Mon cancer n’aura pas le dernier mot

Najat, 54 ans, victime d’un cancer du sein malgré un dépistage régulier et assidu depuis dix ans, nous raconte son combat et son parcours vers un nouveau rapport à la vie.

De nature anxieuse, je suis une habituée des bilans médicaux depuis belle lurette. Je me rappelle qu’à l’âge de 45 ans, ayant mal au sein droit, j’avais arraché à ma gynécologue une ordonnance pour un dépistage du cancer du sein. Elle m’avait expliqué que ce cancer était malheureusement silencieux et qu’il se manifestait rarement par la douleur. N’empêche, j’avais obtenu cette ordonnance de mammographie que je refais tous les deux ans depuis, parfois complétée par une échographie.

Je n’oublierai jamais ce matin, cette angoisse poignante quand, en prenant ma douche, mes doigts  ont détecté des masses dans le sein gauche. Mon dernier dépistage datait de moins d’un an et sa lecture était normale, même si elle mentionnait quelques microcalcifications et kystes. Je me rappelle avoir couru chez ma gynécologue. Elle m’a tout de suite envoyée dans différents cabinets de radiologie pour une mammographie et une échographie. J’ai choisi un cabinet au hasard. Et munie de mes nombreux clichés, j’ai “subi” de nouveau cette détestable manipulation, mes seins aplatis telles des galettes sur ce support froid.

J’ai bien vu, lors de l’échographie, l’expression du radiologue changer quand il maniait la sonde. Un torrent de questions s’est déversé sur lui. Mais il a gardé un ton neutre, m’assurant que j’aurai toutes les réponses le lendemain au moment de la remise des résultats.

C’est ainsi que le lendemain, j’apprends la gravité de mon état. Je prends la nouvelle en pleine figure. Quand je pose des questions, mes interlocuteurs restent évasifs, me conseillant de prendre d’urgence rendez-vous avec mon gynécologue. Le mot “cancer” ne fut pas prononcé.

Le mot “urgence”, en revanche, résonna dans mon oreille tout le long du chemin du retour chez moi.  Je me doutais du diagnostic. Mais ne pas avoir de certitude fut une torture.

Tout s’accéléra par la suite. Les résultats de la biopsie tombèrent après une semaine d’attente. Lymphome, cancer du système lymphatique. Je fus soulagée d’apprendre que le mal avait été identifié. Je pouvais combattre l’ennemi. Curieusement, je me suis sentie très vivante. L’angoisse qui plafonnait à des seuils stratosphériques retomba.

Je démarrai les consultations en oncologie et les scanners des pieds à la tête un mois plus tard. Puis je dus subir la chimiothérapie et la radiothérapie. Les effets secondaires de la chimio étaient lourds. Parfois, au sortir de ces séances, la colère me broyait le cœur. Il y avait eu erreur d’interprétation de mes clichés. Les nombreuses calcifications et autres kystes auraient dû amener les praticiens à me prescrire des biopsies. J’aurai ainsi pu bénéficier de traitements moins invasifs et stopper les cellules tueuses.

Mon mari, furieux, avait entamé des démarches pour faire établir l’erreur de diagnostic. Il a dû se rendre à l’évidence : il serait long et coûteux de démontrer que les radiologues et les médecins n’avaient pas fait correctement leur travail. Il existe des cancers dits fulgurants qui peuvent se déclarer rapidement, entre deux dépistages réguliers normaux. En outre, mon type de lymphome était agressif et se multipliait rapidement.

Comme nous avions besoin de toute notre énergie pour faire face et continuer à nous occuper de nos enfants, nous avons abandonné l’idée du procès.

Quand on m’annonça la rémission, curieusement, mon angoisse augmenta. Il ne fallait pas que je baisse la garde. J’en voulais presque à ma famille et à mes amis de me féliciter. Je voulais garder toute ma vigilance. Rémission ne signifie pas guérison. Mon ennemi avait pour tactique de se replier pour reprendre des forces et revenir frapper plus fort.

Une effervescence s’empara de moi : je me mis à me documenter sur l’alimentation, les sports, le mode vie anti cancer. Au fur et à mesure de mes lectures, une certitude se fit jour en moi : je devais revoir mes priorités. Soigner mon alimentation, c’était bien mais me reconnecter avec mon être, rompre avec tout ce qui n’était pas essentiel pour moi, était impératif. J’ai été ahurie en m’introspectant de découvrir que j’avais passé ma vie à mettre en veilleuse mes désirs, mes besoins, m’aliénant à ceux d’autrui. Juste pour plaire. Avec mon corps cabossé par les traitements, la nécessité de m’accepter physiquement devenait une urgence. Cette quête passait par la case bien-être.  Je compris enfin la signification de la beauté intérieure. Quand j’arrivais à juguler mon anxiété, la paix intérieure reposait mes traits et mon miroir me renvoyait l’image d’une femme sereine. Mes enfants me trouvaient belle avec ma toute nouvelle coupe courte. Ainsi que les rares proches qui,  désormais, étaient là, qui m’offraient des moments de vie normale en m’emmenant redécouvrir la vie à l’extérieur, ma ville qui palpite.

J’ai fait aussi la paix avec mon âge. À l’aube de la cinquantaine, j’ai fait le deuil de certains projets. Et je n’emploie plus le conditionnel et très peu le futur. C’est le règne du “ici et maintenant”. Je ne serai probablement plus là quand mes enfants seront diplômés ou quand ma fille accouchera de mes petits-enfants. Mais je suis là pour applaudir tous leurs succès, petits et grands. Et cela comble mes attentes. J’ai déjà gagné mon combat contre le cancer même si c’est lui qui sonne le glas de mon existence. 

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