A près avoir pleuré sur mon sort de mère au foyer sans le sou, après avoir pillé le compte de Monsieur Papa en hurlant ma haine à ce monde machiste qui ne se soucie pas du sort de celles qui l’enfante, après avoir épargné le plus possible pour mes filles et vidé leur compte épargne pour l’absolue nécessité d’acheter un moyen de locomotion familial et un rouge à lèvres rouge couture de chez YSL qui irait avec ma robe signée… Bref, après avoir fait le tour de la question du nerf de la guerre, j’ai décidé, en ma qualité d’adulte (à peu près) responsable, (à peu près) autonome et munie de l’ambition qui fait dire que mes dents rayent le parquet, d’aller gagner ma vie moi même, mes gosses sous le bras, voire dans mon bidon tout rond. Petite Activiste installée dans mes entrailles, j’avais pris conscience de l’importance du rôle de mère pour moi et commencé à réfléchir à un projet personnel qui me permettrait de rester outrageusement collée à mes enfants, dans une relation fusionnelle qui fait peur aux pédopsychiatres, et abreuve les amateurs du Freudisme… (Freud si tu m’entends, je ne t’aime pas moi non plus, mais je ne théorise pas là-dessus et je n’en fais pas tout un tajine !) Le projet a grandi tranquillement, au rythme de mes disponibilités, de mon temps, de la confiance que j’avais en moi aussi. Tantôt au top de mes espérances, je m’y lançais corps, âme et tête baissée… Parfois au 36ème dessous, je l’enterrais, le piétinais, le tailladais en récitant “Les Fleurs du mal” de Charles Baudelaire sur des chansons gothiques en position fœtale dans ma baignoire… Clopin-clopant, nous voilà à la phase concrète de lancement de ma holding pour mamans… La pression monte ! Tout cela n’était donc pas qu’un jeu fantasmé ? Il faut que je me lance alors ?! Fichtre ! Taxes, fournisseurs, impôts, clientes, distribution, communication, marge ! A moi les joies de l’entreprenariat ! Chouette. Mais gourgandine que je suis, il a fallu que je m’adapte aux relations tarifées… Et quand on est habituée à être payée en bisous, en premier mot ou mieux, en premier caca dans le pot, c’est violent ! Le monde des affaires, même conjugué à la maternité, reste un secteur ultra-concurrentiel où on ne se fait pas de cadeaux, mais seulement des chèques ou des virements bancaires… A la limite peut-on obtenir une petite promotion sur l’excès de stock. Après m’être un tantinet aigrie au début (un peu vers le milieu aussi, oui, c’est vrai), et après avoir écrit une chronique “Madame Maman l’Activiste va tout brûler” remplie de haine et de gros mots, censurée illico presto par Monsieur Papa, choqué, j’ai repris du poil de la bête et sorti mon plus beau sourire sous mon rouge à lèvres couture (qui va avec la robe…). C’est ainsi que j’ai découvert ceci : c’est fou ce que l’on pardonne à une pauvre môman “brushinguée”, talonnée et parfumée, accompagnée en prime par deux adoooorables fillettes qui vont adorablement dévaster le magasin si on ne les sert pas en priorité. Dans ce monde de l’image, il est stupéfiant de remarquer qu’effectivement, malheureusement, on ne prête qu’aux riches… Ou à celles qui le font si bien croire sous leur rouge couture et leur robe signée qu’on leur donnerait le bon Dieu sans provision. Madame Maman l’Activiste a décidé de s’adapter pour vaincre et jouera désormais le jeu social tel qu’il est édicté par… Par qui au fait ? Quel est le grand malade qui a décidé qu’un jour pour… Oups. Pardon. Madame Maman l’Activiste est incorrigible. Mais avec la robe signée, ça passe. â–