Souaad Gargari : “Le langage de nos vêtements est révélateur”

Le leadership a-t-il quelque chose à voir avec notre façon de s’habiller ? D’après Souaad Gargari fondatrice de la marque de vêtementsSouaaG, il semblerait que oui. Porter une pièce confortable, à la fois élégante et discrète aurait la force de nous mettre en confiance.

À quel moment avez-vous décidé de quitter votre emploi pour lancer votre marque ?

J’étais encore salariée lorsque j’ai lancé ma marque. J’étais arrivée à un niveau de ma carrière où j’ai senti que j’avais atteint un plafond de verre, je n’évoluais plus et je ne voyais pas de perspective intéressante. Et donc, plus on m’écartait des réunions décisionnelles dans l’entreprise, plus je me rapprochais de mon projet entrepreneurial. Dès que j’ai commencé à m’ennuyer, j’ai repris mes crayons pour dessiner jusqu’au jour où j’ai décidé de prendre des cours de stylisme à distance et tout en continuant à travailler, j’ai créé SouaaG en 2017. En 2021, j’ai quitté mon emploi pour me consacrer à ma marque.

Ce qui interpelle dans vos créations, c’est cette fusion harmonieuse entre le moderne et le traditionnel. Qu’est ce qui vous inspire ?

J’ai toujours admiré les défilés de mode parisiens et les défilés de mode marocains comme Caftan par exemple et en même temps, étant d’origine marocaine, j’ai vu mes grands-mères tisser leurs propres tapis. J’étais fascinée par ce savoir-faire ancestral et je rêvais d’un vêtement qui fusionne mes deux cultures. En dessinant mes propres pièces, je m’inspirais des anciens basiques français des années 30, 40 et de la passementerie marocaine. Je voulais faire revivre ces techniques artisanales très anciennes et les introduire dans notre vestiaire contemporain.

Justement vos vestes à la coupe très moderne et ornées de petits détails de passementerie marocaine, comment ont-elles été accueillies ?

Il faut savoir qu’en France, ils adorent la passementerie. Lorsque j’exposais mes pièces dans un pop up store ou dans les Galeries Lafayette, toutes les personnes qui avaient un lien avec le Maroc, toutes nationalités confondues d’ailleurs, s’approchaient, touchaient les vêtements parce qu’elles étaient attirées par ces détails d’artisanat. Je peux dire que ceux qui croisent mes pièces les trouvent originales et élégantes.

Des célébrités du paysage audiovisuel français ont porté vos vestes à l’écran. Cela vous a fait quoi ?

J’ai sauté de joie. Je ne voulais pas que ce soit une marque communautariste que pour les Marocaines ou les Maghrébines. Je voulais une marque universelle et je voulais aussi exporter cette fusion dans le monde. Je pense que j’ai gagné ce pari, en voyant une grande journaliste éditorialiste française porter une des mes vestes iconiques, la plus marocaine avec “laakad”, dans les débats présidentiels sur une chaîne publique. Je me suis même demandée si ce choix était fortuit ou délibéré. J’ai compris à ce moment-là que ma veste avait du pouvoir, qu’elle transmettait un message de multiculturalité et de diversité.

Le look qu’on arbore et les vêtements qu’on porte sont-il un code ?

Je pense plutôt que le look doit casser les codes. Quand on est une femme leader, l’essentiel c’est d’être alignée avec soi-même et d’accepter qui on est pour être impactante aussi bien sur l’apparence physique que sur la posture. Se sentir à l’aise donne de l’énergie et de l’assurance et par conséquent renforce le leadership.

En parlant de leadership, vous avez lancé les ateliers “Level up” dans lesquels vous invitez les femmes dirigeantes à échanger autour du langage des vêtements, n’est-ce pas ?

Oui c’est bien cela. Ces ateliers sont des moments de rencontre, d’échanges et de partage sur des thématiques et des problématiques que rencontrent les femmes dirigeantes. C’est aussi un rendez-vous pour parler du langage de nos vêtements, de notre posture de femme leader. L’idée est d’aider les femmes à prendre confiance pour dépasser leurs limites et réussir dans leurs projets et même dans leurs vies personnelles. Ces ateliers reprendront cette année 2023 sous un autre nom.

Vous venez d’organiser un défilé et vous avez choisi des femmes entrepreneures pour porter vos vêtements. Vous avez voulu transmettre un message ?

Je souhaitais mettre en lumière ces femmes leader et les sublimer. Je pense que c’était l’occasion pour elles et même pour moi d’aligner être et paraître et de sortir de sa zone de confort pour gagner en confiance. Ce fut une très belle occasion de promouvoir le leadership féminin, le savoir-faire multiculturel et l’inclusion. 

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