne les chevaux de Tbourida en expliquant aux moqaddem les effets du stress chronique. L’autre est cavalière dans un club privé de la périphérie de Casablanca, enchaîne les compétitions et forme les jeunes générations à l’écoute du cheval. Une troisième est éleveuse, sur les terres de sa famille, et sélectionne patiemment des lignées d’Arabe-Barbe. Une quatrième est maréchale-ferrante à part entière, posant des hipposandales pour éviter les douleurs dorsales.

Elles ne se connaissent pas toutes, mais elles partagent le même amour du cheval, la même rigueur, et la même volonté de transformer la filière de l’intérieur. Et c’est à El Jadida, dans les allées du Salon, dans les paddocks ou lors des colloques, qu’elles croisent leurs voix. Qu’elles se reconnaissent. Qu’elles tissent, peu à peu, un réseau d’influence féminine dans un monde longtemps masculinisé.

Une Tbourida au féminin : audace et enracinement

S’il est un terrain où cette mutation est visible, c’est bien celui de la Tbourida. Cette année encore, le Salon accueille des sorbas féminines, venues de régions où l’on pensait encore il y a dix ans que ce genre d’audace était impensable. Elles s’élancent comme leurs pairs. Elles tirent au bon moment. Elles maîtrisent la ligne, la respiration, la salve. Et elles impressionnent. Non parce qu’elles sont des femmes, mais parce qu’elles sont des cavalières accomplies.

Cette transformation n’est pas un détail symbolique. Elle dit quelque chose de profond : les codes peuvent évoluer sans se dissoudre. La tradition peut s’ouvrir sans se trahir. Et le bien-être du cheval, dans cette discipline aussi, peut devenir un axe d’ajustement : meilleure ergonomie des selles, réduction du poids porté, choix des allures adaptées au cheval, travail à pied renforcé. Là encore, ce sont souvent les cavalières qui initient ces évolutions, en toute intelligence avec leurs sorbas.

Le Salon comme scène, creuset et horizon

Il ne suffit pas de dire que les femmes ont leur place dans le monde du cheval. Il faut leur donner les moyens de l’occuper pleinement. Et c’est ce que fait le Salon, depuis plusieurs éditions. En accueillant leurs récits. En reconnaissant leurs parcours. En mettant à l’honneur leur expertise, sans condescendance. En les intégrant aux compétitions, aux conférences, aux démonstrations. Pas en créant des espaces séparés, mais en ouvrant les espaces partagés.

Un nouvel équilibre entre exigence et sensibilité

Ce que cette nouvelle équation apporte au monde équestre marocain, c’est un rééquilibrage subtil mais décisif. Une manière de conjuguer excellence et douceur, maîtrise technique et relation apaisée, tradition et innovation. Une manière de parler au cheval sans le contraindre. De le préparer sans l’épuiser. De le célébrer sans l’instrumentaliser.

Et si le bien-être du cheval devenait, grâce aux femmes, non plus seulement une norme à atteindre, mais un langage à habiter ? Le Salon du Cheval d’El Jadida, en tout cas, en est convaincu. Et il le montre, chaque jour, dans chaque paddock, chaque tribune, chaque échange.

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