Prenons les trottoirs du Royaume…
Quel est le malade mental qui a construit ces Everest du quotidien ? Est-ce un militant activiste du camp adverse qui lutte pour la disparition de la mère au foyer ? Un ogre qui avait des enfants de 2 mètres 25 ? Il suffit que je sorte de ma maison pour titiller la motricité de ma petite famille… et la mienne par la même occasion ! Pourquoi aller payer un club de gym, quand il suffit de se promener dehors ? Plus besoin de pratiquer la Zumba sur son jeu électronique préféré pour avoir des biceps en béton et des fesses en acier ! Mais veut-on des fesses en acier pour nos enfants ? Certains trottoirs de Casablanca peuvent atteindre 40 cm… 40 cm face à ma Petite Activiste de 80 cm. Un homme d’1 mètre 80 devrait alors escalader un trottoir de 90 cm en respectant ces proportions. J’ai donc réuni un groupe de réflexion de copines mamans à la maison pour une séance d’urbanisme. Que veulent-elles ? Elles veulent un monde adapté à la poussette et aux petits petons de nos petits piétons. Un monde où les voitures ne règneraient plus en maîtresses. Un monde vert où le parc Yasmine ne serait plus un nid à tétanos, mais un vrai lieu de détente entretenu pour nos piouspious et nous. Un monde dans lequel il y aurait des toilettes pour tous… tant qu’à rêver, rêvons propre ! Mes copines activistes réclament à corps, à cris et à morve au bout du nez, que les architectes profitent de la venue du tramway pour réaménager les villes en pensant aux oubliés du plan de construction de l’espace commun. La branche extrémiste radicale de mon organisation ose même imaginer – insatiable – des lieux dans lesquels elles pourraient allaiter et changer leurs bébés en toute quiétude. Les folles. Ces radicales de la libre maternité n’hésitent pas à proposer des modes de garde à l’intérieur des lieux publics et des supermarchés, mettant ainsi fin aux fameux sièges des caddies pour enfants chapardeurs de produits insolites à glisser dans les courses de Môman pour lui faire une bonne blague à la caisse… A écouter ces femmes débattre de leurs envies de refaire la déco extérieure, je me rends compte que l’Homme a pensé la ville pour les personnes qui gagnent un salaire qu’ils dépenseront pour faire gagner à d’autres ce même salaire, faisant ainsi fonctionner l’économie. Tout s’organise pour que le travailleur puisse se mouvoir rapidement. Je ne suis pas considérée comme faisant partie de la masse salariale. Je ne produis “que” des humains et ça ne se vend pas, les humains. Normalement. En construisant des villes qui excluent les femmes avec enfants, nous leur signifions violemment qu’elles ne font pas partie de la société. Que doit-on alors faire de la plus grande partie de la population ? Madame Maman l’Activiste propose qu’on les parque dans des villes aménagées pour elles et qu’on n’en parle plus !.