“CE QUI M’A LE PLUS MARQUÉE, C’EST QUE LES PROVERBES QUI VÉHICULENT UNE IMAGE NÉGATIVE DES FEMMES SONT EMPLOYÉS AUTANT PAR LES HOMMES QUE PAR CELLES-CI .”
Aux yeux de la loi, nous occupons désormais la même marche du podium que les hommes. Entre nous, aucune différence autre que physiologique n’est censée subsister. Jusque-là on jubile… Mais si la nouvelle constitution marocaine nous enthousiasme sur ce point, il y a aussi ce 1er rapport de l’ONU Femmes, qui lui, nous afflige. Et pour cause, 35 % des hommes marocains avoueraient battre leur(s) femme( s) et trouver cela normal… Un chiffre sans doute en deçà de la réalité. L’égalité des sexes, on finit donc par en douter et par se demander par quel miracle elle sera appliquée dans une société profondément machiste, patriarcale et qui véhicule une culture populaire misogyne.
Le best of des proverbes marocains sur les femmes :
â– Sors (de ta maison), tu apporteras (quelque chose)… restes (dans ta maison) tu finiras par répudier ta femme…
â– Ni belle ! Ni ponctuelle !
â– Si tu la répudies… Ne lui montre pas le chemin de la maison de son père…
â– Celui qui n’a pas de fille, on ne saura pas la cause de sa mort.
â– Si tu fais du mal aux hommes, tu peux oublier… Mais avec les femmes, prépare toi toujours à la vengeance.
â– Derrière tout malheur se cache une femme.
â– La femme est une vipère ceinturée du démon.
â– La qualité du lait se mesure à la taille des mamelles de la vache, la qualité de la femme à celle de ses jambes.
â– On ligote la femme de sa langue comme on ligote l’âne de sa bride.
â– L’amour des femmes n’est que tourmente.
â– Si traîtresse que soit la mer, plus traîtresses sont les femmes.
â– Les paroles les plus douces ont moins d’effet sur les femmes que les bijoux silencieux.
â– Bats ta femme tous les matins, si tu ne sais pas pourquoi, elle le sait.
â– Mon Dieu, ne me donne que des enfants mâles et fait que mon troupeau ne produise que des femelles.
â– Le mendiant fait la manche et sa femme fait la charité.
â– Mieux vaut être volé qu’avoir une femme au foyer.
â– Ce que cuisine la femme sale, il n’y a que son mari pour le manger.
â– Ouvre tes yeux avant le mariage, mais ferme-les après.
â– Choisis pour ton fils l’origine et choisis l’homme pour ta fille.
â– Marie ton fils tant que ses yeux sont fermés.
â– La beauté d’une fleur et la chance d’une guenon.
â– Ce qui peut séparer les hommes et les frères, c’est les femmes et l’argent.
â– Une femme sans mari, c’est un nid sans oiseau.
â– Moi je construis la maison et elle la détruit.
â– Demande l’avis de la femme mais n’en tiens pas compte.
â– Les discussions des femmes sont sans intérêt.
â– La femme reste une femme même si c’est une ânesse. â–
(*) Mounia Belafia est l’auteure d’une dizaine d’études et de rapports sur l’égalité, le genre et le développement menés avec des organismes internationaux. Elle est aussi productrice, vice-présidente du conseil général de la Fédération Internationale des Journalistes, vice-secrétaire générale du Syndicat National de la Presse et auteur de deux pièces théâtrales et d’un roman.