Sarah Perles La nouvelle pépite du cinéma marocain

Des yeux de biche sur un visage angélique dont les traits métissés attisent la curiosité. Marocaine et Portugaise, actrice et citoyenne du monde, Sarah Perles joue le premier rôle féminin de Burn out de Nour-Eddine Lakhmari, en salles dans quelques mois. Voilà un an qu’elle a posé ses valises au Maroc.

Vous êtes de retour au Maroc après avoir vécu en France, en Angleterre et en Asie. Dans quelles circonstances s’est passé ce retour ?

J’ai vécu au Maroc de 5 ans à 11 ans. C’est le pays de ma mère, j’y ai appris le darija et cette terre est restée ancrée en moi. Après mes études de théâtre au cours Florent à Paris, j’ai vécu à Londres où j’ai fait mes premiers pas d’actrice. Puis, il y a quatre ans, j’ai contacté mon cousin, Amine Bendriouich, afin qu’il me présente des réalisateurs marocains. C’est ainsi que j’ai rencontré Nour-Eddine Lakhmari qui m’a fait passé plus d’un mois d’auditions avant de me donner le rôle !

Dans Burn out, qui sortira d’ici la fin de l’année, vous incarnez une jeune femme interne en médecine s’installant à Casablanca et tentant d’y faire sa vie. Ce personnage fait-il écho à ce que vous êtes ?

Comme tous les personnages principaux du film, cette jeune femme va vivre un burn out en raison de son mode de vie casablancais. Orpheline, elle débarque de sa province pour se faire une place dans la jungle de la ville. Elle survit en tant qu’interne en médecine tout en gardant ses valeurs et ses objectifs en tête : venir en aide à ses patients. Le film dénonce aussi les difficultés de nos médecins, payés 3000 DH par mois à l’hôpital, alors qu’ils font un métier primordial. La vision de ce film est également féministe : comment une jeune femme seule qui travaille de manière acharnée pour s’en sortir est perçue par la société. Elle me ressemble dans le sens où je n’erre pas sans but ni sans idéologie.

Quel est votre objectif en tant qu’actrice ?

J’aime jouer la comédie et divertir les gens. Les films ont cette vocation première. S’ils peuvent faire sourire et faire réagir le public, c’est qu’ils peuvent le faire changer et avancer. Mais j’ai aussi envie de donner du sens à mes personnages, de défendre un sujet, une cause. J’aurais pu devenir cette jeune médecin dans Burn out. J’avais même commencé des études de médecine en France. Cela m’a donc touchée de camper ce personnage en lutte pour la reconnaissance de sa fonction et de son statut précaire. C’est le sens de mon métier que je vise, pour chaque projet.

Cette passion de la comédie a–t-elle toujours été en vous ?

Quand on a 18 ans, on est d’abord influencé par le choix de ses parents pour nous. J’avais donc commencé par faire une année de médecine, mais j’ai rapidement compris que ce n’était pas ma voie. Sans rien dire à personne, je me suis inscrite au cours Florent pour faire du théâtre. Je n’ai avoué que tardivement à mes parents la supercherie ! Mais ils l’ont très bien pris et me soutiennent à fond dans mes projets. Aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir vivre de ma passion mais c’est un travail permanent, une discipline, même quand on ne tourne pas.

Quelle est cette discipline que vous vous imposez ?

On croit souvent que la vie d’artiste, c’est la belle vie alors que pour réussir à vivre de ce métier, il faut travailler avec acharnement. Chaque matin, un planning chargé m’attend même quand je ne tourne pas : je prends des cours de langue (en ce moment, le syrien, pour un projet de film), je lis des scénarios, des livres, je regarde des films, j’apprends à jouer d’un nouvel instrument, j’écris. Je rencontre des réalisateurs pour des castings, je passe des auditions. Faire du sport, prendre soin de soi, cuisiner font également partie de ce métier. Il exige d’être ouvert au monde et en éveil permanent : il faut se créer son propre travail. J’ai besoin d’apprendre chaque jour, c’est ma nourriture. En tout cas, je ne reste jamais au lit jusqu’à midi ou à la plage toute la journée sous prétexte que je suis “actrice” ! (rires)

Sur quels projets cinématographiques travaillez-vous en ce moment ?

Je prépare le tournage d’une série pour le Danemark et l’Allemagne et produite par Netflix, The Team, dans laquelle je joue une réfugiée syrienne. C’est un challenge d’apprendre une nouvelle langue et j’adore ça. Je parle couramment le français, l’anglais, la darija, le portugais, l’espagnol et j’ai également appris le palestinien pour Palestine de Julios Otto. Maîtriser les langues est un atout extrêmement important dans ce métier et j’ai eu la chance de baigner dans un foyer métissé dans lequel j’ai appris plusieurs langues assez tôt.

Quelle est la méthode de travail théâtrale que vous appréciez le plus ?

Ma base théâtrale, celle du cours Florent, est assez flexible donc je m’adapte aisément. Avec Nour-Eddine Lakhmari, nous sommes partis dès le départ sur de bonnes bases de travail car nous avons la même façon de procéder. Il est très exigeant et méticuleux. C’est appréciable. Pour un sourcil trop froncé ou une expression en deça, il peut demander à refaire une scène de nombreuses fois. En général, les compliments m’inquiètent davantage que les critiques qui m’incitent à plus de rigueur. Bien jouer passe par de la violence : il faut se faire violence pour arriver à un travail propre.

Avez-vous envie de faire votre vie au Maroc ?

Je me sens très à l’aise dans ce pays, y ayant déjà vécu. Je suis même en train de demander ma carte nationale. Cependant, je trouve que la vie ici en tant que femme célibataire est un peu compliquée. Je suis devenue très prudente, moi qui adorais marcher seule le soir. J’évite de me promener une fois le soleil couché. Je m’épanouis et j’apprends beaucoup de mes expériences en tant qu’actrice dans ce pays. Mais je me sens plus internationale et j’aimerais m’exporter ailleurs. Le Maroc reste mon pays de cœur, dans lequel j’aurai toujours plaisir à revenir et à travailler. Pour l’instant, je ne suis pas fixée, l’avenir me réserve tant de surprises et de possibilités…

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