Plaisir, désir et autres jouissances

Sentiments à la fois très liés et très distincts, l’amour et le désir font le lit de la jouissance et du plaisir, essentiels à une sexualité épanouie. Mais il arrive que le désir soit aux abonnés absents…

Dans son livre “Le couple arabe au XXIème siècle”, la sexologue et thérapeute de couple Amal Chabach rappelle avec force que la sexualité, baromètre de l’entente conjugale, est le ciment de toute vie heureuse. Car, sans sexualité, le couple est pratiquement dépossédé d’une partie de lui-même. “La sexualité est l’une des plus belles manières d’exprimer son amour pour soi-même et pour son partenaire. Durant l’union intime, les deux conjoints se donnent entièrement l’un à l’autre, dans le plaisir et le lâcher prise”, précise la spécialiste.

Le désir est toutefois très complexe. Désir amoureux, sensuel ou érotique, il n’a pas la même connotation pour les deux sexes. Et quand le désir de l’homme est stimulé par le “visuel”, celui de la femme est plus réceptif à la voix, au discours amoureux et à l’odeur.

Le non désir, c’est grave docteur ?

Les Américains répertorient ce manque d’envie de faire l’amour en tant que “dysfonctions sexuelles féminines” dans le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV) ! De là à prescrire des médicaments pour réveiller le désir, il n’y a qu’un pas que des laboratoires pharmaceutiques n’ont pas hésité à franchir. Mais il faut raison garder. Une sexualité en berne ou désir sexuel hypoactif (DSH) de la femme ne doit pas faire l’objet d’une médicalisation. Mais ce manque d’envie d’“avoir envie” doit-il inquiéter ? Forcément oui, car ce symptôme affecterait une grande proportion de femmes un peu partout dans le monde. Trop de pression, trop de boulot et l’exigence de la performance à tous les niveaux font parfois passer la sexualité au second plan. Là aussi, pour renouer avec le désir, les spécialistes conseillent de créer des sas de compression et d’érotisation avant de trouver son conjoint : faire du sport, prendre soin de soi… C’est ce qui permet de passer d’un monde à l’autre en douceur.

Quand le désir s’émousse

Il arrive que l’envie de faire des galipettes devient moins pressante, presque absente. Une véritable traversée du désert s’installe, et on devient quasiment des étrangers l’un pour l’autre. Une situation que certains couples considèrent somme toute normale, tandis que d’autres essaient, lorsqu’ils en prennent conscience, de raviver le feu sacré. Mais attention, prévient les sexologues : le désir revient rarement de lui-même. Il faudra savoir aller le chercher. Et d’abord, avoir le courage de poser le diagnostic pour connaître les raisons de cette baisse de la libido. Bien souvent, l’un des conjoints préfère éviter le rapport sexuel sans expliquer à l’autre les difficultés qu’il traverse, et un certain statu quo s’installe. Il faut justement en parler. Et une fois le diagnostic posé, il convient de passer à l’acte. Autrement dit, réapprendre à se découvrir, à retrouver cet état d’esprit et ces émois des premiers temps, au moment où on était excité rien qu’à l’idée d’imaginer ses futurs ébats. Mais il faut aussi y consacrer de l’énergie et de la volonté, non pas pour se forcer à passer à l’acte, de façon mécanique, mais s’efforcer plutôt à réveiller l’imaginaire. “En cas de baisse de désir, au lieu de s’alarmer immédiatement, le mieux est d’aller du côté du charnel, du sensuel, en se faisant masser, en se rendant au hammam, plutôt que de répéter en boucle : “il faut que je lâche prise””, écrit le Dr Sylvain Mimoun dans son livre “Anti guide de sexualité”. Voilà qui est dit. 

Pour rallumer le feu sous la couette

Jouez la carte de la détente.

En misant sur des massages relaxants qui permettront de détendre tous les muscles du corps, de la tête aux pieds. Se mettre en condition passe aussi par une volonté de se détendre sur le plan psychique de façon à profiter pleinement du moment.

Connais-toi toi-même !

Connaître son corps, ses plaisirs, ce qui nous fait vibrer est important si l’on veut que les câlins riment avec plaisir partagé. N’ayez pas honte de dire à votre partenaire ce qui vous fait plaisir ni à refuser ce qui vous rebute.

Des mots qui touchent.

Pour les deux, le choix des mots est important pendant les jeux amoureux. À vous d’inventer votre propre langage pour vous stimuler. Même si parfois quelques termes crus fusent pendant les rapports sexuels, rassurez-vous, ce ne sont que des mots.

Marchez en dehors des clous !

Sortir des sentiers battus a du bon, surtout en amour. Quelle tristesse de répéter de façon mécanique telle position, telle caresse, telle attitude, etc. Renouvelez-vous. Faites preuve d’une curiosité réciproque et d’initiatives mutuelles.

Faites-le rêver

Stimuler l’imaginaire érotique de son conjoint par l’envoi de messages tendres ou carrément explicites. Le jeu de séduction ne commence pas au moment du coucher, mais tout au long de la journée par des paroles, des gestes, de l’humour…

Témoignages

“Après la naissance de notre seconde fille, je n’avais plus envie de lui. Rien à y faire, je n’y arrivais pas. Nous étions mariés depuis 8 ans, et j’inventais toutes sortes de prétextes pour ne pas aller au lit en même temps que lui : j’espérais le trouver déjà endormi… Cela a duré  plusieurs mois. Mais un soir après avoir pris tout mon temps avant d’aller me coucher, je l’ai trouvé assis à m’attendre. Il m’a dit qu’il n’en pouvait plus de cette situation. Il m’a comprise. Ensemble, nous nous y sommes remis doucement. Il a été d’une patience d’ange. Et grâce à sa tendresse et à ses caresses, le désir est revenu…”                                                                     Leila, 40 ans

“Je ne supportais plus qu’il me touche. C’est horrible à avouer, mais cela m’est arrivée au bout de trois ans de mariage. J’ai suivi une psychothérapie pendant environ un an. J’ai réussi à mettre des mots sur mon malaise et sur mes blocages. Grâce au travail psy, j’ai pu renouer avec moi-même et avec le désir.”                                                                                                          Asmaa, 32 ans

“Je me suis mariée trois mois à peine après avoir fait sa connaissance. C’est un beau parti, et je me suis dit que j’allais apprendre à l’aimer après notre mariage. Il est doux, gentil et me gâte énormément… Mais l’alchimie des corps n’a pas fonctionné. Je m’oblige à faire l’amour avec lui, et à le satisfaire. Peut-être qu’un jour mon envie de lui se réveillera. Ne dit-on pas que l’appétit vient en mangeant ?”                                       Soraya, 26 ans

“Je suis une personne très tactile, tandis que lui expédie les préliminaires trop rapidement à mon goût… Alors pour me donner envie de lui, je me fais un film dans ma tête, je me caresse en fantasmant sur un acteur sexy… Et cela marche, ça éveille mon désir et ça repimente ma vie sexuelle. C’est vrai que je trompe mon mari en pensées, mais cela ne fait de mal à personne…”                                                                         Dina, 34 ans

“J’ai assisté au déclin de beaucoup de couples qui étaient fusionnels au début de leurs relations, et devenaient, au fil des ans, de parfaits étrangers l’un pour l’autre. J’ai aussi appris du cas de mes parents qui sont devenus “amis”, faisant chambre à part quand j’étais adolescente. J’ai décidé que cela ne m’arrivera jamais, et j’ai mis toutes les chances de mon côté : je cultive une part de mystère, je nous concocte toujours des dîners en amoureux et des voyages romantiques, et la naissance de nos deux enfants n’a rien changé à ces rituels. Nous sommes parents, mais restons amants… La séduction et la sensualité sont mes mots préférés. Et ça marche. Mon mari a toujours envie de moi et moi de lui. Notre désir l’un pour l’autre est aussi vivace, même après 15 ans de mariage…”                                           Sofia, 38 ans

“Nous sommes mariés depuis 11 ans. Nous avions une sexualité épanouie, et la naissance de notre fils n’y avait rien changé. Mais depuis 6 mois, il ne me touche plus, et prétexte un surplus de travail et de fatigue pour expliquer cette abstinence. Ne suis-je plus désirable à ses yeux ? Il dit qu’il m’aime, mais qu’il traverse une mauvaise passe, et que je dois patienter. Cela m’inquiète et me frustre…”                                    Adiba, 39 ans

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