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“UN GOUVERNEMENT INTELLIGENT, À MON AVIS, A TOUT INTÉRÊT À SUIVRE LE PEUPLE PARCE QUE LE PEUPLE A LE POUVOIR.”
FDM : Quelle est la première chose que vous faites le matin ?
Souad Massi : Je me réveille toujours avant mon bébé et je vais vérifier qu’elle dort bien. Je mets en marche le café parce que j’adore l’odeur du café dans la maison, je prends ma douche très rapidement.
Les femmes qui ont des enfants en bas âge me comprendront ! (Rires).
J’écoute la radio aussi, j’adore ça ! Et la dernière chose que vous faites avant de dormir ?
J’aime bien mettre du parfum, ça me rassure ! (Sourire). Je lis toujours avant de m’endormir sinon je ne peux pas dormir. Je lis trois livres en même temps ! Un très sérieux, du genre géopolitique parce que
ce domaine m’ intéresse beaucoup ! Le second est spirituel ; et le troisième est d’ Amine Maalouf, que j’aime énormément.
Comment définiriez-vous votre rapport à la mode ?
J’aime les belles choses, j’aime regarder comment les filles s’habillent, comment elles mélangent les couleurs. J’aime aussi quand les stylistes partent dans des délires, c’est comme des tableaux ! Mais
personnellement j’aime m’habiller comme je le sens. Ce n’est pas parce que l’orange ou le bleu ciel sont à la mode que je vais suivre. Je m‘habille selon mon humeur et mon instinct. Que trouve-t-on forcément dans votre sac ? Je suis très bordélique, j’ai plein de sacs ! J’ai mon porte-monnaie, un peu d’argent, ma
carte d’identité et mon parfum ! J’ai toujours plein de petits parfums… j’adore ça ! Avez-vous un secret de beauté ? Je ne suis pas un exemple à suivre. Je ne mets pas de fond de teint, sauf quand je dois passer à la télé. Je me maquille très peu mais mon secret serait de se laver le visage dès le matin avec de l’eau fraîche pour étirer la peau ! Et j’utilise un lait de bébé, celui de mes filles… C’est doux ! Véritable femme engagée et maghrébine, comment vivez-vous le changement politique des pays arabes depuis janvier 2011 ? Je suis de près ce qui se passe pour la femme au Maroc. Mon mari est marocain. Il y a beaucoup d’associations qui travaillent dur pour faire évoluer les choses. Je sais que dans certains villages, des filles de 14 ans se marient sans avoir une chance d’aller à l’école. Je respecte les traditions et la situation de ces familles dans la pauvreté mais je pense que tout le monde devrait avoir sa chance… la chance de choisir. Dans le Coran, on parle de savoir avant tout et d’apprendre aux enfants à lire et à écrire. Je suis fière du travail des associations au Maroc ou en Algérie. Le travail se fait doucement, mais sûrement…
Vos chansons, surtout du dernier album, parlent beaucoup de la situation de la femme. C’est un sujet qui vous tient à coeur depuis longtemps ? Oui mais je n’avais pas l’intention d’écrire des chansons sur les femmes battues ou trompées, cela est venu comme cela, grâce à des rencontres ou à mon entourage. Je
cherchais aussi à rencontrer les décideurs pour leur parler, écouter ce qu’ils ont à dire. Considérez-vous comme une vraie femme engagée ? Si c’est cela être engagée, je le suis. J’aime comprendre, rencontrer les politiques, leur parler, saisir leur quotidien, leurs décisions… Je leur demande comment ils travaillent, comment ils ont accès aux informations, s’ils sont conscients de ce qui se passe. Et je me rends compte que leur travail n’est pas si facile que cela : il y a beaucoup de dossiers, de problèmes et beaucoup d’obstacles…
Il n’est jamais simple, dans un pays, d’opérer des changements radicaux. Mais de manière générale, un
gouvernement intelligent, à mon avis, a tout intérêt à suivre le peuple parce que le peuple a le pouvoir.
