Je veux tout et son contraire
De toute évidence, Célibattante est une femme émancipée, moderne, ouverte d’esprit et fonceuse dans la vie ; mais aussi… midinette, fleur bleue, et orchidée sous Cellophane qu’il ne faut pas froisser. Aïe ! Allez faire comprendre cela à une grande brute d’étalon tendre qui se retrouve souvent désarçonné par des exigences féminines contradictoires ! Ainsi, du haut de son mètre soixante (talons compris), la mam’zelle a du tempérament et des affiliations syndicales solides. En conséquence de quoi, elle joue à fond son rôle de partenaire social et milite activement pour l’égalité hommes-femmes. Problème : elle considère aussi que ne pas se faire payer systématiquement ses sorties par son chéri relève du crime de lèse-majesté ! Par ailleurs, dans le discours, elle encense en continu un fonctionnement moderne de relation ; mais dans les faits, elle risque de se révéler mortellement jalouse s’il prend au quidam de déjeuner ne serait-ce qu’avec une collègue de bureau. Enfin, son homme devrait tout partager avec elle, y compris les matchs de Ligue des Champions (exit ses potes sangsues !). Par contre, pas de négociation possible sur le fait qu’elle sacrifie, elle, son dimanche après-midi à tenir compagnie à sa génitrice collante. Ses attentes par rapport à l’énergumène du troisième type ? Il doit la porter, la conseiller et l’aimer dans le même bermuda, tout en la laissant vivre à sa guise ! En définitive, à force de vivre pour soi, on attrape quelquefois des insolations de solitude…
et les télescopages entre ce qu’on voudrait être, ce qu’on est vraiment, et ce que lui est censé être pour nous contenter n’en finissent pas de brouiller les ondes. Sans compter que les références multiples de couples qui gravitent autour n’arrangent pas vraiment les choses. Le meilleur du duo tradi et la quintessence des unions modernes : chère Célibattante, en toute logique, on ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre !
Positiver sa solitude
Depuis qu’elle a crevé un pneu de voiture et que l’homme de sa vie (sans doute toujours coincé dans un embouteillage !) n’a pas débarqué pour la secourir, Célibattante ressasse sans arrêt les avantages pratiques de lavie de couple par rapport aux incompétences du célibat au féminin. Hum… et si on renversait la vapeur en partant investir courageusement ces territoires où les hommes nous génèrent des faux besoins de leur présence ? Clairement, le but n’est pas de se passer définitivement de nos précieuses moitiés, mais de parvenir à faire muer sa solitude névrosée en un way of life plus efficace et mieux dans ses baskets. Donc, comme une grande :
â– on prend des cours d’aïkido pour que, marchant dans une ruelle sombre, l’on puisse terrasser un agresseur éventuel avec une prise tortueuse, assortie d’un hurlement sanglant !
â– on adopte un toutou pour les promenades, de cette race fidèle qui ne va jamais voir ailleurs (hein !) après trois ans de marque immuable decroquettes !
â– on s’offre, avec sa prime de fin d’année, ce pendentif en coeur qui nous rappelle au moins une chose : on n’est jamais mieux aimée que par soi-même !
â– on devient une adepte du tantrisme et des forfaits massage qui font office, pour l’heure, de corps-à-corps et de peau vibrant sous les caresses et les contacts…
â– on apprend à changer une ampoule (sans terminer comme Cloclo !) et on fait, dans la foulée, un stage chez Afriquia pour maîtriser quelques rudiments de mécanique (bougies, cardan, moteur et tutti quanti).
â– on va congeler ses ovocytes à trente ans pour préserver sa fécondité à quarante, et faire un sort à son horloge biologique !
â– on voyage en couple avec son meilleur ami et on le laisse nous ouvrir galamment la portière du taxi.