Meryem Zaimi serait peut-être interprète diplomatique aujourd’hui. Elle a nourri ce rêve pendant très longtemps jusqu’à ce qu’elle découvre, un peu par hasard, l’Institut des Arts Dramatiques et de l’Animation Culturelle (ISADAC) à Rabat, et décide de se présenter au concours d’entrée pour intégrer cette école qui forme aux métiers de l’art et de la culture. Lorsqu’elle monte sur les planches pour la première fois, plus rien ne la fera changer d’avis. Pas même les quelques réticences de sa famille. C’est décidé, elle sera comédienne.
C’est le théâtre qui lui tend d’abord les bras. Et bien qu’elle se soit frayée un chemin à la télévision puis au cinéma, elle a un petit faible pour la scène. “J’aime le contact direct avec le public et toute l’énergie qu’il faut mettre pour être juste et communiquer toutes les émotions qui composent le personnage ou la scène. C’est une sensation particulière qui me prend aux tripes et j’aime ça”. Actuellement en tournée avec la pièce Serreh Massjounek de la troupe Tensift, une adaptation de L’école des femmes de Molière, elle exulte. Et la télévision alors? “J’adore mon métier parce qu’il me permet justement de circuler entre les planches et les plateaux de tournage, mettant du peps dans ma vie, moi qui n’aime pas du tout la monotonie”.
Meryem Zaimi n’est pas de ceux qui ont accepté des rôles dans des séries pour la télévision, un peu par défaut, parce que le théâtre ne nourrit pas son homme, non ! Elle le fait parce qu’elle veut tenter une nouvelle expérience, parce qu’un rôle lui plaît ou encore parce qu’elle est convaincue que c’est bon pour sa carrière d’actrice. Elle se fait remarquer avec Jamila dans la série “Bnat Lalla Mennana” et à partir de là, enchaîne les succès, s’offrant le luxe de bien choisir ses rôles. Il ne faut surtout pas qu’elle refasse deux fois la même chose “Je n’aime pas me répéter”, se défend -t-elle. Elle accepte pourtant de poursuivre l’aventure avec “Chikha” dans sa deuxième saison diffusée pendant le mois de Ramadan. Le challenge pour Meryem, c’est faire mieux que la première saison. “On a travaillé très dur pour que cette partie soit au moins aussi bonne que la première et il faut dire qu’il y a beaucoup de changements dans les profils de tous les personnages et donc de nouvelles situations. Ce sera différent et on espère faire aussi bien que la saison dernière, sinon mieux”. C’est sûrement ce qui a encouragé Meryem à prendre le risque, car c’est toujours risqué de faire une nouvelle saison après un succès aussi retentissant.
L’air de rien, Meryem Zaimi pèse chaque décision pour éviter les faux pas. Mais elle sauterait à pieds joints dans un projet dès lors qu’il s’agit d’un personnage composé qui a beaucoup de variations de jeu, de situations différentes, qui fait évoluer l’histoire. Elle sait prendre des risques calculés si cela va l’aider à grandir et à évoluer en tant qu’actrice. Elle dit donc oui à un rôle dans la première série marocaine produite pour la plateforme de streaming Shahid Original. “C’est d’abord une histoire très intéressante centrée sur les enfants et bien sûr une ouverture sur le monde arabe par le biais du produit local, avec notre darija, nos décors, nos comédiens, nos réalisateurs, notre façon de voir les choses, de les raconter, de les filmer…”. L’expérience a visiblement plu à Meryem, puisqu’elle la réédite avec un nouveau projet cette fois à dimension arabe avec un réalisateur tunisien et des acteurs tunisiens, jordaniens, saoudiens, syriens…Une série qui sera diffusée sur Netflix à une date qui n’est pas encore connue.
Cette trajectoire correspond tout à fait à l’idée que se fait Meryem Zaimi de son métier : travailler sur des projets différents, se réinventer, se montrer à chaque fois sous un nouveau visage. Et prendre des risques : Jouer le rôle de Fatima Mernissi dans le film de Mohamed Abderrahman Tazi s’inscrit dans cet ordre-là. “C’est un rôle qui ne se refuse pas. Je n’ai pas réfléchi. Tout ce que je voulais, c’est être à la hauteur de cet immense personnage, cette grande figure marocaine. J’y ai mis tout mon cœur et j’ai supporté toutes les contraintes du tournage comme le rasage quotidien des sourcils, les lourdes prothèses que je devais porter, la chaleur estivale à Zagora, Fès et Rabat…Mais quel plaisir et quel privilège d’avoir joué ce rôle !”.
Voilà qui illustre la perception qu’a Meryem Zaimi du métier qu’elle a choisi : Elle veut se donner à fond pour bâtir une carrière qui ne soit pas éphémère et engloutie sous les paillettes, mais plutôt gravée dans le marbre. Elle s’en donne les moyens.