Polémique autour de l’avortement

Entre Bassima Hakkaoui, ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social ; et Chafik Chraïbi, rien ne va plus ! Suite à notre interview de Mme la ministre en décembre 2011, le président de l'Association Marocaine de Lutte contre l'Avortement Clandestin nous a demandé un droit de réponse afin de se défendre contre les accusations portées contre lui, et faire la lumière sur la question de l'avortement. Chose promise, chose due !

Bassima Hakkaoui : S’agissant de la question de l’avortement :

“Tout d’abord, ce n’est pas son dossier (parlant de Nouzha Skalli), c’est celui d’un certain Chraïbi, un médecin président de l’AMLAC qui défend l’avortement pour des raisons propres aux médecins qui le pratiquent et qui en font leur fonds de commerce.” (FDM N°189 – décembre 2011)

La réponse de Chafik Chraïbi : J’ai été absolument déçu en découvrant dans vos colonnes que Bassima Hakkaoui m’accusait de vouloir légaliser l’avortement pour en faire un fonds de commerce. J’ai toujours milité pour la santé de la femme, car j’en vois beaucoup mourir à cause d’avortements mal faits. Ce que j’ai toujours proposé, c’est que l’IVG soit pratiquée dans une structure médicale, dans un hôpital et de surcroît, gratuitement. Il faut donc bien comprendre que si cette proposition était adoptée, elle représenterait un manque à gagner pour les médecins qui pratiquent l’avortement. De la même manière, si on le libéralise, il ne sera plus pratiqué de façon dissimulée. Rendez la cigarette clandestine et le paquet se vendra à 200 ou 300 dirhams ! Tout ce qui est interdit est très cher, alors que si on légalise, les prix se divisent par 4. Les propos de Bassima Hakkaoui sont donc complètement faux ! Par ailleurs, je ne suis ni pour, ni contre ces médecins. Je ne leur jette ni la pierre, ni la fleur. Dans un sens, heureusement qu’ils sont là, car ils règlent tout de même un problème social – imaginez le nombre de complications et le nombre d’enfants abandonnés – mais dans un autre sens, il est vrai qu’ils profitent de la détresse d’une femme pour afficher des tarifs démesurément élevés.

Bassima Hakkaoui : “Chraïbi prend comme exemple une mère de famille qui est tombée enceinte, par accident, d’un 3ème enfant et qui souhaite avorter. Cette femme est responsable de ses actes. Elle doit assumer le fait de ne pas avoir pris de contraceptif. Au nom de son erreur, elle va tuer son bébé ! (…) Nous, la société, nous allons défendre ce bébé, même s’il n’est pas encore formé et dire à ses parents qu’ils n’ont pas le droit de le tuer.” (FDM N°189 – décembre 2011)

La réponse de Chafik Chraïbi : Bassima Hakkaoui cite le mauvais exemple ! Je ne sais pas pourquoi elle a pris celui-ci en particulier, sachant que je ne m’y réfère jamais ! J’en ai pourtant donné bien d’autres, qui constituent tous des circonstances de grossesses non désirées nécessitant un avortement…. J’ai notamment beaucoup insisté sur les situations sociales dramatiques, les viols, les malformations, etc. Contrairement à ce qu’elle prétend, je n’ai jamais défendu le cas d’une femme qui déciderait d’avorter sans raison particulière. Quoique pourquoi pas, après tout ? Pourquoi une femme ne pourraitelle pas assumer pleinement la responsabilité de son corps ? Pourquoi, et de quel droit, quelqu’un d’autre devrait décider à sa place de ce qu’elle peut faire ou non de son propre corps ? Il n’appartient qu’à elle ! Je trouve que cette ministre n’est pas à sa place et qu’elle va complètement à l’encontre des droits de la femme, alors même qu’elle est censée les défendre. La preuve, elle approuve la polygamie. A mon avis, les associations féministes ne bougent pas assez et devraient se révolter un peu plus et dire que Bassima Hakkaoui n’est pas une personne digne de représenter la femme. La ministre dément aussi les chiffres de 600 à 800 avortements par jour que publie l’AMLAC. Certes, ils ne sont qu’estimatifs, vu le caractère clandestin de l’acte, mais comment peut-elle renier ces données puisque son ministère lui-même n’en dispose pas ? La meilleure manière de renier une chose, c’est de faire la politique de l’autruche. Par ailleurs, comment peut-elle juger ces chiffres comme étant exagérés, alors même qu’elle ne travaille pas dans le milieu médical et qu’elle n’est pas sur le terrain ? Elle a aussi dit dans une interview que la question de l’avortement n’est pas du tout une priorité. 800 à 1.000 femmes ou jeunes filles par jour se retrouvent dans une situation de grossesse non désirée. Certaines avortent, d’autres se suicident, sont expulsées de chez elles, sont tuées ou accouchent et abandonnent leur enfant. Et tous ces enfants abandonnés ? Ils ne sont pas non plus une priorité ? Les enfants de la rue relèvent aussi de son ministère et elle ne fait aucune déclaration là-dessus. Il faut trouver des solutions et ne pas se cacher derrière la religion. Il y a quelques semaines, un individu a été condamné à mort à Tanger pour avoir tué sa soeur et les deux enfants qu’elle a eus hors mariage ? C’est ce qu’on appelle un crime d’honneur…

Bassima Hakkaoui : “A mon avis, il faut organiser un scrutin pour demander leur avis sur la question aux Marocains. Mais avant cela, il faut d’abord faire un débat avec des sociologues, des oulamas, des sexologues, des politiciens pour prouver que l’avortement peut être une nécessité dans le cas du viol et de l’inceste. Une fois qu’on sera arrivés à cette conclusion, on pourra le soumettre au peuple pour qu’il décide par lui-même. C’est ça, la démocratie !”`(FDM N°189 – décembre 2011)

La réponse de Chafik Chraïbi : Demander un référendum sur une question purement médicale, un vrai problème de santé publique dont dépend la santé de la femme est une très mauvaise idée. Forcément, ce n’est pas le commun des mortels qui doit trancher sur cette question car la première chose à laquelle pensera le Marocain lambda, c’est la question religieuse. Seuls les professionnels de la santé ou un Marocain ayant vécu le drame que représente une grossesse non désirée sont en mesure de comprendre la situation. Plutôt que de demander un référendum, il faudrait que le chef de l’Etat constitue une commission formée de médecins spécialistes, de religieux, de membres de la société civile… pour éventuellement trouver une solution à ce grave problème que représente l’avortement clandestin. Beaucoup de partis politiques ont avancé sur la question et le projet de loi est pratiquement prêt. Ce n’est plus qu’une question de mois avant que ce projet, qui était déjà inscrit dans l’agenda du précédent gouvernement, soit présenté. Quant à Bassima Hakkaoui, l’actuelle ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social, je pense, malheureusement pour elle, qu’elle est un peu isolée et que sa proposition de référendum ne séduit pas grand monde… Même des membres de son propre parti sont sceptiques. â– 

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