Qu’est-ce qui vous a donné envie de fonder ce groupe ?
En tant que femme, j’ai eu envie de dire au monde entier que la mère a besoin d’un intérêt particulier. On parle beaucoup des droits de la femme, mais il est temps de parler des droits de la maman car leurs statuts sont différents. Avant d’être mère, j’ai pu vivre des moments de bonheur, d’équilibre, et quand j’ai eu mes enfants, ce statut-là ne me parlait pas. Je ne me suis pas reconnue, je ne me suis pas retrouvée… J’étais maman instinctivement, j’adorais mes enfants, mais j’étais perdue, je me sentais seule dans ma maternité alors que pourtant j’étais très entourée. Disons qu’à cette période, j’ai touché le fond. Le déséquilibre prend rendez-vous avec nous à un moment donné de notre vie et moi, ce déséquilibre, je l’ai rencontré à ce moment-là, quand je suis devenue maman. Je me suis faite coacher car je savais que le problème ne venait pas de mon enfance, de problèmes particuliers, mais de moi, de mon environnement que je n’arrivais plus à gérer. Grâce au coaching, j’ai compris beaucoup de choses, j’ai retrouvé mon essence, j’ai continué de vivre ma vie en tant que femme et pas seulement en tant que maman. Le coach nous a demandé de réfléchir à une mission de vie et ça m’est venu comme une illumination : “Maman plurielles”, pour soutenir les mamans actives.
Du temps où vous n’étiez pas encore maman, étiez-vous déjà une femme engagée ?
Oui, j’ai toujours eu cette envie de militer parce que je suis une femme qui a beaucoup voyagé, dans le monde et surtout au Maroc. Je suis une randonneuse et j’ai plusieurs milliers de kilomètres sous les pieds. J’ai sillonné le Maroc du nord au sud et d’est en ouest, seule, en groupe ou avec mon mari. A chaque fois, une chose m’interpellait : la condition des femmes au Maroc. Dans les champs, qui rencontre-t-on ? Les femmes. Le long des chemins ? Les femmes. Dans les cuisines ? Les femmes.
Partout, je voyais des femmes. En leur parlant, j’ai mesuré la chance que j’ai eu de grandir dans ma famille, d’étudier, d’avoir des diplômes, de travailler, d’exprimer ce que je veux, de me ressourcer dans la nature… J’aurais pu être à leur place, et Dieu sait combien elles aimeraient être à la mienne ! Je me suis dit qu’il y avait beaucoup de choses à changer.
Vous reconnaissez-vous dans les revendications des associations féministes ?
Il est certain qu’elles ont fait un travail énorme et fantastique, notamment au niveau de la Moudawana. Mais il faut d’autres énergies, d’autres idées pour s’adapter à l’évolution de la société.
“IL FAUT CRÉER UNE CONTINUITÉ AVEC LE COMBAT QU’ONT MENÉ LES FÉMINISTES.”