Hind Kharifi : “Mon prochain album aborde le féminisme de manière ludique et éducative”

Hind Kharifi fait partie de ces illustratrices marocaines qui s’imposent sur la scène du design et du graphisme avec talent et passion. À travers ses dessins et planches, Hind dévoile un monde imaginaire, empreint de féérie et de sérénité, et interroge le lien de l’homme avec la nature, la construction de l'identité et les inégalités de genre. Interview

Parlez-nous de votre parcours et de vos aspirations ?
Mon parcours artistique a été façonné par ma passion précoce pour la bande dessinée. Après avoir réalisé mon premier album manga en 2014, j’ai ressenti un appel profond à explorer davantage ce domaine artistique. Cette aspiration m’a conduit à postuler aux Beaux-Arts de Tétouan, où j’ai été sélectionné. Là-bas, j’ai suivi une formation en design pour perfectionner mes techniques. Après avoir obtenu mon diplôme, j’ai commencé à travailler en illustration et en graphisme, participant notamment à des résidences artistiques telles que Jidar et plus récemment la Maison de la BD à Blois, en France. Enfin, la résidence Khaliya avec la fondation Hiba a été une étape cruciale dans mon parcours, me permettant de concrétiser mes ambitions en contribuant à la réalisation d’un premier album, même collectif.

Comment pourriez-vous décrire votre univers ?
Mon univers artistique est un monde imaginaire, empreint de féérie et de sérénité, où la nature occupe une place centrale. J’aspire à immerger mes lecteurs dans ce paysage onirique, où la puissance de la nature se mêle à la douceur de l’enfance. Je souhaite raviver l’esprit enfantin qui sommeille en chacun, les invitant à s’évader du tourbillon de notre monde moderne pour se perdre dans les méandres des rêves. Ce désir d’évasion trouve son origine dans les histoires que me racontait ma grand-mère, où je devenais l’héroïne principale, une expérience qui résonne avec la magie des univers créés par des artistes qui m’inspirent tant aujourd’hui, tels que Miyazaki.

Quels sont vos sujets de prédilection ?
Mes sujets de prédilection gravitent souvent autour de l’enfance et de ses questionnements profonds. Je m’interroge sur la construction de l’identité, sur les inégalités de genre ressenties dès le plus jeune âge, et sur les liens entre l’homme et la nature, explorant ainsi les méandres de l’imaginaire enfantin.

Quelle illustratrice ou bédéiste vous inspire ou vous a influencée ?
Parmi les illustratrices qui m’inspirent, je citerais la poétique et féministe Rebecca Dautremer, dont le travail transcende les frontières de l’enfance pour toucher l’âme de chacun. Dans un registre plus engagé, l’artiste japonaise Junko Mizuno a su créer un univers visuel unique. Quand je veux juste lire pour le plaisir, je dévore les doux oeuvres de Sakisaki Io, mangaka que je suis depuis plus de 10 ans et qui me fait rêver à chaque fois !

Quels sont vos aspirations ou projets pour l’avenir ?
Mon projet actuel est un album qui aborde le féminisme de manière ludique et éducative, mettant en scène un personnage singulier et décalé. Mais je souhaiterai explorer davantage cet univers particulier remplit de faune et de flore.

Que vous apporte la résidence Hiba et quelle sera votre empreinte dans le projet final ?
La résidence khaliya, m’a offert l’opportunité de collaborer avec des artistes marocains et étrangers, échangeant ainsi des idées, des techniques et des expériences enrichissantes. Ces interactions ont renforcé mes liens avec la communauté artistique et m’ont permis de développer mon propre langage artistique.
Mon empreinte dans le projet final réside dans une bande dessinée explorant ma relation profonde avec mon doudou d’enfance. Cette histoire, en apparence simple, questionne en réalité le lien unique qu’un enfant peut entretenir avec un objet. Comme j’avais peu ou pas d’amis, échanger avec un jouet et créer ce monde imaginaire m’a amené à me demander : « serais-je aussi créatif aujourd’hui s’il n’avait pas été là ? » Cela m’a fait prendre conscience de l’importance de notre environnement et des choses simples avec lesquelles nous grandissons, et qui marquent notre esprit à jamais.
 
Pour la rentrée scolaire 2024-2025, le programme « Les Ecoles Numériques » mené par la Fondation Orange Maroc en partenariat
L’Boulevard revient du 12 au 15 septembre pour sa 22ème édition. Dans cette interview, Mohamed Merhari (Momo), Co-fondateur du festival
Du 19 au 22 septembre, Tanger célèbrera le retour tant attendu du festival Tanjazz ! La 22ème édition offrira 4
L'athlète marocain Mouncef Bouja a décroché la médaille d'or du 400 m (T12), jeudi lors des Jeux Paralympiques de Paris
31AA4644-E4CE-417B-B52E-B3424D3D8DF4