Oui, j’avoue…
Pour Aïda, 34 ans, le manque de confiance envers son compagnon a atteint son paroxysme au moment où il lui a avoué qu’il avait dérapé un soir, dans un moment de déraison où il a perdu tout contrôle, disait-il. “C’était très difficile pour moi de lui pardonner son adultère, mais j’étais très amoureuse. Après mûre réflexion, j’ai accepté de lui donner une deuxième chance. J’étais persuadée que le temps ferait son œuvre et que nous arriverions à dépasser cette épreuve. Au début, je prenais un malin plaisir à jeter un œil sur ses SMS.
à mesure que le temps passait, j’avais besoin d’en savoir davantage. J’ai fini par acheter un keylogger sur Internet et je l’ai installé sur son ordinateur. Ce genre de logiciels enregistre tout ce que l’on saisit et fait des captures d’écran sans qu’on s’en rende compte. J’ai récupéré tous ses mots de passe et fouillé ses mails, son profil Facebook… Mais je n’ai rien trouvé de suspect. J’ai continué pendant plusieurs mois, je ne pouvais plus m’arrêter, c’était comme une drogue.”
Gadgets high-tech : les must have
GPS, applis, logiciels espions (Spy Bubble, Mobile Spy, Mspy…), outils de la vie courante détournés à l’occasion d’une discrète filature (caméra, magnétophone)…, ces petits bijoux gratuits ou payants coûtent en moyenne entre 0 et 5.000 DH. Pas besoin d’avoir fait un stage à la CIA ou d’être un expert en la matière pour accéder à une messagerie vocale, un compte Facebook, procéder à une géolocalisation ou enregistrer une conversation.
Trucs et astuces des femmes fliquées
Au nom de l’amour qu’elles ont pour leur suspecte moitié, certaines ont trouvé la parade : contourner l’intrusion en trouvant des moyens pour repérer ces gadgets installés à leur insu, restaurer leur téléphone ou encore utiliser un antivirus font partie de ces méthodes de protection de la vie privée.
Toutefois, la meilleure technique pour piéger un conjoint trop curieux reste d’être attentif à ce qu’il dit, nous confie Salima : “Je l’écoutais beaucoup, lui posait des questions insidieuses souvent noyées dans des conversations de la vie de tous les jours. Il finissait souvent par lâcher une information qu’il était censé ignorer. Il m’arrivait aussi de mentir et de surveiller sa réaction. J’espionnais l’espion, en quelque sorte !”
Pour Ghita, 33 ans, la riposte a été très rapide quand elle a appris que son mari l’espionnait depuis plusieurs mois : “Quand j’ai su que mon époux m’avais mise sur écoute, influencé par son meilleur ami qui avait été trompé par sa femme et qui le sommait d’être plus vigilant, ma réaction n’a pas tardé à se faire sentir. J’ai utilisé un vieux téléphone et une carte prépayée, créé des comptes mails clandestins que je consultais d’un ordinateur que je savais hors surveillance, au travail ou chez une copine”.
Les conseils du psy Ali Seghrouchni, psychologue clinicien En tant que moteur de cette surveillance, la jalousie ne saurait être dissociée du manque de communication et de confiance en l’autre. Or, les réseaux sociaux tendent, paradoxalement, à réduire la communication et apportent la preuve objective des déplacements ou des conversations des personnes. Ajoutons à cela qu’ils viennent parfois asseoir un rôle d’officialisation d’un couple par le biais du “statut conjugal”. Celui-ci peut devenir motif de jalousie et d’interrogations : “Pourquoi te désignes-tu comme célibataire alors que nous sommes en couple ?” Ces angoisses rendent les sujets prisonniers de scénarios imaginaires dont, en définitive, ils ne finiront pas par se défaire et où “la preuve objective” vient comme objet rassurant et de douleur. On retient souvent du philosophe Friedrich Nietzsche la citation suivante : “Ce n’est pas le doute qui rend fou, mais la certitude”. Avant d’élaborer ces scénarios, de commencer une surveillance, ne vaut-il pas mieux favoriser la communication, parler de ses craintes ? Non pas qu’il faudrait être dans un doute permanent, mais au moins tenter de se dégager d’une certitude angoissante. |