Le ministère tenu par Bassima Hakkaoui a changé d’appellation : l »Égalité » a pris la place de la « Femme », qu’en pensez-vous ?
Ce changement ne correspond tout simplement pas à nos attentes. Dans une lettre ouverte adressée à Abdelilah Benkirane puis à Saadeddine El Othmani, nous avions demandé un ministère à part, dédié exclusivement à l’égalité entre les genres. Le ministère actuel va de nouveau travailler sur plusieurs volets : la famille, la solidarité, le développement social et maintenant l’égalité. Comment voulez-vous qu’en ayant plusieurs casquettes, ce ministère soit efficace sur la question de l’égalité durant un mandat ? L’égalité n’aura pas la primauté et cela ne va pas du tout aider à résoudre tous les problèmes autour des disparités entre les hommes et les femmes.
Pour vous, que se cache-t-il derrière le mot « Égalité » ?
C’est ça la question. Pour l’instant, on ne sait pas. Parle-t-on d’égalité entre les hommes et les femmes ? Ou cela englobe-t-il l’égalité de façon beaucoup plus large c’est-à-dire l’égalité au niveau territorial par exemple ou encore est-ce que cela va également toucher le handicap ? Cette ambiguïté nous inquiète car nous ne connaissons pas encore les orientations de ce ministère. Nous n’avons pas encore sous les yeux la stratégie 2017-2022 qu’il mettra en œuvre. Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de débat là-dessus. Elle est attendue dans un mois environ.
Quels sont les gros dossiers à venir ?
La mise en œuvre de toutes les orientations qui répondent à la Constitution de 2011, mais aussi la création de la Haute autorité de la parité et de la lutte contre la discrimination. Autre sujet : la loi contre les violences faites aux femmes. Il faut qu’elle réponde aux standards internationaux. Le Maroc a levé des réserves sur plusieurs articles de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Il faut désormais qu’il y ait une levée totale de ces réserves. Il ne faut pas oublier le dossier sur l’accès des femmes aux postes de décision au niveau administratif comme politique.
Beaucoup de dossiers pour un ministère aux multiples facettes…
Oui… A la découverte de l’appellation du ministère, nous, féministes, avons été très déçues, car les dossiers sur la lutte contre les discriminations envers les femmes et donc pour l’égalité stagnent. En ne dédiant pas cette question a un ministère spécifique, le message est fort. Il n’y aura pas de volonté politique d’accélérer les mécanismes pour combattre toutes ces inégalités qui touchent les femmes.