L’art pour tous !

L'art comme vecteur de développement éducatif, socio-économique, culturel et humain... C'est le pari, pas si fou que ça, réalisé haut la main par Mounia Benchekroun et son association Kane Ya Makane.

De la finance à l’associatif
Un sourire irrésistible aux lèvres, un visage expressif, des yeux qui pétillent, un coeur énorme… Mounia Benchekroun.
Après des études de Gestion à Paris, la jeune femme revient au Maroc pour y occuper de hautes responsabilités dans le secteur bancaire. Un job qui lui permet de faire ses armes, de se constituer un solide réseau et de se forger entre autres à la gestion de projet. Mais, alors que sa carrière est en pleine ascension, Mounia décroche. Son coeur est en train de l’emporter sur sa raison. Arrivée à la croisée des chemins, elle remet toute sa vie en question. Poursuivre sur la même voie et faire un travail qui ne la passionne pas, qui ne la fait plus vibrer ou tenter le tout pour le tout et se lancer dans une nouvelle aventure ? C’est ce deuxième chemin que Mounia décide de suivre et c’est au sein de la Fondation Zakoura Education, alors présidée par Nourredine Ayouch, qu’elle découvre le monde associatif et une
réalité qui lui était jusqu’alors étrangère. Très vite, elle prend la direction de la Fondation et très vite aussi, son nouveau job devient une drogue dure dont elle ne peut plus se passer. Le Maroc, comme beaucoup de Marocains, elle n’en connaissait qu’une petite partie… La partie visible de l’iceberg, celle qui donne à voir une image bien lisse de notre réalité. Avec Zakoura Education, elle découvre l’envers du décor : l’analphabétisme, la déscolarisation, la misère humaine, l’injustice, les inégalités…

Sans l’ombre d’une hésitation, elle épouse cette nouvelle cause et renoue avec ce à quoi elle aspirait inconsciemment: aider les autres.

“CES FEMMES DONT LA VIE SE RÉSUMAIT
AU DUR LABEUR DÉCOUVRENT L’UNIVERS
INSOUPÇONNÉ DE LEUR IMAGINATION.”

Premiers pas dans l’associatif Après plusieurs années passées à la tête de Zakoura Education, durant lesquelles la jeune femme créée et déploie nombre de programmes d’alphabétisation, de soutien scolaire, de formations professionnelles au profit des femmes et des enfants, un projet prend forme: faire découvrir
la culture et l’art aux bénéficiaires. Chose faite avec des ateliers de dessins, de peinture, de contes, de proverbes, de chant, de théâtre qui éveillent femmes et enfants au monde artistique tout en dénotant de la ferme volonté de préserver le patrimoine marocain et particulièrement la tradition orale dont les
femmes sont les principaux vecteurs dans les régions reculées du Maroc. Ces projets artistiques remportent un franc succès auprès des populations locales et prouvent aux plus sceptiques qu’il est

possible de réconcilier les enfants avec l’école en les initiant à la culture, qu’il est possible d’enseigner d’une autre manière, en privilégiant le ludique, la création et en laissant libre cours à l’imagination
ô combien débordante des enfants mais aussi des femmes. Arrachés à leur ignorance, à leur monde sans mots, ils s’éveillent à la vie sur les planches d’un théâtre ou en donnant libre cours à leurs émotions sur une toile…

Mounia Benchekroun en est désormais certaine: la place de la culture et de l’art est fondamentale dans l’éducation. Elle décide alors de concrétiser son rêve, de créer sa propre association, Kane Ya Makane… Mais au-delà du rêve, il y a un défi. Celui de redonner à l’art et à la culture la place qui leur revient, de les valoriser et d’y initier les populations rurales. Première étape de ce projet de longue haleine, le douar berbérophone Alma, village enclavé situé sur les hauteurs de la région d’Agadir. Un groupe de femmes vient justement de terminer un programme d’alphabétisation qui leur a été dispensé par Zakoura Education.
Dans le cadre d’un projet nommé “Talent de Femmes”, l’association Kane Ya Makane organise dès 2009, pour ces femmes, des ateliers artistiques animés par des artistes reconnus afin de les initier à l’art et à la calligraphie. Très vite, les participantes font preuve d’une curiosité sans limites et d’une extraordinaire
soif d’apprendre. Elles dont la vie était rythmée par leurs activités domestiques et agricoles, elles dont la vie se résumait au dur labeur, découvrent un univers incroyable qu’elles ne soupçonnaient pas, celui de leur imagination.
“L’art est capable de transformer les êtres humains, de faire éclore ce qu’il y a de meilleur en eux, de leur donner la dose de confiance nécessaire à la connaissance de soi et à l’ouverture sur l’autre et de favoriser
leur développement dans les domaines de la vie”, explique Mounia. Enthousiasmées par ce beau projet
qui leur a donné des ailes et les a éveillées à la vie, les bénéficiaires de ces ateliers artistiques créent leur propre coopérative qu’elles nomment “Talaït”, mot berbère qui signifie “grappe” en français. Ainsi réunies, elles sont décidées à tirer profit de leur talent. Elles peuvent désormais s’épanouir sur le plan personnel tout en gagnant leur vie.

“J’ai commencé à étudier, j’ai appris à lire et à écrire puis on nous a proposé de participer à des ateliers artistiques. J’ai toujours beaucoup aimé le dessin et, petite, je me souviens que je dessinais énormément,
nous raconte Fadma, jeune femme célibataire de 29 ans. J’ai eu cette opportunité de pouvoir redessiner, maintenant que je suis adulte, et j’ai sauté sur cette occasion. Les gens ont d’abord été très surpris par ces ateliers. Ils nous ont dit que nous faisions n’importe quoi, ils ne comprenaient pas à quoi allaient bien pouvoir nous servir ces dessins. Et puis, quand nous leur avons dit qu’une exposition allait être organisée, ils ont été encore plus surpris.” Il était une fois Talaït…
C’est ainsi que se nomme l’exposition qui s’est déroulée à la galerie Nadar de Casablanca du 8 au 11 juin dernier et qui a regroupé les oeuvres d’une dizaine de ces femmes artistes. Le soir du vernissage, un monde fou se bouscule dans l’espace de la galerie. Elles, serrées les unes contre les autres, ne se quittant pas d’une semelle, regardent l’air étonné, tous ces gens qui semblent tant apprécier leurs peintures. Elles se chuchotent des mots à l’oreille, rient joyeusement comme des jeunes filles et semblent un peu perdues
dans tout ce brouhaha. “Dessiner, j’adore ça ! Ça me repose et je me sens apaisée quand je dessine. Mon mari aime beaucoup ce que je fais et il me soutient et m’encourage. En voyant tous ces gens assister au vernissage, je suis sentie heureuse et comblée”, nous confie Halima, jeune femme de 30 ans, mariée
et maman de 2 enfants. L’exposition est un succès et la quasi-totalité des oeuvres est vendue. Un peu plus de la moitié des recettes de la vente de leurs oeuvres leur est reversée, une autre partie de cet argent alimente une caisse de solidarité constituée par ces femmes afin de faire face aux problèmes que pourrait rencontrer leur communauté et leur permet également de créer et de mener à bien un projet de
développement de leur douar.

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