« C’est une perte cruelle pas pour sa famille uniquement, mais pour tout un pays qu’il a tant aimé et servi sans bornes », a affirmé à la MAP, la voix encore tremblotante d’émotions, son fils aîné Houssa Achibane.
Aussitôt l’annonce de son décès confirmée, l’information a très vite fait le tour des rédactions et enflammé au passage les réseaux sociaux, donnant par la même toute sa mesure à la stature d’un homme qui a bercé l’imaginaire de générations entières de ses compatriotes et bien au-delà.
Hommes politiques, artistes, comédiens, journalistes, cadres supérieurs, académiciens, acteurs associatifs ou citoyens lambda, tout le monde se remémore l’image d’un homme svelte qui, constamment en burnous, traversait la scène d’un pas léger, malgré le poids de l’âge, comme flottant sur un nuage.
Beaucoup se rappelleront pour longtemps encore comment cette figure si familière et si attachante a rayonné de toute sa splendeur, des années durant, sur les chaines de TV avec ses bonds et pirouettes, ses mouvements agiles et calculés, ses gestes fins et élégants, son visage angélique ceinturé d’une barbe clairsemée et ses yeux gais et enjoués d’un enfant avide de croquer la vie à pleines dents.
Le défunt a entamé sa carrière artistique dès 1950 au cours de laquelle il a trôné sans partage, pendant plus de 60 ans, à la tête d’Ahidous du Moyen-Atlas, un art auquel il a imprimé beaucoup de verve et de passion.
A bien des égards, avec sa disparition, c’est un monument de l’art et de la culture amazighe authentique qui s’éteint, après avoir mis en orbite, en compagnie d’une troupe composée de 21 artistes, une danse folklorique locale pour lui conférer une dimension internationale.
« L’Aigle », un surnom qu’il doit à une de ses danses, a en effet plané plus haut et plus loin, au gré de pas moins de 150 participations à des rencontres et festivals nationaux et internationaux, notamment au Festival des arts populaires de Marrakech et au Festival de Fès des musiques sacrées du monde, émaillées d’escales toujours honorables en Afrique, en Europe et aux Etats-Unis.
D’ailleurs, le surnom du « Maestro » lui a été attribué par l’ancien président américain Ronald Reagan qui fut émerveillé par sa performance lors d’une tournée à Walt Disney en 1984.
Récipiendaire de plusieurs distinctions et prix nationaux et internationaux qui lui ont été remis par des personnalités mondiales de renom, Moha Oulhouceine Achibane est père de six enfants (4 filles et 2 garçons) et grand-père d’une ribambelle d’arrières petites et petits-fils.
Les obsèques du défunt auront lieu, vendredi après la prière d’Al Asr, au cimetière du village qui l’a vu naître et grandir, puis mourir, après avoir laissé à la postérité une impressionnante fresque de tableaux, de chants, de danses et de spectacles.