Cette grandmère, chef de tribu, a chassé la mère de l’auteur car francophone, et son oncle pour son homosexualité. Boualem Sansal a attendu trois ans après la mort de sa mère pour signer ce roman-catharsis qui permet de domestiquer l’indicible. L’auteur défile la pelote de l’histoire familiale, un peu comme pour répondre à Mounia, la soeur du narrateur Yazid – le double et alter ego de Boualem Sansal – qui s’exprime ainsi, page 20, lors des retrouvailles de la fratrie, appelée au chevet de la mère, mourante : “Maintenant que nous sommes réunis, le drame peut commencer”. Sansal raconte la petite histoire de sa famille, déterre ses morts sur fond des guerres qui ont jalonné une grande histoire, celle d’une Algérie meurtrie. Une tranche de vie d’un demi-siècle et un beau roman pour découvrir l’un des meilleurs auteurs francophones du moment. Un auteur qui vient de recevoir le Prix de la paix des libraires allemands.
Editions Gallimard. L.A