Soliman le Magnifique et Roxelane

Dans l'attente de l'événement Caftan qui s'annonce sous le signe des "Splendeurs des empires", FDM vous invite, chaque mois, à un voyage dans l'histoire des grandes puissances. Première escale : l'Empire ottoman, vu dans le prisme de l' histoire d'amour d'un sultan et d'une esclave.

L’Empire ottoman a duré de 1299 à 1923, soit plus de six siècles, et a posé ses fondements sur les ruines de l’Empire byzantin et de l’Etat seldjoukide avant de laisser place, entre autres, à la république de Turquie. L’Empire ottoman s’étendait au faîte de sa puissance sur trois conti-nents : toute l’Anatolie, le haut-plateau arménien, les Balkans, le pourtour de la mer Noire, la Syrie, la Palestine, la Mésopotamie, la péninsule Arabique et l’Afrique du Nord (à l’exception du Maroc, de la Kabylie et du Sahara al-gérien). Sa civilisation se démarque pour son métissage entre religions et cultures. Son âge d’or s’est achevé après le règne de Soliman le Magnifique.

Coup de foudre au harem

En 1520, une esclave ukrainienne, ori-ginaire de Ruthénie, un pays chrétien à l’est des Carpathes, est amenée au ha-rem du sultan Soliman le Magnifique. Toute femme arrivant dans ce dernier se faisait rebaptiser, signe d’une nou-velle vie. Roxelane y pris donc le nom de “Hürrem”, “la rieuse” en turc, du fait de son optimisme et de sa joie de vivre. Soliman le Magnifique, alors âgé de 35 ans, ne le sait pas encore mais il en tombera éperdument amoureux. Très ambitieuse, Roxelane n’a pas l’inten-tion de rester esclave toute sa vie. Elle ne se contente donc pas de rivaliser de beauté avec ses 300 autres adversaires, mais se décide à apprendre avec appli-cation pour cultiver son intelligence. Pour parfaire sa formation, elle passe maître dans l’art de la danse orientale, qu’elle sera amenée à exécuter devant le sultan. Elle accède ainsi au rang prestigieux de favorite, après avoir passé sa première nuit avec Soliman, durant laquelle il était de coutume que la femme rampe jusqu’à lui en passant sous les draps. Mais Roxelane, s’amu-sant de cette situation, éclata de rire car elle se trouvait ridicule. Le sultan, d’abord surpris, se joignit à sa bonne humeur. L’apprentissage assidu de la jeune esclave fit toute la différence, car Soliman put parler presque d’égal à égal avec elle. Entre eux deux naquit une véritable émulation littéraire. Très vite, l’influence de Roxelane sur le sultan pris de l’ampleur, bien que n’étant pas sa seule favorite. Manipulatrice hors pair, elle remar-qua vite le point faible de sa rivale, Gülbahar, avec qui il avait un enfant, Mustapha. Sujette à de fréquentes crises de pleurs, celle-ci commen-çait à sérieusement ennuyer Soliman. Roxelane en profita alors pour attiser sa jalousie et lui faire commettre l’ul-time faux pas. Un jour, dans un cou-loir du harem, elle se débrouilla pour la faire sortir de ses gongs. Gülbahar fondit alors sur elle et la griffa sau-vagement, tandis que Roxelane, elle, ne broncha pas. La nuit venue, Roxe-lane se refusa au sultan en lui dévoi-lant ses blessures. Elle choisit alors ce moment précis pour lui révéler sa grossesse. Or, lever la main sur une femme enceinte du sultan revenait à porter atteinte à celui-ci. Tout était donc parfaitement calculé. Gülbahar et son fils durent s’exiler… Mais Roxelane n’avait pas encore atteint son but ultime : devenir l’épouse de Soliman. Un rêve théo-riquement irréalisable car elle était esclave. Qu’à cela ne tienne, elle par-vint à se faire affranchir en jouant de sa séduction, puis, se refusa au sultan sous prétexte que faire l’amour avec un homme sans être ni son esclave, ni sa femme était un péché. Soliman comprit alors qu’il s’était fait mani-puler, mais sa colère laissa vite place à de la fascination pour cette stratège hors du commun. Il consentit… et la pris pour épouse.“La reine de toutes les beautés”, comme il la surnommait, lui donna quatre fils et fait extraordinaire, res-ta son unique épouse. Dès lors, l’in-fluence et les pouvoirs de Roxelane n’eurent d’égaux que ses richesses. Les deux époux vécurent une éter-nelle lune de miel à laquelle seule la mort mettra un terme. â—†

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