Des burgers et des copains…
On aura tout dit des fast-foods, clouant au pilori leur alimentation chimique, indigeste, pauvre en vitamines, pourvoyeuse d’obésité… Ils remportent pourtant tous les suffrages chez des enfants et ados aux papilles affolées, qui préfèrent encore la saveur molle et gloutonne d’un hamburger aux mets infiniment plus raffinés proposés par le restaurant classique. Côté parents, on est dans l’incompréhension totale d’un tel engouement, n’en saisissant que très partiellement les raisons. Or, au-delà de l’aspect purement conso, le resto burger représente bien plus que cela aux yeux des “djeuns”. En réalité, il n’a de rapide que le nom, et paradoxalement, il sédentarise le consommateur en culottes courtes sur sa chaise en plastique. Vécu comme un haut lieu de rencontre et de convivialité, on y noue des contacts, se donne à voir, s’y attarde, laissant le temps s’écouler à l’envi, une fois la dernière frite refroidie. Ce décor de bistrot contemporain est donc un QG et un repère, parfaitement assorti aux nouveaux codes de l’espace urbain : conso, mobilité et indépendance. La fréquentation sporadique, ou assidue, du temple de restauration de masse contribue pour une part à la construction de l’autonomie du jeune adulte entrant dans la vie. Une étude menée en France par un sociologue de l’alimentation reconnu démontre par ailleurs que dans un fast-food, les gens attablés consultent, dans le même temps, leurs mails, chattent sur Internet, jouent, ou encore passent des coups de fils ; sans que ces présences virtuelles imposées n’incommodent en rien les autres convives. CQFD. La geek generation affectionne visiblement cette communication par àcoups, non linéaire, qui se déroule au sein d’un environnement super cool et dénué de chichis. Territoire possédé par une horde dont les membres déambulent dans des allers-retours incessants, la liberté d’action et l’esprit festif y règnent en maîtres. Définitivement, le resto burger ne peut plus être réduit à une simple dimension nutritionnelle !.