Meriem Tarîka Benachenhou L’éveil au féminin sacré

À trente-sept ans, Meriem Benachenhou se consacre pleinement à sa passion pour le yoga, après une brillante carrière d’ingénieure statisticienne aux Etats-Unis et au Canada.

eriem Tarîka Benachenhou me reçoit dans son salon tangérois baigné de soleil, tapissé de bouddhas colorés et sereins. “Je nous fais une tisane ?”, lance la sémillante jeune femme avant de filer, d’un pas félin, à la cuisine. La revoilà au bout de quelques secondes avec un paquet de plantes bigarrées et un sourire étincelant : “J’ai apporté ça le mois dernier de ma retraite méditative en Anatolie. C’est divinement bon ! Tu sens ces magnifiques parfums?” Oh que oui ! La suave odeur d’encens qui flotte dans l’appartement n’est pas mal non plus, ai-je envie de dire. Meriem se love dans son canapé patchwork. Elle ne tardera pas à croiser les jambes pour s’asseoir en lotus, parfaitement à l’aise avec son corps. “C’est le yoga qui m’a rendue femme”, sourit cette Algérienne de trente-sept ans, installée avec mari et enfants à Tanger depuis 2010.

“Dans nos sociétés, le corps est sale, honteux, quand il n’existe tout bonnement pas. Avant de découvrir le yoga, j’étais comme beaucoup d’autres jeunes femmes, pleine de tabous, de maladresse, de traumatismes.” La révélation survient au début des années 2000. “Ma curiosité m’a poussée un jour à assister à un cours de yoga donné par la maman de mon copain, celle qui allait, plus tard, devenir ma belle-mère”, raconte d’un air mutin la jeune femme qui, ce jour-là, a douloureusement pris conscience de sa “contraction”. “Je manquais terriblement de grâce, de conscience corporelle”, grimace Meriem. Pour l’apprentie yogini, c’est un chemin exaltant, inédit qui s’ouvre enfin vers la découverte d’elle-même, à mille lieues de la voie, plus classique, qu’elle avait pourtant choisi d’emprunter.

Élève studieuse, Meriem décroche son bac en 1994 en Algérie, avec mention très bien, puis s’envole pour la France où elle engrange les réussites : maths sup/maths spé, puis École Nationale de la Statistique et de l’Analyse de l’Information à Rennes. Son diplôme en poche, l’ingénieure tente l’aventure américaine. À Houston d’abord, où elle travaille dans une boîte de sondages; puis à Las Vegas, où elle intègre une PME spécialisée en communication. “J’ai aussi été serveuse et dispensé des cours de français !”, clame Meriem. Étape suivante : le Canada. “J’ai décidé de poursuivre mes études à HEC Montréal, où j’ai obtenu un master en marketing, avant d’entamer une carrière enrichissante de dix ans à Hydro-Québec.”

C’est ici, à Montréal, qu’elle fait une rencontre déterminante. “Quand le disciple est prêt, le maître apparaît”, a-t-on coutume de dire dans l’univers du yoga. J’ai rencontré Hervé Blondon alors que je cherchais ardemment à approfondir mes connaissance en la matière.” Ardemment, mais sans précipitation non plus. “Le yoga peut parfois avoir une connotation New Age, un peu sectaire, dont je me méfiais. Je ne voulais surtout pas être bombardée de discours, d’idéologies. Heureusement, mon désir de suivre un enseignement authentique, éthique, laïc a été exaucé grâce à Hervé et à l’école Satyam de Hatha Yoga.” Meriem bondit du canapé, part fouiller dans un coin de la bibliothèque, un vaste pot-pourri livresque où je décèle des recueils de poésie soufie tutoyant un large choix de romans, d’essais et bien sûr, de la littérature yogique à foison. La jeune femme est de retour, armée de deux lourds classeurs débordant de fiches détaillées sur les asanas (postures yogiques), les pranayamas (exercices respiratoires), ainsi qu’une multitude d’autres techniques de relaxation et de méditation. “C’est une formation passionnante et très rigoureuse, affirme Meriem – Tarîka, de son nom de yogini – en tournant énergiquement les feuilles. Le diplôme que j’ai reçu est reconnu par l’État canadien et certifié par la Fédération Internationale de Yoga et la Yoga Alliance américaine.”

Plus tard, la jeune femme concèdera que les diplômes et les connaissances, aussi “balaises” soient-ils, ne sont guère utiles pour s’imposer face à un groupe d’élèves. Enfin, “s’imposer” n’est pas le mot adéquat, me rétorquerait Meriem. “Avec mon petit gabarit, ça aurait pu être problématique de s’affirmer au milieu d’une classe où se côtoient retraités de soixante-dix ans et vingtenaires, commerçants et hauts cadres… Toutes sortes de personnes, en somme.” Pour la prof de yoga, au-delà de la pratique chevronnée et de l’érudition, il faut une “présence”, une “aura” qui serve de “catalyseur” d’énergies. “Je pratique un yoga très féminin, loin de la démonstration pragmatique, argumentative, plutôt masculine. C’est beaucoup plus intuitif et direct. Au lieu de chercher à démontrer quelque chose, une femme l’incarne, tout simplement.” Et en toute sobriété, même si cela pourrait en rebuter plus d’un. “Je ne suis pas directive, invasive. Je ne regarde pas beaucoup les gens, ne corrige pas frénétiquement leurs postures. Je ferme les yeux et les laisse rencontrer intimement leur corps, se découvrir, renouer avec le miracle de la vie. Une communion silencieuse des cœurs.”

Une façon d’être et de transmettre fortement inspirée de l’enseignement de la Française Nathalie Delay, sa deuxième rencontre-clé sur la route du yoga, celle qui l’a initiée à une branche méconnue : le yoga tantrique du Cachemire. “J’ai été ravie de découvrir enfin une femme maître de yoga car ça reste, hélas, très rare.”

Les droits des femmes, parlons-en. La jeune yogini trouve que certaines de ses congénères se trompent de combat. “Malheureusement, beaucoup de femmes perdent de vue leur nature, leur essence et n’osent pas revenir vers leur sagesse et leur puissance originelles. Elles adoptent souvent des valeurs masculines comme la compétition, l’action, la rationalité, que je ne dénigre pas, je les trouve extrêmement positives, mais je pense que les femmes gagneraient à renouer avec leurs propres valeurs, d’où elles peuvent tirer une puissance insoupçonnable et authentique : douceur, patience, don, partage, compassion, sensibilité, créativité.”

Perfectionniste et passionnée, Meriem Tarîka ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Depuis cinq ans, elle se dédie pleinement au yoga et enrichit régulièrement ses connaissances. La yogini a déjà obtenu les certifications nécessaires pour enseigner cette discipline aux enfants – elle donne des cours hebdomadaires à l’école Berchet de Tanger -, mais aussi aux femmes enceintes et aux personnes souffrantes ou handicapées. “Être en permanence dans sa tête, si j’ose dire, se laisser constamment submerger par son mental, ça donne un corps anesthésié, désemparé, mort. Le yoga nous permet d’habiter pleinement notre corps, de nous ramener à nous-mêmes, à ce que nous sommes réellement.”.

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