Pourquoi je l’ai trompé

On attribue souvent l’infidélité aux hommes, ces êtres sans cœurs capables de coucher sans tomber amoureux. Pourtant, les femmes trompent aussi, et pour une multitude de raisons.

Il est facile de voir une tromperie comme une médaille avec un revers blanc et l’autre noir. D’un côté, l’on se dit que quelques soient leurs excuses, les infidèles n’ont jamais raison, et de l’autre, toute personne trompée est forcément une victime. La réalité est beaucoup plus nuancée, on trompe pour une multitude de raisons et pas forcément pour blesser l’autre. C’est en tout cas ce que nous avons appris à travers les confessions de ces six femmes.

Meryem, contrôleur de gestion de 35 ans : “je n’étais pas amoureuse”

“Mon mariage avec mon ex-mari a duré 15 ans, et j’ai passé 5 ans à le tromper par intermittence avec le frère d’une amie d’enfance. Je n’étais plus du tout amoureuse de mon mari, et à vrai dire, je n’ai jamais été amoureuse de lui, car je l’avais épousé uniquement pour satisfaire la volonté des parents. La seule chose qui me retenait alors dans cette cage, ce sont les enfants. L’homme que je voulais, c’était mon amant. Durant les 5 années de notre relation furtive, nous avons pensé plusieurs fois à demander le divorce chacun de son côté, mais nous avions peur de blesser nos conjoints. Après tout, ils n’ont rien fait de mal. J’ai fini par divorcer et lui aussi. Nous avons ensuite vécu une relation amoureuse au vu et au su de tout le monde pendant six mois, à l’issue desquels je me suis rendue compte que je ne le supportais pas en dehors du cadre sexuel. Maintenant, je vis une vie de célibataire heureuse.”

Ghita, photographe, 37 ans : “je me sentais négligée”

“Je savais que mon ex m’aimait, mais avec lui je me sentais négligée, pas assez aimée, pas assez désirée.N’étant pas heureuse, j’ai commencé à me demander si l’herbe ne serait pas plus verte ailleurs. Le mec avec lequel j’ai trompé mon mari avait 20 ans de plus que moi et travaillait dans l’immeuble collé au mien. Il m’a courtisé pendant 2 ans tout en sachant que j’étais mariée. Nous avons commencé à nous voir discrètement chez lui, et à la 4e fois, j’ai décidé d’arrêter. Je sentais que je ne tirais aucune satisfaction de ce que je faisais. En plus, le sexe n’était même pas si spectaculaire que ça. Mon ex-mari ne l’a jamais su, mais nous avons quand même divorcé parce que cela ne rimait plus à rien de vivre sous le même toit et de passer son temps à crier l’un sur l’autre. Je ne peux pas vous dire que je ne tromperai pas quelqu’un d’autre, mais ce que je sais aujourd’hui, c’est que je ne regrette toujours pas ce que j’ai fait.”

Hasna, assistante de direction, 32 ans : “je l’ai fait pour me venger”

“Pour tout avouer, je suis toujours avec cet homme. Nous avons une relation tumultueuse : quand nous nous disputons, nous échangeons des mots extrêmement blessants. Et pas par accident, et lui et moi savons que c’est intentionnel, pour faire mal. J’ai su qu’il me trompait quand j’ai découvert une boucle d’oreille qui ne m’appartenait pas dans notre chambre à coucher. Depuis ce jour-là, j’ai installé Tinder sur mon téléphone et j’y ai mis des photos qui prêtent à confusion sur mon identité, histoire de nier si jamais on me pose la question. J’ai rencontré plusieurs hommes à son insu. Je ne leur donnais pas mon vrai prénom, je ne voulais même pas les laisser m’embrasser, ni les revoir une seconde fois. Je le trompais parce que j’étais en colère contre lui, parce que je ne voulais plus avoir l’impression de me faire avoir. Pourquoi je reste avec lui ? Je ne sais pas. Peut-être parce que je ne veux pas être celle qui se contente de partir quand l’autre lui fait du mal. J’ai d’abord envie de lui faire du mal à mon tour.”

Sarah, 22 ans, chef de projet : “j’ai une sévère peur de l’engagement”

“J’ai pratiquement trompé tous les mecs avec lesquels j’étais dans une relation amoureuse. Je pense que c’est parce que mon tout premier petit copain m’a trompé quand j’étais encore au lycée. Il m’avait brisé le cœur et cela m’avait causé un épisode dépressif assez pénible. Aujourd’hui, à chaque fois que je sens que la relation est en train de devenir sérieuse avec quelqu’un, je m’éloigne et commence à séduire d’autres hommes. Ce n’est pas par méchanceté, je ne veux aucunement leur faire du mal, c’est d’ailleurs pour ça que je le fais en cachette. C’est juste que j’ai peur de trop m’attacher et de me faire du mal, je préfère risquer de ruiner la relation plutôt que  de me faire jeter. Je sais que ce n’est pas sain et je veux entamer une thérapie pour régler le problème.”

Ilham, doctorante en chimie, 29 ans : “j’étais dans une relation abusive”

“J’étais en couple avec un gars qui abusait de moi psychologiquement et me trompait et se rachetait à chaque fois avec la promesse de ne plus jamais recommencer. Je suis restée avec lui parce qu’il a tout fait pour écraser le moindre gramme qu’il me restait d’amour propre. Bien sûr que j’ai pensé à me séparer de lui, mais une voix dans ma tête me disait qu’il était le meilleur que je pouvais avoir et que je ne méritais pas d’avoir mieux. Puis un ami à lui a commencé à montrer de l’intérêt pour moi. Nous avons pris quelques cafés ensemble sous des prétextes différents pour calmer les suspicions de mon ex, et un jour nous avons couché ensemble. Mon amant m’a rappelé ce que c’était que d’être désirée et respectée, et ce regain de confiance m’a poussée à me séparer de mon ex. Je ne me suis pas mise en couple avec mon amant mais nous sommes toujours de bons amis.”

Fatine, directrice générale d’une agence de communication, 54 ans : “j’en avais assez de porter tout le poids de la famille sur mes épaules”

“J’ai été mariée pendant 25 ans. Au bout de ma 18e année de mariage, j’ai commencé à me sentir profondément malheureuse. C’était moi qui subvenais au besoin de la famille et mon ex-mari, en plus d’être sans emploi, me faisait passer pour le méchant flic auprès des enfants. J’en avais assez de porter tout ce poids sur mes épaules : les enfants, les factures, les frais de scolarité, les traites de la maison… Et je travaillais des heures impossibles pour pouvoir maintenir notre standard de vie. J’ai tenté à plusieurs reprises d’en parler avec mon ex-conjoint mais toute tentative de discussion se soldait par une dispute. Un jour, lors d’un voyage d’affaires, j’ai rencontré un bel homme dans le bar de l’aéroport et je l’ai discrètement invitée à me rejoindre dans les toilettes le temps de quelques galipettes avant l’embarquement. J’ai divorcé 7 ans plus tard, à cause de mon mari, pas à cause de mon amant passager.”

[mks_separator style= »solid » height= »3″]

Trois questions à Ichrak Ennouri, psychothérapeute à Casablanca

Est-ce que les femmes trompent différemment des hommes ?

Disons qu’elles cèdent moins facilement à l’infidélité et ce n’est pas parce qu’elles sont mieux programmées pour la fidélité que les hommes. Le sexe présente plus de risques à la femme qu’à l’homme : un risque biologique relatif à la grossesse et l’autre sociétal car l’on a tendance à juger plus sévèrement les femmes adultères.

Pourquoi les aventures avec une seule personne font plus mal que les coups d’un soir au conjoint trompé ?

Parce qu’il y a une peur inhérente à la connexion émotionnelle qui éloigne la personne infidèle, même si elle nie, de la personne qu’elle trompe. La personne infidèle construit des murs, là où il faut mettre des fenêtres entre elle et son partenaire, et ouvre des fenêtres là où elle devrait ériger des murs. Avec le temps, l’amant devient une source de satisfaction des besoins émotionnels et affectifs et pendant que la relation se renforce avec lui, elle s’affaiblit du côté du partenaire “légitime”.

Peut-on sauver son couple après une infidélité ?

C’est possible, mais avec beaucoup de volonté des deux côtés. Souvent, l’infidélité n’est qu’un symptôme d’un dysfonctionnement plus profond dans le couple. Il faut beaucoup de communication, d’honnêteté et d’empathie, faute de quoi, il est vivement recommandé d’entamer une thérapie de couple. υ

Dans les méandres de la vie conjugale au Maroc, le consentement sexuel entre époux reste un sujet brûlant et souvent
Alors qu’aux États-Unis et en Europe, le féminisme 4.0, également connu sous le nom de cyberféminisme ou féminisme du hashtag,
Soumaya Mounsif Hajji est traductrice assermentée. À la veille de la réforme de la Moudawana, cette virulente militante dresse un
L’état des lieux des droits des femmes au Maroc révèle toujours des écarts flagrants entre les décisions politiques de la
31AA4644-E4CE-417B-B52E-B3424D3D8DF4